Quel Président français à la table du conseil européen ?

le 18 mars 2017

En finir avec une Vè République à bout de souffle est un souhait de plus en plus partagé, comme ici à Nuit Debout.

Choisir le Président de la République, c’est aussi choisir les moyens que se donne la France pour transformer la construction européenne qui fait l’objet d’un rejet populaire jusqu’ici inconnu. Un rejet si massif que le Président de la Commission européenne s’est lancé dans un feu d’artifice de propositions qui ont toutes pour point commun de proposer des changements « pour que surtout rien ne change … » pour la haute finance.

Dans l’actuelle campagne de l’élection présidentielle, les enjeux européens ne sont envisagés que sous des angles aussi dangereux que réducteurs pour empêcher toute construction alternative. Pourtant, à la table du Conseil européen, le chef de l’Etat français joue un rôle décisif qui pourrait permettre un nouveau rapport de forces afin d’engager le continent vers une refondation sociale, démocratique et écologique, dans le respect des souverainetés de chaque peuple et de chaque pays.

Rien de cela évidemment dans le projet de M. Fillon, ni dans celui de M. Macron qui copie-colle point par point les iniques recommandations de la Commission européenne. L’extrême droite se nourrit des déceptions et des colères pour mieux imposer « un national capitalisme » qui accentuerait les divisions entre salariés, et amplifierait  les guerres économiques.

Les uns comme les autres évacuent la question démocratique, la nécessité de s’émanciper des marchés financiers et de leur pression sur les travailleurs et le tissu industriel, des migrations et des réponses à apporter tant en terme d’accueil que de co-développement, celle des services publics, d’une nouvelle politique agricole commune intégrant la vie des paysans et la nécessité d’une alimentation de qualité, des indispensables coopérations pour les transitions environnementales et pour conjurer le réchauffement climatique, des moyens de réduire des dettes scandaleuses et illégitimes accumulées par les Etats pour sauver les banques.

S’arc-boutant sur une conception dépassée et exécrée de la construction européenne, le Président français propose un retour en arrière pour fédérer le cœur de l’Union européenne autours des pays capitalistes les plus dynamiques et de se délester de ceux qui rencontrent le plus de difficultés, à mille lieux des ambitions de solidarité proclamées par le traité fondateur de Rome.

Un nouveau Président de la République devrait se donner l’objectif de tracer une voie nouvelle sur le continent, dans l’intérêt de tous les peuples qui le composent. Il est devenu évident que la recherche des excédents commerciaux pour écraser ses partenaires ne conjure pas du risque de l’extrême droite. La progression fulgurante des forces nationalistes aux Pays-Bas comme en Allemagne le démontre amplement. L’Europe sera solidaire, ou ne sera pas !

Dans ces élections présidentielle et législatives, il convient d’aider à pousser ces débats pour prendre en compte l’intérêt du monde du travail et l’avenir de la jeunesse. Nombre d’entre qui préconisent le consensus « gauche-droite » se gardent bien de rappeler qu’il a présidé, avec leur accord, à toutes les étapes d’une construction européenne ultra-libérale contre les peuples, l’emploi et le « bien-vivre ».  Vont-ils porter l’exigence de nouveaux traités fondés sur la coopération, l’emploi, les services publics, la défense de critères sociaux et environnementaux ?  Vont-ils agir pour sortir du traité budgétaire et des systèmes de contrôle des budgets nationaux ? Vont-ils exiger la fin des traités de libre exploitation des travailleurs du monde et de l’environnement qui se multiplient sur commande des firmes multinationales avec le Canada, l’Afrique de l’ouest ou les Etats-Unis ? Vont-ils s’engager à mobiliser le peuple français et les peuples européens, avec leurs organisations syndicales, associatives et citoyennes, autours d’objectifs de progrès social, écologique, démocratique comme les y invite la Confédération européenne des syndicats ?

