Augmentez les salaires et les retraites !

le 22 septembre 2021

L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 23 au 29 septembre 2021 – par Patrick Le Hyaric.

La nature prédatrice du système sur le travail se résume en deux chiffres : le salaire minimum bénéficie d’une infime augmentation de 34,2€ mensuels soit 2%, quand la rémunération moyenne des grands patrons chargés de contenir les salaires des travailleurs progresse, sur une année, de 30% et la rémunération moyenne des grands actionnaires, propriétaires du capital, de 40%.

Alors que l’immense majorité des familles populaires se serre déjà la ceinture, elles subissent au fil des semaines des hausse extravagantes des prix des produits de première nécessité : denrées alimentaires, tarifs de l’énergie (8,7% pour le gaz au 1er septembre ce qui porte à 44% la hausse sur cinq ans, 14% pour l’électricité sur la même période !), envolée des coûts du carburant. Ces augmentations résultent d’un cocktail empoisonné dans lequel se croisent perte de souveraineté industrielle et informationnelle, réchauffement climatique et spéculation. C’est l’acte d’accusation du système capitaliste et de sa mondialisation. Ses contradictions deviennent si explosives qu’elles appellent à engager un processus démocratique pour le dépasser.

L’intérêt des familles populaires et l’intérêt général commandent de porter avec détermination le fer sur l’enjeu de la rémunération du travail, seul créateur de richesses, facteur de développement général par la relance de la consommation. Plutôt que de donner le mauvais exemple en bloquant celles des fonctionnaires, l’Etat devrait immédiatement augmenter le SMIC de 15%, obligeant ainsi à revaloriser les bas salaires qui sont en général ceux des travailleurs les plus essentiels à la vie commune, en limitant le recours à la flexibilité-précarité, en lançant des négociations par branche, et en discutant des évolutions de carrières et des formations, dont celles des jeunes, comme de la transmission des savoirs. Dès lors serait stoppée cette austérité salariale qui fait tant de mal.

Ajoutons que les exigences d’une bifurcation des productions et des technologies pour réussir la transition environnementale nécessitent une amélioration inédite des conditions de travail. Elles permettraient tout autant de donner enfin sens et finalités à des travaux qui en sont de plus en plus dépourvus.

Tout commande de passer à un type de développement nouveau dans lequel la création de richesses n’est plus détournée vers les actionnaires et pompée, sous forme de dividendes et de prélèvements bancaires, par le secteur financier, mais sert le développement humain par un nouveau processus vertueux pour rémunérer travailleurs et travailleuses à hauteur de leur utilité sociale, financer services publics et investissements utiles, notamment dans l’éducation et la santé. Bref, l’heure est au progrès social et humain en phase avec l’indispensable bifurcation environnementale. Les petits entrepreneurs doivent être aidés et défendus contre la prédation exercée sur la sous-traitance et bénéficier de réduction d’impôts sur les sociétés et de cotisations modulées en fonction des efforts faits sur les rémunérations du travail.

Imposer le blocage des prix, notamment ceux du carburant, ne peut qu’être une solution temporaire. Elle doit vite laisser place à une politique durable de création de richesses socialement et écologiquement utiles. Cela doit commencer par une lutte sans merci contre le chômage de masse par la sécurisation des parcours professionnels couplé à un droit inaliénable à la formation tout au long de la vie, pour permettre aux travailleurs de s’émanciper tout en regagnant notre souveraineté industrielle, agricole et informationnelle à haute valeur ajoutée. Oui, l’urgence est bien d’augmenter les salaires et les retraites ! Les mouvements sociaux du 5 octobre porteront une part de ces enjeux d’intérêt général.


3 commentaires


Moreau 23 septembre 2021 à 11 h 38 min

Tout cet article mais il faut le relier aussi avec d’autres articles, avec toutes les réalités du pays ; montre qu’il fallait, qu’il faut donner un statut d’existence et un revenu d’existence à tous les Travailleurs précaires et à tous les autoentrepreneurs qui ne gagnent pas leur vie ; voire à toutes les personnes qui ont des vraies capacités dans une activité ou plus et un réel talent pour chacune de leur activité.
C’est la réponse à l’insertion, à l’intégration, qui doivent être permanente ; et au problème du pouvoir d’achat. Sans quoi, c’est une vraie guerre civile, cette guerre aux Pauvres, cette guerre à des Immigrés. je sais bien que tout est plus ou moins relatif, mais la sécurité c’est aussi la stabilité minimale fondamentale, toute personne qui a su évoluer ne perd pas son évolution, donc elle doit bénéficier du droit à la sécurité intégrale dans laquelle il y a la stabilité minimale. C’est ainsi que pourraient disparaître enfin la chasse aux Pauvres, la chasse aux Immigrés…
Il faut le bouclier social pour tous du vingt et unième siècle, d’où il faut l’Union de la Gauche (la vraie, socialiste et communiste…) du vingt et unième siècle.
Les personnes âgées doivent avoir assez de ressources mensuelles pour faire face à leurs dépenses mensuelles, et pouvoir trouver des services qui leur sont nécessaires à proximité abordables ou elles sont obligées de s’en priver.

Moreau 23 septembre 2021 à 14 h 55 min

Sans une véritable politique d’existence pour tous, respective ou partagée ; réunissant un statut d’existence et un revenu minimum d’existence ; je ne vois pas comment les deux gauches se présentant comme les vraies et leur Union pour la vraie gauche française et européenne, pourrait être crédibles en 2021-2022 pour réussir pour le bien des Pauvres, des Précaires, des Autoentrepreneurs, des Retraités aux prises de grandes difficultés dans l’ultime période du passage sur la Terre. Une véritable politique d’existence pour tous est nécessaire et indispensable pour le meilleur devenir du Peuple comme pour que l’ensemble de la vraie gauche puisse rendre lisible une synthèse inexistante depuis le passage au vingt et unième siècle, voire depuis une trentaine d’années ponctuées par la crise dite des Gilets jaunes ; ça fait long. Il faut bien sûr des réflexions profondes et critiques mais il faut au-delà une lisibilité pour une alternance de vraie gauche. Il n’y a pas besoin d’un référendum pour se rendre à l’évidence et il y a urgence absolue, le mot et l’adjectif ne sont pas trop forts.
Et puis quelle est la proposition communiste aussi suite à la bonne nouvelle de l’abandon d’un projet qui aurait transformé la gare du Nord en un hypermarché géant. Une proposition communiste qui tarde alors que le mouvement communiste a souvent de bons projets mais certains même trop gigantesques, ce qui alors dissuade au lieu de convaincre, devrait avoir à proposer un projet à la mesure de la gare du Nord à ameublir sans nuire à la pratique quotidienne, bien au contraire. La France a besoin de vraies propositions socialistes ou/et communistes du vingt et unième siècle bonne pour la France et l’Union Européenne. Ce serait bien de pouvoir avoir une idée de quelque(s) idée(s) communiste(s) sans tarder, l’élection présidentielle française en avril 2022, dans sept mois seulement.

Moreau 26 septembre 2021 à 10 h 10 min

Se loger, payer les charges et les impôts, se nourrir et se soigner, et on manque d’argent à la fin du mois même avec 1200€ pour chaque mois ; et plus rien pour ce qui reste la nécessité en biens et services pour vivre. La réalité est la même pour toutes les personnes de condition très modeste ou de condition moyenne ; et ce n’est pas du tout de la faute des Immigrés. C’est de la faute de la pandémie et des extrémismes des droitisations.

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