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Des ors du château de Versailles au comité central du capitalisme à Davos, le Président distille ses messages prometteurs pour l’ultra-minorité qui accapare les richesses et accumule les patrimoines. La France qui travaille, elle, crie justice.
M. Macron a baisé la main invisible du marché en invitant à croire qu’elle apportera à tous bonheur et prospérité. Pour les actionnaires du groupe Carrefour c’est sûr. Il prépare pour cela des milliers de suppressions de postes de travail, tandis que les inégalités, le chômage, la précarité et l’exclusion galopent au rythme du pillage des richesses. Le voile commence à se déchirer et, derrière le flot des images aguichantes, se lèvent et se conjuguent plusieurs combats sociaux d’importance. Tous contestent la réduction des crédits publics et mobilisent dans des secteurs qui répondent à des besoins fondamentaux.
Ainsi en va-t-il du mouvement des surveillants pénitentiaires dont le respect du statut et des missions est une des conditions d’un traitement digne des détenus qui permettra aussi d’assurer la sécurité à l’intérieur des prisons. Au-delà, c’est notre système judiciaire, en crise depuis des décennies, qui est interrogé et, avec lui, la société toute entière.
La colère sociale dans le milieu hospitalier qui unit le grand professeur comme l’aide-soignante, rejette la politique de soins passée au tamis d’une austérité appliquée sans discernement pour satisfaire des exigences comptables, et un budget de la santé anémié qui ouvre la voie à un système assurantiel vorace.
Il en va de même pour les EHPAD, ces établissements chargés de l’accueil des personnes âgées et dépendantes. Leurs salariés alertent avec leurs syndicats sur des conditions de travail qui mettent en danger les résidents, avec un manque criant de personnel pour affronter cet enjeu de civilisation que représente l’allongement de la durée de vie et son accompagnement.
Ce climat de luttes où l’on retrouve surveillants de prisons, salariés de Pimkie, des agents du nettoyage, des hospitaliers comme des cheminots, des élus locaux comme des agents de pôle emploi, oblige le gouvernement à ralentir la cadence infernale, annonçant pour les services pénitentiaires de nouvelles embauches tandis que la ministre de la Santé parle de 50 millions d’euros supplémentaires pour les agences régionales de santé. Voilà de quoi donner un peu plus de respiration aux salariés et aux usagers. Mais qui peut croire que ces modestes rallonges budgétaires puissent suffire à redonner sens au travail réalisé ? Toute la société est percutée par les choix actuels. Les biens communs et l’intérêt général sont de plus en plus remis en cause. Derrière la demande de respect, c’est l’enjeu de l’utilité des citoyens-travailleurs qui est mis sur le devant de la scène. Cette conscience peut être porteuse de nouvelles manières de s’unir, comme se soude autour de ses intérêts la petite caste de privilégiés comme nous l’avons vu à Davos. Elle sait que son système commence à bloquer les sociétés et le monde.
Cela ne l’empêche pas de vouloir aller vite. Très vite. La sulfateuse du pouvoir pour les semaines à venir prépare le sabordage du statut de la fonction publique et du système de retraite par répartition, ou encore l’attaque contre la formation professionnelle. Autant de contre-réformes qui risquent de se heurter à la réalité sociale d’un pays qui refuse la mise en pièce de ses solidarités.
Un système où 82% des richesses créées vont dans la poche des 1% les plus riches n’a pas d’avenir. Il provoque d’incommensurables blocages dans les sociétés. Le mouvement de transformation sociale et écologique doit affronter cette oligarchie qui empêche de financer des transitions nécessaires, agricoles, industrielles, numériques, sociales, démocratiques, de moderniser les services publics et l’offre de soins, ou d’assurer le bon fonctionnement du système pénitentiaire.
Comment le groupe Carrefour, premier employeur privé de France, peut-il laisser sur le carreau près de 5 000 employés en France dans le seul but de doper le cours de ses actions ? Pour 2016, ce groupe a pourtant touché 134 millions d’euros au titre du CICE ! Cet argent a-t-il permis d’assurer la formation des salariés, de travailler avec eux et leurs syndicats la mutation des métiers induites par le développement des technologies numériques et des tâches automatisées ? En aucun cas ! L’argent public versé à flots a simplement permis de gonfler le portefeuille des actionnaires pour assurer une place au groupe dans le bain concurrentiel mondial. On pourrait faire une démonstration similaire pour Lactalis qui pressure le travail dans ses usines et compresse le prix du lait payé au paysan tout en étant peu exigeant sur les contrôles sanitaires alors que la fortune des propriétaires, cachée dans les paradis fiscaux européens, les place au septième rang national.
Les oligarques ont eu des petites frayeurs à Davos en prenant conscience des contre-feux sociaux qui risquent de surgir du système obscène dont ils tiennent les manettes. Une brèche peut s’ouvrir dans le mur de l’austérité. Elle pourrait permettre de débrancher la sulfateuse anti-sociale.
2 commentaires
Bonjour monsieur, je partage entièrement votre point de vue. J’espère que vous le relayez et le traduisez dans d’autres médias, auprès de tous les publics, de jeunes en particulier, de toutes sortes de travailleurs/ses, y compris ceux/celles qui sont en recherche d’emploi. Pour que tous/tes le lisent, et peu à peu reviennent à la gauche, qui a besoin de se reformer.
Bonjour monsieur, la messagerie m’annonce que mon commentaire fait doublon et que je l’ai déjà envoyé, ce qui est faux. Erreur du serveur? Dommage.