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Aujourd’hui que le monde est confronté à tant de défis — de la sécurité alimentaire au changement climatique, du recul de la biodiversité à la diminution de la fertilité des sols —, il est urgent de ne pas diviser les agriculteurs et les consommateurs. Ils sont victimes d’un même système économique qui place l’argent bien avant « l’humain » et la nature. C’est au contraire ensemble, agriculteurs et consommateurs, chercheurs et techniciens, médecins et spécialistes de la gastronomie, élus locaux et nationaux qu’il conviendrait d’inventer un nouveau pacte européen et mondial pour la sécurité alimentaire, sanitaire, climatique. Tous ensemble, il nous faut promouvoir la biodiversité. Y parvenir reviendrait à accepter que la cause des « maux » en cours ne soit pas le travail agricole mais bien le système d’exploitation capitaliste qui le pressure en assimilant la nature à un vulgaire moyen de production.
C’est ainsi que les prix agricoles à la production ne couvrent en rien les seuls coûts de production et, partant, ne permettent pas de dégager un revenu décent. Quel objectif est-il ici visé ? Ne pas augmenter les salaires des autres travailleurs. C’est la volonté de contenir les dépenses familiales pour la nourriture au bénéfice de l’augmentation des prix du logement ou des besoins numériques. La « libre-concurrence » intra-européenne et, davantage encore, les traités de libre-échange permettent des importations de produits alimentaires et agricoles qui ne respectent aucune norme sociale et environnementale appliquée ici. Songeons que, dans la restauration collective, 75 % des viandes bovines et 80% des viandes de volailles sont importées. Cette mécanique infernale qui, pour une part non-négligeable, empêche des jeunes de s’installer, peut aboutir assez rapidement au retrait de l’agriculture sur des parties substantielles du territoire. Conséquences ? Nous serons alors de plus en plus dépendants des importations dont celles des pays de L’Union Européenne. Le principe de « compétitivité », tant vanté, aboutit in fine à l’élimination des petites et moyennes exploitations et à la stagnation de la production agricole française. Il y a bien urgence à sortir des concepts de « libre-concurrence » afin d’initier des politiques de coopération au service du travail paysan, de la vie des terroirs, de l’environnement et de la santé. L’urgence, encore elle, commande donc de cesser de signer ces accords dits de « libre-échange », véritables machines à détruire le travail et la vie rurale.
Dans le même temps, le budget général européen ne peut rester si maigre et être orienté vers les dépenses militaires et la chasse aux réfugiés. Voilà qui est actuellement en discussion avec la diminution des crédits de la politique agricole commune, des fonds de cohésion et des fonds sociaux. Non seulement le budget européen pour l’agriculture ne doit pas être diminué mais il doit être utilisé autrement en valorisant le travail paysan et non l’agrandissement permanent des exploitations, la métamorphose environnementale et l’agro-écologie, le développement des communes rurales, la qualité alimentaire et la santé. La réorientation de ce budget doit permettre la justice dans la répartition des aides, lesquelles doivent être plafonnées. Mais c’est le projet de réforme de la PAC présenté par la commission Européenne qu’il faut mettre à la poubelle pour inventer l’agriculture paysanne de demain.
Il faut cesser d’octroyer 80 % des aides européennes aux 20 % des agriculteurs les plus importants. Pourquoi un éleveur ovin des Pyrénées touche en moyenne 4200€ quand la reine d’Angleterre empoche 602 000€ pour sa ferme de Sandringhan ? Pourquoi le groupe Volailler Doux a pu percevoir 552 000€ ? Pourquoi le groupe Lactalis, qui se fait tirer l’oreille pour payer la lait à son juste prix, a-t-il pu bénéficier de 21 millions d’euros ?
La prochaine modification de la PAC, sur laquelle le parlement européen a commencé de discuter, doit viser l’augmentation des prix agricoles à la production selon un quantum à définir avec les professions pour ne pas favoriser des surproductions. Elle doit inciter à la qualité alimentaire, réduire le gaspillage, favoriser la pluri-culture et la production alimentaire locale, l’amélioration de la situation de la nature et de la biodiversité, la vie rurale, et donner des moyens pour investir afin d’alléger le poids harassant du travail paysan. Il est de son devoir d’impulser des mécanismes de captation de carbone tout en aidant l’agriculture à devenir plus indépendante du pétrole et des protéines importées en détruisant la forêt Amazonienne. Il n’est pas trop tard pour lancer un grand plan protéine à l’échelle européenne. Une politique ambitieuse sur ce point doit aller de pair avec la défense des communes rurales et les services publics, le développement des réseaux de transports, de téléphonie… Le débat doit s’ouvrir pour des pactes locaux, nationaux, européens et mondiaux pour faire primer en toutes décisions l’Homme et la nature.
1 commentaire
C’est un véritable sujet politique très intéressant avec plusieurs bonnes approches, alors que ça se fait de plus en plus rare. Il serait très intéressant de voir une carte de l’Union Européenne des poireraies, parce que à mon avis il pourrait y avoir plus de poireraies notamment en France et des Jeunes qui aspirent à devenir des agriculteurs pourraient ainsi le devenir.