Il est temps que les dettes, qui servent d‘argument et d’outil aux marchés pour martyriser des millions de femmes et d’hommes comme le montre le tragique exemple grec, fassent enfin l’objet d’une conférence européenne qui viserait à leur restructuration, à une révision des modalités de remboursement, voire à une annulation des créances illégitimes. Les milliards créés par la banque centrale européenne ne doivent plus être mis à la disposition discrétionnaire des marchés financiers mais orientés vers l’emploi, les salaires, les services publics à travers un fonds public géré démocratiquement. La banque centrale elle-même doit être placée sous contrôle démocratique. Le fonds dit « Juncker » devrait être transformé en un grand fonds de développement social, humain et environnemental permettant des reprises de dettes pour soulager les Etats et pour développer de nouveaux services publics européens pour des transports écologiques , pour une rénovation de l’habitat, pour impulser de grands choix comme celui d’une sécurité de formation et de travail pour la jeunesse.

Se saisir de toutes ces questions est le plus sûr moyen de ne pas continuer à subir en spectateur  l’inquiétante dérive à l’œuvre et des choix toujours imposés.


13 commentaires


Lemozit 18 mars 2017 à 13 h 32 min

VOTEZ MELENCHON

pierre 19 mars 2017 à 21 h 20 min

Quel Président Français?
Macron, hélas, hélas, hélas.
(En tout cas, tout est fait pour…)

le.ché 20 mars 2017 à 9 h 45 min

Je suis d’accord avec toi, mais si on fait tant de bruit avec Macron c’est pour la simple raison que Macron est le candidat du capitalisme mondialisé, autrement dit des banques, il a d’ailleurs travaillé pour la banque Rothschild.

chb 20 mars 2017 à 8 h 36 min

Marrant qu’un parti dit politique ne prenne pas position clairement pour un candidat. Pour ne pas gêner ni Macron, ni Porochenko, ni la Saoudie etc, le PCF marche à l’ombre ?

le.ché 20 mars 2017 à 9 h 40 min

Le seul candidat qui avait un programme sérieux pour changer l’Europe était Jacques Nikonoff du PARDEM, parti de la démondialisation, malheureusement il n’a pas eu assez de soutien d’élus pour confirmer sa candidature. Il reste JL. Mélenchon mais je pense qu’il n’aura pas le courage de sortir de cette Europe capitaliste. Mon espoir de changer les choses est donc très mince pour ne pas dire nul.

Al1/35 20 mars 2017 à 12 h 02 min

Le pardem a un vrai programme construit et réfléchi pour sortir de U.E malheureusement Jacques Nikonoff n’a pas obtenu le nombre de parrainages nécessaires ….

chb 21 mars 2017 à 13 h 27 min

Après le débat télévisé (d’où sont absents les “petits candidats”, contrairement à l’esprit démocratique qui évidemment ne s’impose pas à la télé privée) :
faut-il voter Hamon, et réserver la répartition de qques sièges avec ce qui restera de PS ?
faut-il voter Macron, pour éviter Lepen et Fillon ? Le premier tour ayant déjà eu lieu, en qque sorte.
ou faut-il un autre candidat, par exemple celui que les communistes ont choisi malgré ses imperfections programmatiques et personnelles ?

