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Sur un ton badin, inquiet, ou interrogatif, l’épidémie de Coronavirus s’est invitée dans toutes les discussions au travail, dans les familles, villages et quartiers. La crainte d’une propagation incontrôlée du virus est tout à fait légitime. Et nous ne pouvons que conseiller de suivre les préconisations des autorités sanitaires. Un gouvernement devrait dans pareil cas suspendre ses travaux pour se concentrer sur l’édification d’un dispositif de soins d’urgence apte à faire face à l’afflux prévisible de personnes malades ou croyant l’être.
Or il fait tout l’inverse. L’utilisation de l’article 49.3 pour imposer une contre-réforme des retraites rejetée par une large majorité en plein week-end, alors que le pays est pétrifié par la menace du virus, est un acte d’une très grande gravité qui ne servira les intérêts de personne. Le fait que les députés de la majorité n’aient pas été prévenus par le Premier ministre de cette décision indique qu’elle a été prise dans l’urgence pour profiter du vent d’inquiétude généré par le Coronavirus.
Un cynisme au carré s’est emparé du gouvernement. Utiliser pareille situation au profit de son seul agenda politique témoigne à la fois de son cuisant échec et d’un affaissement considérable du respect de la chose publique. Peut-être compte-t-il détourner les regards de la situation critique d’un hôpital public en première ligne de l’épidémie ? Pourtant les débats stimulants et essentiels ne manquent pas sur les enjeux sanitaires, la mondialisation capitaliste, le rôle des instances internationales.
Le virus est devenu phénomène social. Il fonctionne comme un révélateur de l’état de nos solidarités comme des effets de la mondialisation capitaliste. Et pose une question : comment les sociétés peuvent-elles faire face à des phénomènes épidémiques de cette ampleur ?
Il convient d’abord de saluer le rôle de l’Organisation mondiale de la santé qui se révèle à la hauteur de la situation, anticipant en toute indépendance les risques de pandémie. L’épidémie met ainsi en évidence l’utilité des organismes internationaux de coopération affiliés aux Nations-unies dans la résolution des phénomènes qui se jouent des frontières.
Mais, paradoxalement, le caractère mondial de l’épidémie met en lumière les vices de forme de la mondialisation capitaliste. La transformation de la Chine en atelier du monde par un processus de division internationale du travail poussé à l’extrême n’a pas eu pour seule conséquence d’entrainer la désindustrialisation et l’installation d’un chômage de masse. Elle a également crée une situation d’ultra-dépendance du système productif mondial, le rendant d’une très grande fragilité. La politique du « zéro stock » inventée pour fluidifier et doper la circulation de marchandises et de capitaux se révèle désastreuse. La plongée spectaculaire des bourses mondiales pourrait avoir des répercussions considérables. Et le virus se transformer en étincelle sur le brasier financier international.
Enfin le contrôle de l’épidémie réclame un service public de la santé fort appuyé sur un système hospitalier performant. Celui hérité de la République sociale, animé par des personnels extrêmement qualifiés et dévoués, fait honneur à notre pays. Il est malheureusement laissé depuis des décennies d’austérité budgétaire, dans une situation chaque jour plus critique que seul l’abnégation et l’engagement des médecins, infirmières et personnels permettent de maintenir à flot. La défense et la modernisation de nos solidarités, de notre système de Sécurité sociale comme des retraites solidaires par répartition sont plus que jamais à l’ordre du jour et non leur destruction. Il faut d’urgence débloquer 4 milliards d’euros pour l’hôpital public. Cette somme est absolument nécessaire pour affronter l’épidémie. Elle doit devenir pérenne comme le réclame les syndicats. Ce ne serait qu’un rattrapage des saignées successives subies par l’hôpital public. Voilà à quoi devrait œuvrer le gouvernement au lieu de se prêter à de vulgaires manœuvres anti-démocratiques.
1 commentaire
” Utiliser pareille situation au profit de son seul agenda politique témoigne à la fois de son cuisant échec et d’un affaissement considérable du respect de la chose publique ”
L’échec en question n’empêche pas le régime macronien de faire comme s’il gagnait. C’est d’ailleurs un élément du ” cynisme au carré ” rappelant l’ère Thatcher : tant que ça passe, on accélère, les dommages collatéraux faisant partie des objectifs puisqu’il lui faut détruire avant de livrer les décombres aux vautours.