Sortir de cette violence sociale

le 9 août 2021

Plus le président parle seul, notamment ces derniers jours sur les réseaux sociaux, plus le nombre de manifestants grandit, samedi après samedi. Il faut que la colère populaire soit puissante pour que tant de citoyens défilent ainsi dans les rues au cœur de l’été, dans tant de villes.

Ces mouvements n’empêchent d’ailleurs pas la vaccination de progresser, sans pour autant  encore combler les retards accumulés dans toutes les catégories d’âge.

A l’Elysée, comme dans quelques grands médias, il a été décidé de ne montrer de ces actions populaires que les mots d’ordre minoritaires les plus nauséabonds ou des exactions isolées afin de discréditer toute personne qui doute, et surtout pour braquer les projecteurs le plus loin possible des problèmes politiques, juridiques, sociaux que pose le passeport-sanitaire tel qu’il a été voulu en haut lieu.

Une abjecte pancarte antisémite brandie par une ancienne candidate de l’extrême droite est très utile au pouvoir. Et le suivisme du Conseil constitutionnel, approuvant les grandes lignes de la loi dite « d’urgence sanitaire », ne change rien au fait qu’elle est surtout un outil de reflux des libertés publiques et un couteau aiguisé entaillant encore davantage le droit du travail.

C’est la raison fondamentale pour laquelle, à l’unisson, les forces de gauche ont combattu le texte gouvernemental et ont ensemble voté contre.

Les enjeux sanitaires sont devenus le prétexte d’un basculement vers un autoritarisme aux allures démocratiques, et d’une accélération de la violence sociale envers les travailleurs.

Pire, le pouvoir tente de fracturer et de diviser encore plus la société, en demandant à une partie d’entre elle de contrôler l’autre.

Du reste, tout en approuvant la loi, le Conseil constitutionnel a relevé que les dispositions de celle-ci « portent atteinte à la liberté daller et venir, en ce quelles sont de nature à restreindre la liberté de se réunir, au droit dexpression collective des idées et des opinions ». Rien que cela ! Mesure-t-on la gravité d’un tel jugement de la part du gardien de la Constitution française ?

A rebours, la liberté totale de circulation des capitaux, elle, n’est pas entravée par cette loi, la fameuse liberté « d’entreprendre » non plus à l’instar de la liberté de l’infime minorité des possédants d’amasser de colossales fortunes sur le dos de l’immense majorité.

Le si sérieux, si angoissant enjeu sanitaire n’est que le prétexte pour sécuriser toujours plus l’oligarchie financière, numérique, pharmaceutique et industrielle alors que l’insécurité du travail grandit.

Curieux qu’il soit possible de circuler librement dans le métro et dans les trains de banlieue, alors qu’à la porte de l’usine ou du bureau l’employeur est tenu de devenir un agent de contrôle, habilité à disposer des données de santé de ses employés.

On ouvre ainsi la possibilité pour l’employeur de décider si celui qui travaille pour lui est apte à le faire ou non. Ce pouvoir était jusque-là dévolu à la médecine du travail, étouffée par les cures d’austérité.

Une subordination supplémentaire est donnée à l’employeur sur le salarié. La loi lui impose de suspendre la rémunération et l’activité de ce dernier s’il n’est pas vacciné et lui permet de rompre le contrat de travail dans des conditions bien plus défavorables pour le travailleur que le licenciement puisqu’il n’aura droit à aucune indemnité de départ « forcé ».

C’est une violence sociale sans nom contre les plus fragiles, les plus modestes et les plus pauvres qui ont du mal à se faire vacciner.

Présenté au nom de « l’intérêt général », ce texte a bien un contenu économique et politique. Demain, ces mêmes mécanismes de la société du contrôle généralisé pourront être réactivés pour combattre un choc économique ou un événement majeur touchant la nation. Ce n’est plus « la guerre au virus », c’est l’amplification de la guerre de classes.

Si le pouvoir avait décidé l’obligation vaccinale pour toutes et tous, le débat se déroulerait à l’extérieur de l’entreprise et ne modifierait pas la relation du citoyen avec le travail. La question sanitaire deviendrait un enjeu populaire, à condition que le président de la République cesse de remplacer les scientifiques et les médecins de toutes disciplines, qu’on cesse les mensonges et les propos contradictoires tenus depuis plus de 18 mois sur les masques, les tests, les respirateurs, puis sur les vaccins et les centres de vaccinations éloignés des populations les plus modestes.