Moreau 21 mars 2017 à 17 h 50 min

Pourquoi est-il impossible de parler sérieusement en France des politiques ? Nombreux sont les Citoyens qui au quotidien n’ont pas du tout les mêmes approches politiques car leurs approches sont altruistes et non partisanes, le surégoïsme est dans toute partisanerie fermée aux autres, ce qui est le cas, puisque les maires ont commis la faute politique de ne pas accorder leur signature à Rama Yade selon la déontologie républicaine dans laquelle prévaut que les républicains authentiques quelle que soit leur politique spécifique préférée doivent accorder leur signature à toute personne républicaine authentique, le parrainage sectaire n’est pas le parrainage républicain. Tout cela capitalise pour une monopolisation droitière de l’élection présidentielle notamment lors du second tour.
Les Citoyens parlent aussi au quotidien de l’Europe et des députés européens ; en dénonçant unanimement que pour des Hommes politiques qui se sont fait élire députés européens en promettant l’autre Union Européenne, et qui peu de temps après avoir commencé leur mandat se sont mis à dire que l’euro ne vaut rien et qu’il faut défaire l’Union Européenne, bref, à discourir contre l’Union Européenne. Trop, c’est trop, s’ils sont contre l’euro et inutiles à la construction européenne, qu’ils démissionnent donc au lieu de conserver la place de député européen, et de s’enrichir avec la paye en échappant par leur opposition déplacée à leurs responsabilités, au bilan de leur députation européenne. C’est de ça dont parle des Citoyens de conversation en conversation.
Etre contre l’euro ou/et contre la construction de l’Union Européenne après s’être fait élire en promettant de construire une véritable société européenne voire l’autre Europe littéralement culturelle, associative, et sociale, et ne pas démissionner permet à ces députés européens d’échapper à leurs responsabilités politiques ainsi que de faire passer leur inutilité inaperçue car ils donnent bien sûr une impression de servir pour ceux qui vivent inconscients qu’ils échappent par leurs manquements à leur profession de foi qui les a fait élire et leur non démission ; à leur devoirs à l’égard du Peuple. Le bilan des députés européens contre l’euro et s’abstenant de construire l’Union Européenne est zéro, or ils ont perçu un salaire pour servir la construction de l’Union Européenne. Ce sont les gens qui paient, les gens paient pour rien des profiteurs qui s’imaginent que tout le monde est dupe mais tout le monde n’est pas dupe. C’est de ça que parlent les Citoyens au quotidien. Pas de Macron spécialement !
Il y a des Hommes politiques de tous les partis et de tous les mouvements qui feraient bien de balayer devant leur porte.
Il ne suffit pas de critiquer les 1% qui détiennent plus d’argent que les 99% parce que
la course aux armements hélas donne une relative légitimité à ce surégoïsme, cette critique ne pouvant avoir son sens qu’en présentant à chaque élection une politique de désarmement de nature à remplacer la course aux armements par le désarmement sans lequel tout indique que nous allons vers une troisième guerre mondiale. C’est de ça dont parle les Citoyens qui ne sentent pas du tout concernés par les débats politiques à la télévision.

lam.lem 29 mars 2017 à 16 h 02 min

Il y en a qui doivent bien rigoler : l’Europe telle qu’elle apparaît et dont ils ont toujours rêvée.
Soumise, esclave, peureuse…

D’ailleurs leurs descendants gouvernent cette Europe. “regardez à l’Est >> Allemagne.

Alors ceux qui rigolent sont : Bismarck, Guillaume II, Adolf.
Ce qu’ils n’ont pas fait par la guerre (1815, 1870, 14-18, 39-45) ils le font avec le ponion et tous les Pétain de l’Europe. Ils désirent toujours leur ” VATERLAND ” moyennageux ” ESPACE VITAL “, ils n’ont pas changé, pour ces ” BOCHES “, c’est la plus belle chose qui pouvait arriver et avec la bénédiction et la Collaboration des dirigeants européens

Arrêtez vos grands débats vos grands airs et regardez l’histoire dans les yeux, rendez-vous à l’évidence

alain harrison 10 avril 2017 à 1 h 33 min

Bonjour.

«« Les milliards créés par la banque centrale européenne ne doivent plus être mis à la disposition discrétionnaire des marchés financiers mais orientés vers l’emploi, les salaires, les services publics à travers un fonds public géré démocratiquement. »»

Un fond public géré démocratiquement.
Bien il reste à définir cette structure et ses prérogatives………..

Y aurait-il deux systèmes économiques, un publique et un privé ?

Comment serait encadré ces deux entités ?

