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La semaine dernière aura vu des mobilisations sociales et citoyennes dont l’objectif principal était de réclamer plus de justice. Autrement dit, pour que la gauche au pouvoir mette en œuvre une politique de gauche conformément au mandat que lui a donné majoritairement le peuple. Ainsi, après la grande manifestation pour réclamer un référendum sur le traité européen et pour refuser l’austérité à perpétuité que celui-ci induit, les salariés se sont rassemblés dans la rue le 9 octobre à l’appel de la CGT et des syndicats européens pour l’emploi et une nouvelle politique industrielle. Deux jours plus tard, dans tout le pays, les retraités ont marché pour une revalorisation de leur retraite et pour refuser la nouvelle ponction de 0,15% que le projet de budget veut leur imposer dès l’année à venir. Samedi dernier, une marche, partant symboliquement de la banque internationale Goldman Sachs mettait en cause la toute puissance de la finance contre les peuples européens. Et en de multiples endroits, des salariés défendent leur emploi et des outils de production.
Le traitement de ces événements et de leur contenu par les médias aura été sous-évalué ou caché. Ces mêmes médias auront banalisé le vote du nouveau traité européen d’austérité par une majorité du parlement où la droite, la majorité des parlementaires socialistes et une partie des écologistes ont mêlé leurs voix pour adopter un traité co-écrit par M. Sarkozy et Mme Merkel, alors que l’actuel président de la République et les candidats députés aux législatives se sont fait élire sur l’engagement d’une « renégociation » de ce texte. On notera toutefois qu’avec les parlementaires du Front de Gauche, une partie importante des parlementaires socialistes n’a pas voté ce texte. Au total, quatre-vingt dix neuf parlementaires de gauche ont été fidèles à leur parole en refusant de voter le traité d’austérité. Il est un non seulement dommage mais inquiétant que la nouvelle majorité gouvernementale n’en tienne pas compte. Aussi inquiétante est l’attitude de cette même majorité gouvernementale qui, en quelques heures, a retiré un projet de taxation des plus-values que réalisent des propriétaires d’entreprises dites « start-up » en revendant leurs entreprises pour s’enrichir. L’idée était de mettre fin à un privilège, avec une imposition des revenus des capitaux au même niveau que ceux des revenus du travail, si l’entreprise est revendue pour faire de l’argent, avant dix ans d’existence. Une telle société ou un investisseur qui continuera à investir au-delà de dix ans aura le même impôt qu’aujourd’hui.
C’est ce que l’on appelle le mouvement dit « des pigeons ». Mais ces gens ne peuvent être comparés à l’artisan ou au petit entrepreneur. Il s’agit ici d’un type d’entreprise, appuyé sur des fonds financiers et des mécanismes de rachat spéculatif des entreprises. C’est un système de fonctionnement à partir de mécanismes strictement financiers qui ont peu à voir avec la production et beaucoup avec la création de valeur uniquement financière pour l’actionnaire.
Ceci est significatif de la lutte qui se développe entre les tenants de l’argent-roi et le monde du travail et des retraités. Il indique du même coup que la réussite d’un changement à gauche appelle une mobilisation populaire consciente, large, inégalée, pour faire reculer les puissances d’argent, la droite et le grand patronat. C’est un nouveau rapport de forces qu’il faut bâtir pour la justice. Celle-ci va de pair avec l’efficacité économique et les moyens de sortir de la crise.