En se plaçant toujours au premier rang à la place des scientifiques et du corps médical, le président entraine la science dans le discrédit de la parole publique.

Un consensus ne peut se construire sur la vaccination qu’à la condition d’une information exacte, respectueuse des citoyens, comprenant des débats contradictoires entre scientifiques lorsqu’il existe des points de doutes sur tel ou tel aspect de la vaccination  et des mesures de protection.

A la condition aussi que les enjeux de santé et donc d’un nouveau développement de nos systèmes de santé, prennent en compte les formations et les embauches nécessaires ainsi que l’amélioration substantielle des rémunérations des personnels soignants.

Enfin, on n’éradiquera pas la pandémie en un seul pays.

La France, plutôt que de suivre les trusts pharmaceutiques à l’Organisation mondiale du commerce, s’honorerait à prendre part à la bataille mondiale pour la levée des brevets et à impulser une nouvelle coopération mondiale afin de permettre à tous les peuples d’accéder à des vaccins efficaces. Ce serait plus utile que de vendre des Rafales et autres engins de mort.

Au lieu de tout cela, le pouvoir macronien joue la stratégie de la peur et de la tension, de la division et du mépris à l’égard de celles et ceux qui s’expriment, voulant à tout prix les classer dans le camp d’un obscurantisme qu’il a lui-même contribué à développer, notamment en janvier, en faisant fi des recommandations du conseil scientifique.

Le président veut se présenter en homme de raison et de « la réforme » et donc susceptible d’être le seul à rassembler à quelques mois des élections présidentielles et législatives. Tel est son cap : répondre aux exigences des grands groupes industriels et financiers tout en rassurant à droite pour gouverner toujours plus « à droite » s’il était réélu.

Plus que du vaccin, c’est de cette suffisance, de ces choix au seul service des plus fortunés, de la vente du pays à l’encan que ne veulent plus nos concitoyens qui manifestent comme celles et ceux qui ne le font pas. Aucun progressiste ne peut laisser advenir ce scénario catastrophique. Des alternatives progressistes doivent être mises en débat pour ne pas laisser nos concitoyens enfermés dans une tenaille empêchant toute alternative de progrès, de développement humain et environnemental.

Patrick Le Hyaric


5 commentaires


Moreau 9 août 2021 à 18 h 21 min

Je ne suis pas d’accord entièrement avec cet article. Je ne porte pas de jugements sur la lutte contre la pandémie elle-même à chaque niveau, par contre je partage entièrement qu’il y a des manques de social qui datent de bien avant la pandémie et qui se font ressentir comme jamais auparavant dans le pays, ce qui doit expliquer selon moi la participation importante aux manifestations. Je pense qu’il ne doit pas y avoir de restrictions de la liberté de circulation des personnes vaccinées munies d’un justificatif valide et valable qu’elles sont vaccinées.

Je pense, et ça ne date pas d’aujourd’hui mais aujourd’hui plus encore, qu’il y a bien besoin dans notre pays d’un changement pour des vrais progrès du social indissociable du progrès du sociétal au-delà d’un retard d’une cinquantaine d’années, et qu’il faut mettre en place sans remettre encore à plus tard le revenu d’existence avec un statut d’existence conditionnant tout bénéficiaire d’exercer selon la possibilité que la vie propose autre que le salariat et selon son choix de l’un de ses talents authentiques pour une activité essentielle utile selon l’obligation d’une justification simple de travail.

Je pense qu’il y a surtout manifestations contre l’impossibilité d’arriver à vivre comme c’était déjà dans les manifestations des Gilets Jaunes libres et pacifiques des Ronds-points.