C’est une alternative intéressant a priori, mais il faudrait la regarder en fonction du programme cu CNR, principalement la partie concernant l’économie: la cotisation.

Donc, un regard approfondi sur l’historique de la mise en place de la cotisation, et quels sont les facteurs déterminants qui ont conduit à sa disparition quasi totale aujourd’hui.

Voilà qui nous éclairerait sur la question de deux systèmes économiques parallèles.

Vous ne croyez-pas ?

L’autre aspect déterminant de l’économie, est la question du revenu de base versus le salariat, il y a bien quelques débats et discussions, mais il manque la question de base qui n’est pas approfondi: la pauvreté matérielle qui induit la pauvreté intellectuelle.
Cette question ne devrait-elle pas conditionner le débat et les discussions ?
Quelles en sont les implications ?

JL Mélenchon parle qu’il engagerait une rencontre des différents chefs d’état pour discuter de la sécurité.
Oui, la sécurité (….) est un des éléments fondamentaux pour l’épanouissement de toute société. Cette question implique une foule d’autres sujets., santé, éducation, liberté de se déplacer,………..
Cette approche est louable, mais dans la mesure qu’elle ouvre sur l’ensemble de la réforme de l’UE, avec obligation de résultats et ses échéances. Que des résultats dans le temps soient palpables pour les différents peuples formant la réalité de l’Europe.

Aussi, le programme doit avoir un contenu signifiant les objectifs et leurs résultats concrets.

Mais, il ne faut pas se le cacher, la réforme devra être radicale où elle ne vaudra rien. Les programmes de demies mesures ne sont plus acceptables. M. Jl Mélenchon devra avoir son équipe, ne jamais être seul (déviations des objectifs), tout comme les chefs d’état, ceux qui seront animés par l’intérêt de leur Peuple respectif, de la solidarité, de la coopération et de la complémentarité, des CRITÈRES de cohésion dans le respect des priorités de chacun. Difficile mais pas impossible, dans la mesure que les pays reconnaîtront les priorités fondamentales qui auront des effets bénéfiques sur l’ensemble et qui faciliteront l’atteinte des résultats recherchés, comme la mise à niveau des secteurs nécessaires à une cohésion pour une UE sociale, écologique et dans laquelle l’économie sera au service de l’ensemble tout en respectant les cultures auxquelles revient la responsabilité de rectifier les aberrations.

Je crois que la formulation du projet de changement doit en montrer l’évidence, la faisabilité et l’implication de tous, vue l’ampleur et les défis, difficile mais pas impossible, et que la clef réside dans les priorités, les plus synergiques vers les moins, le tout est déterminé par l’objectif fondamental, et c’est cet objectif qui conditionne l’agenda.
Pour le capitalisme, l’objectif qui conditionne l’agenda est le profit.

Alors……..

alain harrison 10 avril 2017 à 2 h 07 min

Plus nous aurons une vision global et plus nous serons en mesure de prendre les bonnes décisions, mais le questionnement devra être intraitable pour mettre un terme aux polémiques stériles.

alain harrison 10 avril 2017 à 4 h 32 min

Lors de ces discussions sur la sécurité, mettre en évidence la pauvreté, démontré que la pauvreté entretenue est un facteur de destabilisation des sociétés.

Mais il faut revoir nos critères de matérialités du bien vivre.

La qualité et la durabilité doivent être le critère décisif dans la fabrication d’objets.
Quand à l’utilité, on verra avec le temps.

Le type d’économie est un autre facteur de stabilité ou de destabilisation des sociétés.

Il faut penser à la nouvelle économie, non basée sur le système inextricable actuel.

inextricable. Qui ne peut être démêlé ; dont on ne peut reconnaître les éléments : Fouillis inextricable. Embrouillé, complexe, qu’il est difficile de clarifier : Problème inextricable.

alain harrison 10 avril 2017 à 4 h 34 min

Le grand défi sur le court, le moyen et long terme est l’économie instable.

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