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La course engagée à droite pour la présidence de l’UMP donne lieu à un absurde concours de fidélité au sarkozysme. Mieux, ces revanchards, adeptes du culte de la personnalité, prétendent tous être encore plus à droite que l’ancien chef de l’Etat, défait il y a moins de trois mois.
A cette aune, nos concitoyens peuvent juger à quel point ils l’ont échappé belle ! Ils n’ont pas à regretter N. Sarkozy et cette droite. M. Copé appelant à « une vague bleue aux prochaines municipales ». De son côté, M. Fillon se déclare candidat pour diriger l’UMP parce qu’il veut « un projet radical de réformes » comprenant « la négociation du temps de travail entreprise par entreprise », « un nouveau pacte de productivité », « l’augmentation du temps de travail dans la fonction publique» et « la casse des statuts », la « TVA compétitivité » et l’indemnisation du chômage sous condition, etc… C’est donc à droite… extrême ! On a d’ailleurs rarement vu les forces de la droite battue à l’élection présidentielle puis aux législatives réclamer ainsi, aussi vite, le retour de son chef et mener une campagne si outrancière contre toute réforme aussi minime soit-elle permettant un peu de justice fiscale ou sociale, et surtout s’agitant si clairement et violemment au service des milieux de la finance.
On aura aussi rarement vu les grands milieux industriels et des affaires si mobilisés contre toute idée progressiste. Ainsi les banquiers, l’agence Moody’s, avec le curieux soutien du gouverneur de la Banque de France, font tout pour retarder ou empêcher le doublement du plafond du livret A, destiné à développer le logement social. Les grands pétroliers qui ont fait, tout l’été, flamber le prix des carburants, voudraient que l’on pleure sur leur sort et les dirigeants de GDF/Suez ou EDF en redemandent toujours plus alors que la facture de l’énergie est devenue insupportable pour beaucoup de familles et de retraités. Les patrons de PSA ou d’Unilever ne sont pas en reste, fustigeant les syndicats qui défendent l’emploi et brandissant l’odieux chantage aux délocalisations. Par contre, tous sont silencieux sur les menaces de nouvelles hausses des prix des denrées alimentaires si des dispositions énergiques ne sont pas prises pour faire cesser la spéculation dans ce secteur.
A ces pressions s’ajoutent celles des institutions européennes auxquelles les gouvernements de notre pays, depuis des années, n’ont rien refusé. Ce serait encore pire demain avec l’application du nouveau traité européen. Force est de constater que le monde des affaires, les puissants, ici comme dans toute l’Europe, se mobilisent dans une intense lutte de classes, soutenus par la droite sarkozyste. Ils veulent boucher toute perspective de réel changement afin de défendre les égoïstes intérêts de leur caste alors que le chômage ne cesse d’augmenter. Pour riposter, toute la gauche, les forces sociales et syndicales, doivent se mobiliser afin que les espoirs mis dans l’élection de F. Hollande et d’une majorité de gauche au Parlement se concrétisent. La droite mise sur l’échec, sans la moindre considération pour le monde du travail qui en serait la première victime. Nous, c’est à la réussite que nous souhaitons travailler. Le nouveau pouvoir en a la possibilité. Il en a aussi la légitimité démocratique.
Jamais en effet la gauche, mais surtout le Parti socialiste, avec désormais un Sénat à majorité de gauche, ainsi que la majorité des régions et des départements, n’avait disposé d’autant de pouvoirs et de leviers pour changer les choses.
Des décisions ont déjà été prises qui effacent des injustices sarkozystes comme des ajustements fiscaux, la prime de rentrée scolaire, la suppression de l’augmentation de la TVA, l’encadrement des loyers, la fin de la loi de révision générale des politiques publiques, la création de postes d’enseignants. D’autres dispositions nouvelles vont être soumises au Parlement dans quelques semaines.
Certaines constituent de nouveaux pas, même mesurés, mais positifs. D’autres sont négatives, comme l’augmentation envisagée de la contribution sociale généralisée. Ce projet doit être abandonné au nom même de la volonté de justice mise en avant par le Président de la République. La CSG est d’abord payée par les familles populaires, alors que les revenus financiers du capital ne contribuent pas au financement de la sécurité sociale.
Mon propos ici n’est pas de procéder à une notation des décisions gouvernementales. Il est d’alerter sur la nécessité, pour le pouvoir comme pour les forces progressistes, de créer des conditions nouvelles, dans le contexte de crise et de pressions des milieux d’affaires, pour une large mobilisation de la société pour le changement, qui passe sans attendre par l’amélioration du pouvoir d’achat et la défense de l’emploi. C’est certes nécessaire pour la mise en œuvre de mesures immédiates qui corrigent les injustices créées par plus de dix ans de domination de la droite. Mais cela l’est surtout pour donner corps à un nouveau projet progressiste de réformes structurelles permettant la promotion de la justice sociale et écologique, une impulsion inédite de la démocratie sociale et politique, inséparable d’un effort soutenu pour unir nos concitoyens dans un combat tenace pour changer l’Europe.
Cela appelle de libérer toute la société des gangues qui font percevoir la situation comme fatale aux yeux d’une population qui ne mesure pas la puissance qu’elle recèle en elle et qui doute de sa capacité à modifier les rapports de force dans le sens de l’intérêt général. C’est pourtant possible. Par exemple en légiférant pour une répartition des richesses plus favorable au travail ; en développant les services publics pour l’accès de toutes et tous aux biens publics ; en combattant pied à pied les licenciements et en faisant voter une loi contre la précarité, en redéployant une politique industrielle et agricole audacieuse, prenant à bras le corps la nécessité de la mutation écologique ; en donnant un rôle nouveau aux banques, grâce à un pôle public bancaire et à de nouvelles nationalisations de banques pour le bien commun.
S’engager dans cette voie va de pair avec un combat persévérant, associant les peuples européens, pour un changement net du rôle de la Banque centrale européenne.
Une nouvelle grande loi donnant de nouveaux pouvoirs d’intervention aux salariés dans les grandes entreprises devrait être rapidement mise en chantier. Cela doit commencer comme en 1981 par une loi d’amnistie des syndicalistes sanctionnés ces dernières années. La gauche ne doit pas brider la société. Au contraire, elle doit libérer sa parole, sa créativité, son inventivité, sa mobilisation sous toutes ses formes. La réussite est à ce prix.
Le Premier ministre comme la secrétaire du Parti socialiste ne s’en donnent pas les moyens quand, à la Rochelle, ils reprennent à leur compte le nouveau traité européen d’austérité budgétaire dont M. Sarkozy et Mme Merkel sont les co-auteurs. Ils seraient mieux inspirés en écoutant les membres de leur parti qui les pressent de rejeter un texte qui instaure l’austérité à perpétuité sous contrôle de la commission de Bruxelles et de la cour de justice européenne. Comme nous, ces socialistes mesurent qu’est en cause la possibilité de mener ou non une politique de progrès social et écologique. Comme nous, ils ont pour ambition la réorientation de la construction européenne, avec dans l’immédiat, la renégociation du traité en faveur de laquelle F. Hollande s’est engagé dans sa campagne électorale. Vite, que nos concitoyens soient informés, qu’ils en débattent et qu’ils décident. La Fête de l’Humanité va être le carrefour de cette indispensable mobilisation populaire à construire pour que vive le changement.
30/08/2012