Un sursaut à faire fructifier

le 21 juin 2017

L’abstention massive et historique s’apparente à une véritable « grève » des urnes. Elle n’est pas que silence ou indifférence mais un cri d’insatisfaction et de défiance, surtout de la part des couches les plus populaires. Elle ne cesse de progresser depuis les modifications constitutionnelles qui ont réduit la durée du mandat présidentiel tout en lui donnant le primat sur le Parlement, notamment grâce à l’inversion du calendrier électoral.

L’usure permanente de nos institutions et la lassitude de nos concitoyens qui l’accompagne se poursuivent.  Seront-ils entendus au-delà d’une soirée électorale ? La répétition du scénario permet d’en douter si la question ne devient pas un grand sujet de mobilisation populaire. Il s’agirait de faire éclore un véritable projet d’institutions républicaines, respectueuses de la juste représentation des sensibilités politiques qui traversent le pays et d’une aspiration grandissante des citoyens à maîtriser leur destin. Autant d’éléments de nature à redonner un sens au mot « démocratie » et, indissociablement, à des transformations sociales qui soient l’œuvre de celles et ceux qui, au premier chef, sont victimes de l’exploitation capitaliste et des multiples dominations et discriminations qu’elle sécrète par tous ses pores. Sans contester les résultats, il faudra convenir que la puissance de l’abstention jette un doute sur la représentativité de la majorité parlementaire et surtout sur l’approbation du programme du Président de la République qui, lui-même, n’avait recueilli qu’à peine le quart des électrices et électeurs au premier tour des élections présidentielles.

Dans cette ambiance de déconfiture démocratique et malgré une confortable majorité, le raz-de-marée annoncé pour le parti présidentiel n’est pas celui tambouriné tout au long de la semaine dernière. Nul doute que le regain d’abstention a d’abord frappé la « République En Marche ». Nombre d’électeurs ont semble-t-il jugé qu’une majorité absolue ne devait pas être synonyme de pouvoir absolu, d’autant plus que les aspects les plus nocifs du programme du Président sont rejetés par une majorité de nos concitoyens.

L’électorat de la gauche de transformation a eu le comportement unitaire qu’il attend de ses responsables. Partout, il a porté unanimement ses suffrages sur le candidat en lice présent au second tour dans sa circonscription, qu’il soit communiste, « insoumis », ou se réclamant des deux et d’autres forces encore, témoignant d’une volonté farouche de faire vivre un pôle de résistance sociale et démocratique dans l’hémicycle quelque soient les appartenances partisanes. C’est un signal fort pour le présent et l’avenir, au moment où se déploie l’offensive présidentielle et gouvernementale.

Pour autant, et en toute lucidité, les forces de gauche restent minoritaires comme rarement elles l’ont été au sein du Parlement. Le Président y dispose, au-delà des seuls élus de son parti, d’une importante marge de manœuvre pour mettre en place son projet de libéralisation de l’économie et de la société. Il est quasi-certain que la droite, même divisée, pèsera de son poids relatif mais réel pour toujours faire pencher la balance gouvernementale du côté des intérêts capitalistes les plus étroits.

Il importe donc de réaliser au Parlement, à l’image de ce qu’ont voulu les électeurs, l’union des voix humanistes et progressistes pour relayer les luttes sociales et aider à la mise en mouvement les milieux populaires, pour mettre en débat des propositions nouvelles pour le monde du travail, les créateurs, la jeunesse et l’avenir de la planète. Personne ne comprendrait que soit freinée ou amoindrie dans les semaines qui viennent la portée du vote de résistance qui s’est exprimée dimanche dans de nombreuses circonscriptions. Résistances qui ne manqueront pas de se manifester contre les ordonnances pour casser le droit du travail, contre une réforme de l’impôt sur la fortune et de la fiscalité au profit des spéculateurs, ou encore pour maintenir et renforcer la démocratie locale et les services publics de proximité face au rouleau compresseur libéral. Ces résistances méritent des relais unis et déterminés. Elles seront d’ailleurs d’autant  plus efficaces qu’elles se montreront capables d’avancer des propositions audacieuses notamment sur les enjeux du travail, mais aussi la démocratie ou la refondation de la construction européenne ou la transformation de l’actuelle mondialisation en solidarité internationaliste.