L’urgence sanitaire est l’une des urgences réelles pour notre pays, pour l’Union Européenne, et pour le monde entier. Il est rassurant de savoir que la vaccination progresse. Ce qui ne progresse pas depuis trop de décennies, c’est le social et le sociétal. Je suis entièrement d’accord pour dire qu’il faut que ça progresse, que la France peut et doit réaliser le progrès réel du social et du sociétal sans les dissocier, au nom de l’application des droits humains universels pour chaque personne ; revenu d’existence et statut d’existence devant être assuré, garantie, sans discrimination d’âge dès que la personne ayant assez de compétences reconnues et en ayant le talent authentique pour l’activité, peut travailler.
PERSONNES FRAGILES N’EST PAS SYNONYME DE PERSONNES SANS AUCUN TALENT RÉEL ET SANS AUCUNE VRAIE COMPÉTENCE, je suis entièrement solidaire des personnes fragiles qui mériteraient d’arriver à vivre grâce à un revenu d’existence et à un statut d’existence.

Je suis solidaire des Gilets Jaunes avec ou sans gilet sur eux, libres, pacifiques et pacifistes. Il faut arrêter avec les colères, ça n’apporte rien de bon. L’opposition citoyenne bien fondée à l’alternance inédite de la République en Marche, oui ; la colère, non, ce n’est pas citoyen. Pour avoir de façon indissociable du progrès de social et de sociétal, il faut uniquement l’opposition citoyenne bien fondée. Je suis de pensée simple.

Le pays a bien besoin de vraie union politique de la vraie gauche, c’est évident.

Ainsi devient possible la fin de toute « violence sociale », il faut du pacifisme et des Citoyens pacifistes pour que la France aille mieux et bien.

Entièrement d’accord avec la proposition de compenser quelque(s) levée(s) de brevet(s) de vaccin salvateur et de coopération mondiale qui correspond bien à la culture populaire majeure cosmopolite trop abandonnée, c’est vrai, pour les politiques négatives et mauvaises du moins pire et du pire selon le surégoïsme dominant. Oui, pour un progrès sanitaire réel sans frontières.

Moreau 10 août 2021 à 8 h 27 min

L’immense problème des Français, c’est qu’ils auraient du patriotisme, le vrai, s’ils avaient veillé à vivre en Peuple diplomate, la République, la vraie, c’est le Peuple, diplomate ; et ce n’est pas difficile, ce n’est que du bon sens somme toute.
A mon humble avis, la diplomatie du Peuple notamment pour les idées nouvelles ainsi que les idées nouvelles qui ont déjà une cinquantaine d’années et ne font toujours pas parler d’elles dans les médias, oui ; la colère, les violences, du Peuple, non. Parce colère et violences ne peuvent pas remplacer diplomatie du Peuple et idées contemporaines.
Pour moi, c’est une évidence même, quand un système politique fait des Oubliés pour ne pas en dire plus car il y a tellement à redire ; il faut un statut d’existence pour chaque personne du nombre de personnes autres que les Salariés, les Entrepreneurs, les Fonctionnaires ; dont beaucoup parmi eux ont des difficultés pour vivre, c’est vrai, mais il y a les Oubliés qui arrivent encore moins à vivre.
A mon humble avis il faut pour chaque personne sans emploi salarié, sans entreprise rentable, sans place de fonctionnaire ; UN STATUT D’EXISTENCE ET UN REVENU D’EXISTENCE CAR C’EST INDISSOCIABLE ; ça devrait être fait depuis les années 60 que le besoin est le même s’il y avait en France une classe politique travailleuse et sérieuse. C’est en travaillant bien que l’Homme peut réfléchir bien. Il y a toujours beaucoup d’activités essentielles possibles dans une société comme celle en France pour peu de concevoir le travail humain avec intelligence et bonté ; qualités et valeurs universelles.
Et donc une nouvelle société peut entrer autant en progrès réel, la fichue croissance économique n’a pas été le progrès réel, il y a de fortes inadéquations et de fortes irresponsabilités, et de fortes inéquités. Il n’y a même pas encore l’adelphité ! Liberté Équité Adelphité ! Et dans une société autant en progrès réel, une vaccination et un pass sanitaire sont zéro problème réel. Par contre, autre évidence réelle, pas du tout de coopération sanitaire communiste universaliste et socialiste universaliste, ça, c’est un véritable grand problème sidérant en deuxième décennie du vingt et unième siècle.
Quand la gauche en France parle du pass sanitaire, et ne parle pas du tout du statut d’existence pour chaque personne dont l’idée est en souffrance dans le pays profond du Peuple diplomate, n’ayant donc rien compris depuis les années soixante et surtout depuis le début des années 70 ; je ne suis pas d’accord. L’une des causes principales des abstentions de beaucoup de personnes est d’avoir manqué de bonne attention à l’égard de la démocratie et du Peuple diplomate tel qu’il n’était pas exécrable dans les années 60 et les années 70 encore. Les 110 propositions de 1981 étaient honorables, pas exécrables.
Je ne suis pas d’accord, c’est de LA DÉSINFORMATION PARTICIPATIVE ET DE LA PARTICIPATION FLAGRANTE SOUS CETTE FORME AU SYSTÈME PERFECTIBLE MAIS TOUJOURS EN SOUFFRANCE souffrant d’un manque de socialisme universaliste, le vrai ; et d’un manque de communisme universaliste, le vrai. C’est pourquoi une fois encore des centaines de milliers de personnes doivent manifester, certaines mal embringuées par les droites et autres camps exécrables.
Beaucoup de gens ne cherchent qu’à vivre, qu’à finir leur passage sur la Terre ; ils sont encore des Oubliés dont bon nombre ne s’adresse plus à beaucoup de monde sachant qu’un Peuple qui n’est pas le Peuple diplomate est Peuple vain.
Les « ismes » des droites et des camps les plus exécrables jusqu’à donner la nausée, ont la partie trop facile tant c’est trop facile  tout ça ainsi ; ça fait bien cinquante ans que le pays souffre de ça.
LIBERTÉ (ça ne sera pas toujours la pandémie), ÉQUITÉ (il faut le statut d’existence), ADELPHITÉ (il faut au moins la liberté, le statut d’existence, et ce qui peut aller avec.).
Ce ne sont pas les bonnes vraies solutions d’amour qui manquent en France, c’est une bonne classe politique qui manque à la France, à l’évidence plus vive avec les urgences.BONNE RÉVOLUTION DIPLOMATE !

