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Lors de son entretien télévisé et plus encore dans son action, le Président de la République aurait du convenir qu’il faut changer de cap. Malheureusement, en plus d’une heure d’émission télévisée jeudi dernier, F. Hollande a semblé oublier son discours contre la finance prononcé en janvier 2012, lors d’un grand meeting. Il a aussi oublié les mots « gauche » et « progressiste ». Accepter les injonctions européennes et les mettre en œuvre avec zèle, comme il le fait, au mépris de son engagement à « réorienter » la construction européenne, ne peut qu’aboutir à aggraver les privations, les souffrances sociales, le chômage et les inégalités.
D’ailleurs, la même commission européenne qui oblige à l’austérité, a du reconnaître la semaine dernière que la baisse des dépenses sociales a « peut être contribué à aggraver la récession ». Avec un tel diagnostic, seuls les idiots se croient obligés de foncer dans le mur épais du malheur qui se répand partout, de Nicosie à Rome, de Madrid à Berlin, de Paris à Agen, d’Amiens à Châteauroux. Tous les indicateurs rendus publics ces derniers temps démontrent, s’il en était encore besoin, la profondeur des maux qui rongent nos vies quotidiennes.
Les statistiques officielles montrent que la baisse du pouvoir d’achat n’a jamais été aussi importante depuis trente ans, le niveau de chômage calculé bat tous les recours historiques. Depuis l’élection présidentielle on dénombre au moins 250 000 chômeurs de plus. La croissance de l’économie a été nulle l’an passé. Elle le sera de même cette année. La cause principale de tout ceci tient à la volonté permanente d’abaisser le niveau des rémunérations du travail salarié, paysan ou des artisans ; à une augmentation des prix à la consommation, et à un transfert de plus en plus grand de la fiscalité des entreprises sur les ménages, avec une part d’impôt direct et de prélèvements indirects avec la TVA et la taxe sur les carburants.
Au lieu de tirer toutes les leçons de cette orientation négative, F. Hollande a confirmé la semaine dernière qu’il allait poursuivre et amplifier ses choix. Ceci est inquiétant. Il veut par exemple réduire encore les crédits publics, allonger les durées de cotisation pour les retraites, ou taxer les allocations familiales.
En réduisant les possibilités d’achat des familles populaires, on réduit la consommation donc pour une part la production de biens et de services. La contraction des budgets publics, en application des traités européens, réduit les services publics nationaux et locaux, au point que leur fonctionnement commence à être entravé et qu’ils répondent toujours moins bien aux besoins des populations. On le vit tous les jours, à l’école où à l’hôpital par exemple. Les communes souffrent de plus en plus à cause d’une réduction de leurs moyens financiers.
Dés lors que les politiques successives mises en œuvre conduisent à un tel échec, le Président de la République et son gouvernement devraient en tirer évidemment les leçons et chercher d’autres voies, comme celle d’un autre partage des richesses créées par le travail, qui doivent revenir au monde du travail et de la création, donc l’augmentation des rémunérations, celle d’une réforme de la fiscalité, progressant vers la justice ; celle d’un autre rôle des banques qui doivent aider la production, par un crédit qui aide l’emploi et l’économie, la recherche, l’investissement utile ; celle d’un plan nouveau de défense et d’amélioration des services publics ; celle d’une action décidée pour défendre l’emploi en réunissant dans chaque département, des conférences pour maintenir l’emploi dans les grands groupes et pour aider les petites et moyennes entreprises ; celle d’un soutien net aux petits agriculteurs, particulièrement les éleveurs.
Créer les conditions du changement nécessite aussi, non seulement de désobéir aux orientations austéritaires des institutions européennes, mais d’appeler à créer un nouveau rapport de forces pour une Europe au service de l’emploi, du développement industriel et agricole, du progrès social et non des banquiers.
Il devient urgent maintenant que le gouvernement change de cap. Toutes celles et ceux qui restent attachés au changement progressiste et qui sont la majorité doivent le rappeler avec force au président de la république qui doit cesser d’aller de renoncement en renoncement.
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