La France insoumise comme le Parti Communiste ont gagné de nouveaux sièges. Cela constituera un point d’appui solide. Mais il faudra avoir conscience que le chemin est encore long et le travail important pour porter dans la diversité des courants qui l’anime une nouvelle gauche démocratique et écologique à vocation majoritaire. Elle ne peut être le résultat que d’un travail en commun, respectueux, fraternel et unitaire. Elle ne peut prendre que le chemin nouveau d’un mouvement des « communs ». Ce chantier doit s’ouvrir, non pas en vase clôt, mais avec toutes celles et ceux qui continuent de rechercher les voies et les moyens d’un processus progressiste et écologiste original associant le plus grand nombre votants ou abstentionnistes. C’est la voie du sursaut possible.


5 commentaires


Thouet martine 25 juin 2017 à 9 h 28 min

Bonjour Patrick.
Mon principal commentaire est que l’abstention s’adresse aussi à nous .Et si nous avions fait notre travail de rassemblement inconditionnel autour de notre représentant à la Présidentielle JLM nous aurions forcément reçu des votes qui nous auraient conduits à construire un vrai mouvement de la gauche constructive.
Je suis adhérente et militante communiste depuis toujours plus une adhérente et militante insoumise depuis 2012.je réussis très bien cette combinaison. Alors arrêtez vos beaux discous et mette vous enfin au travail toi avec nous la base qui sommes prêts à la construction solide avec nos camarades insoumis.
Exemple 4ème circonscription de maine et loire Pagano se présente et fait 2 pour cent contre plus de 11 pour cent pour la candidate insoumis.
De l’ordre et de la méthode et je peu de modestie.
Les insoumis nous ont montré le chemin,soyez modestes si vous voulez survivre
Monsieur Chasse-neige est respectable mais il doit passer la main.
Nous vous invitons et nous vous attendons pour débattre au lenincafe.Seul musée en Europe qui présente l’histoire et la vraie Russie de lenin.
Martine Thouet
Expert finances publiques
Presidente association du lenincafe.
5789 adhérents.

BOUDET Pierre 25 juin 2017 à 14 h 38 min

La mort et le néant ne souhaitent pas faire la courte échelle à celui qui veut nous détruire, notre erreur stratégique , {si cela était une erreur} et non un choix harakiriesque a été de ne pas présenter notre programme porté par un candidat aussi légitime qu’André CHASSAIGNE, le député le plus actif de l’assemblée nationale

alain harrison 27 juin 2017 à 23 h 02 min

Bonjour.

M. le Hyaric dit:
«« Elle ne peut être le résultat que d’un travail en commun, respectueux, fraternel et unitaire. Elle ne peut prendre que le chemin nouveau d’un mouvement des « communs ». Ce chantier doit s’ouvrir, non pas en vase clôt…..»»

Thouet martine dit:
«« Alors arrêtez vos beaux discous et mette vous enfin au travail toi avec nous la base qui sommes prêts à la construction solide avec nos camarades insoumis……
Les insoumis nous ont montré le chemin,soyez modestes si vous voulez survivre
Monsieur Chasse-neige est respectable mais il doit passer la main……
nous vous attendons pour débattre au lenincafe »»

BOUDET Pierre dit:
«« présenter notre programme porté par un candidat aussi légitime qu’André CHASSAIGNE, le député le plus actif de l’assemblée nationale »» PCF

Bien, le combat entre la FI (initiative nouvelle) et le PCF (un routier qui connaît le tabac de la politique), et encore le PRCF. la PARDEM , le nouveau parti anti-capitaliste et les autres ne sont pas dans le dé-débat.

