Les bavardages et la misère

le 20 octobre 2016

Une manifestation contre le TTIP et le CETA durant la visite du président américain Barack Obama à Hanovre, le 23 avril 2016.

L’indécence du spectacle médiatico-politique, de petites phrases en postures, de vaines polémiques en mises en scènes de l’intimité des prétendants au siège présidentiel, contraste cruellement avec le quotidien des millions de salariés, la hausse inexorable du chômage et de la précarité, l’hémorragie industrielle, la panne du système éducatif, la détérioration du système de santé et l’angoisse qui découle des bouleversements du monde.

Les polémiques qui entourent la publication du livre aussi déroutant que désolant du Président de la République, ne font que renforcer la crise de confiance que nos concitoyens éprouvent envers la politique. La futilité prend une place disproportionnée et le commentaire de petites phrases prononcées ici où là, ouvrent désormais les journaux télévisés.

Ce grand détournement des sujets cruciaux ajouté à la saturation verbale a pour fonction de démobiliser massivement les classes populaires, de les détourner des enjeux colossaux de la précarité, des inégalités, des discriminations ou du chômage dont ils font l’amère expérience au quotidien. Tout concourt à dépolitiser les enjeux de la vie humaine et de l’environnement afin de les mettre hors de portée de l’intervention citoyenne.

Ce bruyant bavardage va jusqu’à étouffer la voix des milliers d’agriculteurs qui meurent dans un silence devenu complice. L’insupportable est dépassé ! Un agriculteur se donne la mort tous les deux jours. Des milliers d’autres saturent les permanences téléphoniques de prévention du suicide. Un tiers d’entre eux touche moins de 350€ par mois, soit moins que les minima sociaux, malgré un travail acharné et exigeant, 10 000 agriculteurs quittent le métier chaque année. Ceux qui restent sont persuadés de travailler en sursis, la peur du lendemain au ventre.

L’utilité sociale même de leur métier est remise en cause alors que la production d’une alimentation saine réclamerait un pacte solidaire nouveau entre eux et avec la société.

Améliorer la biodiversité et la santé, bien manger, des aliments majoritairement produits dans des rapports de proximité avec les centres urbains est une nécessité du monde qui vient, exprimée avec force par un nombre croissant de nos concitoyens.

Le capital mondialisé, encouragé par l’Union européenne, souhaite mettre à bas un modèle de société qui repose sur une qualité de vie qui allie temps libre, nourriture de qualité, santé, respect de l’environnement et ruralité vivante. Il cherche à imposer un quotidien ou l’agriculture et l’alimentation seront de plus en plus dépendantes d’un complexe agro-chimique industrialisé.

Les traités de libre-échange qui se multiplient à l’ombre des souverainetés populaires participent de cette offensive. Alors que le projet de traité transatlantique commence à chanceler sous la pression populaire, l’Union européenne s’est engagée à ratifier ce qui en serait les prémices : le traité avec le Canada, dans les meilleurs délais, dont le volet agricole fait craindre une nouvelle hécatombe dans les exploitations paysannes puisqu’il permettra d’importer des dizaines de milliers de tonnes de viande bovine et porcine. Nos gouvernements sont-ils arrivés à ce degré de cynisme pour engager dans de nouveaux drames humains une profession déjà au bord de l’abîme, en sacrifiant à l’autel du libre-échange des pans entiers de notre agriculture et la qualité alimentaire?

C’est ici l’une des dramatiques facettes du malaise civilisationnel que le mot crise ne suffit plus à définir. L’une de ses conséquences est l’absence de dynamique pour porter un réel projet alternatif d’espoir. Le décalage entre les aspirations populaires et l’offre politique atteint son paroxysme. Les contradictions apparentes sont sur-jouées pour attirer dans les filets électoraux le plus grand nombre de citoyens.

