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Le capitalisme européen ne développe pas la solidarité entre les peuples, entre les territoires, entre les pays. Au contraire, il accentue les inégalités sociales et territoriales. Ainsi, on fait croire que l’Allemagne paierait aujourd’hui pour «les autres ». Faux ! L’Allemagne bénéficie avec l’euro d’une monnaie dont la valeur est quasi équivalente à son ancien « mark ». Elle bénéficie de tout l’espace européen pour revendre ses productions à l’exportation à l’intérieur de l’Union européenne. D’ailleurs l’austérité imposée dans les pays européens a maintenant des effets négatifs sur son économie. La réduction de la consommation produit la diminution de ses propres exportations et donc de la production. C’est le cas de toutes les entreprises dans l’Union européenne. L’austérité ne fait qu’augmenter le chômage dans toute l’Europe.
Mais, à l’image de l’Allemagne, des régions de certains pays déclarent désormais ne plus vouloir « payer pour d’autres » et réclament une sorte d’autonomie. C’est le cas de la Catalogne en Espagne, de l’Ecosse ou de la Flandre en Belgique. Ce n’est plus l’Union solidaire, c’est le séparatisme ! Et il se dit parfois que, dans notre pays, l’Ile-de-France paierait pour d’autres régions en redistribuant une partie de ses richesses. La richesse de certaines régions tient souvent à leur positionnement géographique, aux ressources de leur sous-sol. Elle tient aussi à l’histoire et à la richesse humaine.
Faut-il rappeler de quelle région étaient les ouvriers qui ont construit le métro parisien, les routes ou encore les bâtiments ? Faut-il rappeler que la centralisation politique et économique a conduit depuis longtemps à installer dans la capitale nombre de sièges sociaux ou de cabinets d’études, et que le TGV a été fait pour drainer de la main-d’œuvre vers le centre quand les lignes secondaires ont été relativement délaissées ?
Il est donc plus que normal qu’une péréquation s’établisse. Mais il faut aller plus loin dans la réflexion. On peut en effet craindre que la situation de nombre de nos territoires se détériore vite. En effet, malgré une crise déjà très aigüe, une certaine résistance a permis d’éviter le pire, sous l’effet de l’existence de services publics, du travail acharné des agriculteurs, des petits entrepreneurs et artisans, ainsi que le fort maillage avec l’existence de dizaines de milliers de communes rurales qui, en coopération avec les départements et régions, ont pu, peu ou prou, maintenir un service public local au service des habitants, alors que les privatisations, les réductions de crédits publics, conduiraient à fermer des écoles, des postes, des hôpitaux ruraux.
Or, nous entrons dans une nouvelle période. Le nouveau traité européen qui vient d’être décliné dans la loi de programmation budgétaire -votée au parlement, à notre grand regret, par les parlementaires de la droite, socialistes et écologistes-, en réduisant les crédits publics, diminuera les services publics, réduira les moyens des communes et des régions, en abaissant le pouvoir d’achat des salariés et des retraités, contractera encore l’économie locale. La diminution de l’emploi public et des revenus comme ceux des retraités va accentuer les souffrances et la crise.
La nouvelle réforme de la Politique agricole commune qui refuse pour l’instant une nouvelle répartition des richesses issues de la production agricole, n’aidera pas à l’installation de jeunes comme cela serait souhaitable et indispensable. Ceci accélèrera encore l’appauvrissement de nombre de territoires. Enfin, la compression du crédit public à un taux d’intérêt raisonnable étouffe toujours plus les petites entreprises et les artisans. Il n’y aura pas « d’égalité territoriale » sans un changement de cap politique à gauche avec comme priorité le pouvoir d’achat, le service public, une réforme bancaire pour un nouveau crédit favorisant le travail et l’emploi, une fiscalité nouvelle qui pénalise fortement la rente et favorise un investissement de type nouveau, tenant compte de l’indispensable transition écologique.
La réforme de la PAC doit s’atteler à mettre en place de nouveaux mécanismes de régulation pour faire progresser les prix de base à la production, une réorientation des aides publiques vers les petites et moyennes exploitations agricoles, tout en défendant une filière agro-alimentaire créatrice de valeur ajoutée et d’emplois.
L’égalité territoriale n’est possible que par le progrès social, l’éducation, la formation et du travail garanti pour toutes et tous.
06/11/2012