Le « oui » irlandais : une victoire usurpée

le 4 octobre 2009

Le peuple irlandais, obligé de se prononcer à nouveau sur le traité de Lisbonne, a choisi le « oui ». Prenons-en acte. Mais on ne m’empêchera pas de considérer que cette victoire a été usurpée. Les autorités européennes, M.  Baroso en tête, les chefs d’Etat et de gouvernement, images[7]les grandes puissances industrielles et bancaires ont, en effet, multiplié les pressions, les mensonges et le chantage sur un peuple qui souffrent durement de la crise et des choix de l’Europe ultra-libérale. Le débat a été tronqué par une pression considérable des médias en faveur du oui, par l’utilisation de l’argent public en vue de promouvoir ce « oui ». En jetant la confusion sur le fait que le traité de Lisbonne équivaut à construction européenne. Or, ce traité vise surtout à codifier des politiques économiques et sociales européennes sans apporter de solutions viables à la question des institutions dont l’union devrait se doter pour des processus de décisions plus démocratiques.  Dans ce pays où a été utilisé le dumping fiscal en faveur des grandes entreprises notamment américaines, on a multiplié le chantage aux délocalisations comme le fait Dell qui veut exploiter une main d’œuvre encore moins chère en Pologne. 
M. Baroso et la Banque centrale européenne ont menacé de supprimer toutes les aides si les irlandais persistaient dans leur refus du traité ultra-libéral de Lisbonne. Dans ces conditions, les partisans de cette Europe là auraient bien tort de pavoiser. Un tel vote obtenu dans de telles conditions ne vaut pas approbation du contenu du traité de Lisbonne. L’inquiétude et l’angoisse des irlandais comme de tous les Européens face à la crise et la montée des inégalités sociales, causées par les politiques des droites européennes n’ont disparu ni en Irlande, ni ailleurs. Bien au contraire.
De plus, les beaux mots démocratie et citoyenneté ont été violemment bafoués. Quelle valeur leur accorder quand des autorités obligent à revoter jusqu’à convenir aux Rois, reines, princes, chanceliers, présidents et Commission européenne non élue qui gouvernent. Où est la participation des citoyens à la construction d’une Europe commune quand sur les vingt-sept pays de l’Union européenne, seul cinq ont été consultés. Deux ont voté « oui, l’Espagne et le Luxembourg. Trois se sont prononcés, une fois, en faveur du non, la France, les Pays-Bas et l’Irlande. Cinq autres pays qui avaient envisagé de consulter leur peuple y ont renoncé par crainte d’une réponse négative. Or, l’Europe ne peut se faire qu’avec pour finalité la démocratie et par les moyens de la démocratie.
Ce vol de souveraineté populaire, dans le cadre d’une crise sans fin, avec à terme des conséquences catastrophiques, pour la construction européenne elle-même, pour la construction d’une Europe commune aux peuples, une Europe de progrès social et de paix. Ceux qui aujourd’hui pavoisent sur le thème de l’avancée de la construction européenne mentent et trompent les peuples en voulant faire confondre sciemment l’idée d’un projet européen avec les politiques européennes rétrogrades au seul service des puissances d’argent qu’ils mettent en œuvre.
Le débat sur la nature de l’Europe, son rôle pour une sortie de la terrible crise économique, sociale et écologique actuelle, et le combat pour la transformer doit s’amplifier. Ce vote n’est qu’une étape dans le débat et le combat pour transformer la construction européenne.  C’est ce qu’ont fait celles et ceux qui ont voté contre la privatisation de la Poste, les agriculteurs qui agissent pour obtenir une régulation par des prix de base rémunérateurs ou les salariés de Dell et bien d’autres qui refusent les délocalisations.
Au moment où nos concitoyens viennent de répondre en masse à la sollicitation que leur ont adressé les syndicats, les associations et les partis de la gauche, en participant à la votation citoyenne  sur la Poste, je mets au défi la commission européenne d’en tenir compte. Cela signifie qu’elle doit revoir  la directive de libéralisation de la Poste. Voilà pourquoi, je demande un moratoire immédiat sur sa mise en œuvre. Durant celui-ci un grand débat peut être organisé en France  et Europe sur les moyens de moderniser le service public postal dans chaque pays, de créer les conditions d’un service public postal européen, basé sur la coopération, le service aux populations et  le développement des territoires.”


0 commentaires


Lainé Xavier 5 octobre 2009 à 5 h 05 min

On pourrait peut-être, d ela même manière, revenir sur l’élection présidentielle française en suspectant les français de s’être lourdement trompés?
Bon d’accord, nous n’aurons jamais la puissance médiatique déployée par l’Europe, les banques et les patrons pour faire dire oui aux irlandais…

Alain GUILLOU 5 octobre 2009 à 17 h 44 min

Le ministre du Budget, Eric Woerth, a dénoncé lui “un vote tronqué, une tricherie”. “La question est un mensonge. Le gouvernement veut évidemment que La Poste reste à 100% publique”, a-t-il déclaré sur Europe 1

Ceux qui l’ont hué à la fête de l’HUMA avaient bien raison, mais ceux qui l’ont invité là , alors que ce ministre bénéficie déjà de la puissance médiatique sarkozienne, ils ont des explications un peu plus sérieuses que “le débat démocratique” à nous donner!

Alain GUILLOU au PCF depuis 1963 ! (ne pas me soupçonner d’être un agit’ du NPA)

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