Les primaires de la droite offrent à cet égard un exemple édifiant de fuite en avant démagogique et électoraliste. Car au fond, chacun des candidats s’accorde sur une tonalité de campagne en focalisant les débats sur la question identitaire, tout en souhaitant de concert purger les hôpitaux, écoles et collectivités de centaines de milliers d’agents publics, ou encore alléger la fiscalité des plus riches, supprimer l’impôt sur la fortune tout en annonçant une augmentation de la TVA et en invitant aux sacrifices celles et ceux qui ont déjà les plus grandes difficultés à joindre les deux bouts.

Cela ne fait que renforcer l’urgence à travailler à l’unité populaire, avec pour socle les valeurs historiquement portées par la gauche. Evidemment, une telle démarche réclame de se tourner vers le monde du travail et de la création, de solliciter son avis, de contribuer à sa mise en mouvement pour porter les exigences d’égalité, de solidarité de vie décente. Le projet du progrès humain et environnemental doit être placé au cœur du débat public dans un cadre large et unitaire, à vocation majoritaire.

Face à la multiplicité des dangers au seuil de nos portes, l’urgence est à unir celles et ceux qui souhaitent s’émanciper de la loi de l’argent qui s’impose partout dans tous les compartiments de la vie.

Travailler à l’expression politique de toutes celles et ceux qui souhaitent l’unité populaire pour un changement progressiste est parmi les tâches les plus urgentes.


7 commentaires


Groult 22 octobre 2016 à 11 h 25 min

Très bel article, bien résumé, simple et accessible il me semble.

Le.Ché 23 octobre 2016 à 16 h 18 min

C’est le PARDEM, Parti de la démondialisation capitaliste qui a raison il faut en finir au plus vite avec la mondialisation capitaliste car tous ces traités comme le CETA et le TIPP sont là pour l’installer et ce sera plus de chômage et de casse des acquis sociaux si on laisse faire, comme il faut sortir au plus vite de l’euro et de cette Europe capitaliste.

pellizzoni 23 octobre 2016 à 16 h 42 min

mais quelle est la personnalité la plus compétente pour arrêter l’hémorragie du chômage l’insécurité; l’évasion fiscale , les difficultés des citoyens à se faire entendre et j’en passe, personnellement je n’en voit aucun capable de redresser notre chère France, il, faut des hommes intègres et de caractère , sans la soif du pouvoir ?

Potier Jacques 23 octobre 2016 à 19 h 04 min

Comment faire l’unité ?

Mélanchon Le Hyatic, Paul Laurent, Marie Georges Buffet….

vec lka droite socialiste 23 octobre 2016 à 20 h 26 min

Pour commencer, si tu veux faire l’unanimité à gauche, il faudrait commencer par orthographier les noms correctement, deuxièmement, commencer à faire le tri entre ceux qui veulent absolument faire alliance avec la droite socialiste, et ceux qui veulent sortir de ce marché aux député/sénateur, type primaire de gôche, et ceux qui en sont déjà sortis.
Troisièmement, arrêter de dénigrez violemment, ceux qui à gauche, ne suivent pas systématiquement la ligne collaboratrice avec le PS et son vote utile.

aigle4enanglais 23 octobre 2016 à 20 h 33 min

Quand je lis ce genre d’éditorial, je me sens revivre, mais je pense qu’il serait grand temps que le PCF, arrête de soutenir directement ou indirectement le PS, et de dénigrer systématiquement, pour ne pas dire insulter le mouvement de JL Mélenchon, alors que la grande majorité des idées et constatations que j’ai lues dans cet éditorial, sont celle développées et défendues par son mouvement.

Anonyme 26 octobre 2016 à 8 h 02 min

Toutes les grosses sociétés Et tout les politiques qui veulent soumettre les peuples et tuent les gens à petit feu avec leurs produits transformés qui nous empoisonnent rien que pour faire de l’argent tout pour le profit! Et poussent les pauvres paysans au suicident car ils ne peuvent plus vivres de leurs travail,et faire vivres leur familles! faut qu’il soit traduit devant un tribunal international pour crime contre l’humanité! Car ce sont des criminels!

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