Repousser la peur

le 2 septembre 2010

Super austérité et autoritarisme sont les deux moteurs du sarkozysme. Pour imposer la première, il s’agit pour le pouvoir de manier le second afin de créer un climat d’inquiétude, de peur et de division. L’objectif est de tétaniser le peuple, de l’empêcher d’avoir prise sur les événements qui le concernent. Le gouvernement se sert de l’insécurité et de la délinquance non pas pour sanctionner tel ou tel individu qui aurait commis un méfait ou un crime, mais pour stigmatiser et transformer en boucs-émissaires des communautés comme les Roms ou les gens du voyage, ceux qu’ils appellent « les étrangers », parfois les jeunes. Les quartiers populaires sont visés comme étant forcément des lieux dangereux. Jour après jour, les bulletins d’information égrènent le nombre de destructions de camps de Roms et d’expulsions avec la même importance et la même banalité que la présentation d’un second bulletin météo.

Cette inflexion vers l’extrême-droite des choix du pouvoir inquiète jusqu’à l’intérieur de la droite républicaine elle-même. La France, la France de Manouchian et de Picasso, « ces étrangers et nos frères pourtant », est aujourd’hui montrée du doigt dans le monde entier. Des commissions de l’ONU, l’Eglise catholique, des journaux étrangers, certaines institutions européennes, s’interrogent, s’inquiètent, émettent de sévères critiques. Jamais cela n’était arrivé depuis la Libération. Au lieu d’en tenir compte, le pouvoir persévère et s’acharne. Pourquoi ? Il veut certes désactualiser la question sociale, l’injuste contre-réforme des retraites. Il veut aussi pouvoir camoufler « les affaires » qui mêlent, au travers d’un ministre, le Président de la République lui-même. Mais une question grave commence à se poser : A quoi servent ces grands policiers nommés préfets, ces cohortes de voitures de CRS stationnées devant les quartiers, ces propos violents contre certaines catégories de population ? Cherche-t-il à déclencher un grave incident pour renforcer encore sa pression sur le pays ?

Dans une telle situation, nous en appelons à la responsabilité populaire, au débat démocratique et à l’action. Nous appelons à ne pas donner à ce pouvoir l’occasion de franchir un cran de plus dans l’autoritarisme et la répression. Pour la sécurité partout, avec des moyens préventifs, éducatifs et des sanctions lorsqu’elles sont nécessaires. L’action doit donc porter sur les services publics, de l’éducation, de la justice, de la police, des transports, de la santé et sur l’effort à porter sur la formation, l’apprentissage et la création d’emplois convenablement rémunérés. Mais c’est le sujet que le pouvoir veut effacer en remplaçant le débat indispensable sur l’amélioration de la vie de chacune et de chacun par un paquet trouble, nauséabond, dangereux, inhumain, mêlant dans un populisme douteux : sécurité, immigration, banlieue populaire et délinquance.

Renforcer encore la super austérité en cours, démanteler les services publics dans les quartiers et les campagnes, affaiblir l’éducation nationale, les moyens donnés aux communes, aggraverait encore toutes les insécurités. Mais là encore pour faire accepter cette régression sociale sans précédent, c’est la peur qui est utilisée.

Dans l’attaque contre les retraites, tout débat contradictoire est refusé. Les propositions syndicales sont ignorées. L’argument essentiel invoqué est le financement. Mais jamais ne sont mises en débat les possibilités de trouver des ressources nouvelles du côté des exonérations de cotisations des revenus financiers, ou celles qu’offrirait un nouveau partage des richesses. Quant au lien entre le développement humain durable, créateur d’emplois, et le financement des retraites ou de la protection sociale, il n’est pas question de l’aborder.

Les argumentaires gouvernementaux cherchent à susciter l’angoisse et la peur pour dessaisir les citoyens de leur propre destin. Les seuls choix qui sont valorisés sont ceux, iniques, qui ne servent que les intérêts des puissances d’argent. Cela sera inefficace. Cela aggravera encore une crise qui peut connaître de terribles rebonds pour les familles populaires, dans les semaines à venir.