La gauche monolithique (tous ses recules idéologiques et divisions, ses abdications et son incapacité de s’adapter idéologiquement) se refuse de voir les innovations qui feraient qu’au lieu de rester dans la réaction, elle agirait.
La gauche n’a développé rien de significatif sur le plan économique. Le patronat, grand et petit, règne dans le monde du travail, et les syndicats existants en sont les gardiens.

Ce que la gauche a à faire dans ce gouvernement (un véritable coup d’état, mais légal, du patronat….à qui la faute ? À la conscience), c’est de proposer des solutions, rester en mode actif, proposer et proposer les solutions, les expliqués, les montrés , les démontrés..et les répétés….¸ être sur son terrain et non sur la défensive et répondre en réaction aux partis de la droite.

Pour contrer les points du projet anti-travail, présenter les points alternatifs en lien avec les solutions de l’alternative.

alain harrison 28 juin 2017 à 0 h 33 min

Bonjour.

L’Amérique latine a des choses à nous dire. Il faudrait peut-être l’écouté !

Maduro répond à la Violence libérales du profit fasciste. La Constituante de la dernière chance pour la droite “fasciste” ?

Est-ce que le nazisme du XXie siècle se prépare en UE ?!

L’Allemagne se réarme et Marckel l’a dit, elle va intervenir partout où ses intérêts sont en jeux.
Sûrement qu’elle aura une oreille attentive des US-Trump.
Car la défense de ses intérêts annoncés et prévus seront à défendre, même militairement.
La France n’a-t-elle pas avec l’Angleterre défendue ses intérêts, un peu partout en Afrique et au Moyen-Orient, contre l’offensive de la Lybie sur son contrôle économique ?

Mondialisation du capital et militarisme : les interelations
Par Claude Serfati.

alain harrison 3 juillet 2017 à 22 h 58 min

«« un sens au mot « démocratie » et, indissociablement, à des transformations sociales qui soient l’œuvre de celles et ceux qui, au premier chef, sont victimes de l’exploitation capitaliste »»

««« un sens au mot « démocratie ». Le mot démocratie est dénoncé dans la gauche à travers le monde, un point commun avec le libéralisme qui souffle des braises sur ce mot.

La sociale démocratie n’a été rien d’autre qu’un cheval de Troie libéral, l’histoire récente nous le montre bien. OUI NON
Le mot communisme est encore trempé de la démonisation qui en a été faite sur plusieurs décennies. La Russie, la Chine en ont été les principaux dépositaires mais ont fait de la dictature prolétarienne une dictature militaro-bureaucratique qui a fait faillite.

C’est pourquoi, l’initiative France Insoumise avec, en parallèle, la VIe République (et l’ébauche d’un nouvelle Constitution) en font une occasion pour la diaspora de la gauche de s’unir dans un nouveau paradigme, dont la mise à jour de la ” dialectique marxiste “.
C.-à-d.: les mots: prolétariat par travailleur citoyenne……. Et oui, la réingénierie des mots.
Mais retourner dans le passé, c’est montré l’évolution du phénomène de l’exploitation: employé, salarié, travailleur, prolétaire, cerf……. sans oublier que les professions dites libérales sont un cas particulier: le professionnel, un genre de bureaucrate, de fonctionnaire, mais privé versus gouvernement ?!? Ça mérite d’être mis au claire ?!
En plus, de nouvelles avenues (revenu de base fortement promu, CADTM et ci…..) couplé à des avenues précédentes, quelques décennies, dont le programme du CNR et ci. forment à mon sens un tout cohérent, en dernière analyse des grandes lignes. Il ne reste qu’à les articulés adéquatement. À moins que vous ne vouliez réinventer la roue.

La vision d’ensemble de la problématique et de la solution sera-t-elle au rendez-vous de la Fête, fêté ensemble.

Mais comment aborder le changement possible ?

La pièce se joue, qui en sera le meneur ?

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