Moreau 11 août 2021 à 14 h 06 min

Chers citoyennes et chers citoyens ; ce n’est pas avec de la guerre civile anti-sociale qu’on peut faire la société, quand c’est la guerre civile, il n’y a plus de société, le social ça devient compliqué, dangereux, quand il y a une pandémie. C’est avec du social dont toute vaccination fait partie et avec du sociétal, qu’on peut faire la société. Il n’y a pas assez de social et de sociétal du vingt et unième siècle en France, il ne faut pas exiger encore moins que le redressement social en cours depuis les manifestations des Gilets Jaunes des Ronds-Points. Il faut la continuité des manifestations des Gilets jaunes des Ronds-Point pour le redressement social et le sociétal du vingt et unième siècle.

Ce qui est vrai, c’est qu’il faut plus de social et pas moins, avec aussi plus de réponses sociales et sociétales de vrai communisme universaliste et de vrai socialisme universaliste. La société française et européenne ne peut être avantageusement que libérale universaliste vraie, communiste universaliste vraie, socialiste universalistes vraie ; il faut savoir se parler entre nous de la révolution perpétuelle diplomate qui est exempte de toute violence, de tout clivage entre universalistes des trois spécificités fondamentales pour le vingt et unième siècle.

C’est ainsi que des progrès inédits sont possibles et il y en a tellement besoin.

LIBERTÉ ÉQUITÉ ADELPHITÉ

Moreau 11 août 2021 à 14 h 29 min

Il faut la révolution perpétuelle et diplomate française et européenne. Il ne faut pas des manifestations entrant en contradiction avec les manifestations des Gilets Jaunes libres pacifiques et pacifistes, cosmopolites aussi, il faut plus de social et de sociétal du vingt et unième siècle pour que la population qui n’arrive pas à vivre puisse y arriver, et alors vive la vraie gauche universalistes avec ses bonnes réponses qui manquent actuellement, il faut évoluer avec clarté, avec gentillesse, avec diplomatie universaliste.

Moreau 11 août 2021 à 19 h 12 min

Il faut dire MERCI aux sapeurs pompiers qui avec humilité, dévouement, talent, voire avec patriotisme, ont vacciné, vaccinent des personnes qui franchisse le pas après avoir eu peu de la vaccination, et sans savoir où et avec qui en parler, j’ai lu que c’était dans l’Oise et que c’était organisé dans l’Oise. Le principal, c’est d’arriver à vacciner les personnes tant qu’étant informée, elles préfèrent se faire vacciner.

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