Les appels à la mobilisation la plus large, le 4 septembre pour la défense des valeurs de la République et, le 7, pour une réforme moderne assurant le droit à la retraite à 60 ans ripostent donc à l’essence même du sarkozysme. Ils lui opposent le besoin de justice, de solidarité et de démocratie.

Dans leur prolongement, la Fête de l’Humanité, les 10, 11 et 12 septembre, sera le lieu de confluence des aspirations populaires. Une Fête, avec ses concerts, ses spectacles, ouverte à toutes et tous, une Fête de la tolérance et de la fraternité, une Fête de toute la gauche sociale et politique en dialogue pour ouvrir les chemins d’un véritable changement progressiste à gauche.

Le rejet du sarkozysme ne peut y suffire. Il y a besoin de donner corps à un nouvel avenir grâce à un projet inédit de progrès social et écologique. Aux forces de gauche, dans leur diversité, de créer les conditions qui permettent réellement aux citoyens d’être partie prenante, aujourd’hui, de son élaboration et, demain, de sa mise en œuvre.

La Fête de l’Humanité servira aussi à cela. Plus elle sera importante, plus elle aidera à une nouvelle dynamique de résistance, de riposte et d’espoir.


0 commentaires


dominominus 2 septembre 2010 à 7 h 59 min

Je subodore qu’une nouvelle fois, les médias soumis au sarkozysme et autres dictateurs financiers, ne rendront pas compte des débats et propositions avancées lors des manifestations comme de la fête de l’Huma. Mais ils traiteront en fin de retransmission et dans les rubriques de faits divers les remous et autres agitations qu’ils auront su localiser.

Prioleau Michel 2 septembre 2010 à 9 h 38 min

Sarkozy et ses conseillers veulent abattre le sens critique du peuple français en rallumant des braises nationalistes issues de la triste période de Vichy . En cristallisant l’attention des citoyens sur une démarche omnisécuritaire bien orchestrée par les médias, ils les détournent de leurs réflexes démocratiques et effilochent le tissu républicain pour remplacer insidieusemen ses valeurs qui ont fait leurs preuves, par un hypothétique eldorado géré…….devinez par qui !!!!! l’eldorado des puissances financières échaffaudé sur le dos des travailleurs .

Olympe 47 2 septembre 2010 à 10 h 14 min

Il faut que la peur change de camp , comme dit Mordillat !

soler anne 6 septembre 2010 à 23 h 23 min

je suis très satisfaite que tu écrives que” le rejet du sarkozysme ne peut suffire” . Comme les débats nauséabonds que Sarkozy nous lance dans les pattes pour nous faire oublier le reste , c’est aussi un piège . Pour moi il s’agit de construire un état réellement démocratique où le peuple aura toujours le dernier mot , ou aucun individu, aucun groupe d’intérêts particulier ne pourra accaparer le pouvoir.
Pour cela deux conditions : que le peuple maîtrise les richesses qu’il produit ( la poignée de parasites qui les accapare et les dilapide aujourd’hui n’a aucune légitimité morale et économique à le faire)
réfléchir à une nouvelle Constitution qui soit en adéquation avec ces exigences.
C’est pas une tâche facile ! Personnellement je ne vois pas d’autre issue et surtout pas un homme( ou une femme) providentiel pour qui on nous demanderait de voter au nom d’une union sans contenu .

le gall 8 septembre 2010 à 11 h 58 min

SARKO,ce “dracouin” se permet (apparament seul,de remettre la france dans l’otan et d’anvoyer la troupe se faire tuer en afganisthan,pour les retaites pareil pas de négociation,comment se fait-il que notre constitution puisse permettre cela ‘elle a été faite par eux?là ,sans vote il peut-ètre NOMMER”il a la majorité,plus de discution possible,quelle belle democratie,qu’a fait la gauche pour en arriver là?pour les retraites je sais depuis 6 mois que c’est 62/67 point barre,qu’attendons nous ? on y PEUT RIEN,ALORS ON ecrase,comme en 39,on se rend.

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