ON CONTINUE

le 30 septembre 2010

« Décélération incontestable ». Quelle trouvaille ! Voilà les insultants mots employés par le pouvoir pour qualifier, au mépris de toute réalité, les mouvements contre l’abrogation du droit à la retraite à 60 ans du 23 septembre dernier.Maître dans l’art du mensonge, le président de la République lui-même s’était fendu d’un communiqué depuis son palais. Il y annonçait une diminution du nombre de manifestants avant même la formation du cortège d’Ile de France, alors que ceux de villes comme Marseille, Toulouse, Nantes ou Lyon étaient énormes. Voilà un acte qui ne rehausse pas la fonction de Chef d’Etat. A vouloir nier ainsi la réalité, nier la force du refus de cette régression sociale, le pouvoir confirme qu’il méprise les citoyens.

Toutes les enquêtes d’opinion montrent pourtant qu’une large majorité de près de 65 % d’entre eux refuse le saccage du droit à la retraite à 60 ans. Le mouvement s’est élargi ce 23 septembre à de petites entreprises. Les cortèges dans les petites et moyennes villes étaient très importants. Les jeunes se sont plus mobilisés, davantage conscients que c’est leur avenir qui est en cause. L’inégalité entre les hommes et les femmes au travail et à la retraite est revenue en force dans le débat public. La pénibilité du travail aussi.

De discussions en discussions, progresse l’idée que le système capitaliste aliène l’individu dans un travail dorénavant de plus en plus « pénible » pour toutes et tous. De loin en loin, chacune et chacun découvre qu’il vend sa force de travail comme une marchandise de moins en moins bien rémunérée, pour servir le profit, le dividende et la spéculation, dans des conditions physiques, psychiques et de stress de plus en plus difficiles. Au terme de la période dite de « travail », où la durée de cotisation a déjà été allongée de plus de deux années, le pouvoir veut encore reculer l’âge ouvrant droit à la retraite à taux plein. La France est ainsi devenue le pays d’Europe où la durée de cotisation est la plus élevée.

Le Chef de l’Etat a cru pouvoir mener cette contre-réforme réactionnaire à marche forcée. Les syndicats ont été priés d’avaliser ses choix, plutôt que de participer à une véritable négociation. Le débat à l’Assemblée Nationale a été censuré. Pire, des amendements y ont été ajoutés pour démanteler la médecine du travail et favoriser la retraite par capitalisation. Le premier ministre a opposé, avec arrogance, dit-il un « non ferme et tranquille » à l’expression populaire. Ce déni d’écoute oblige à faire de la journée du 2 octobre à l’appel des syndicats, soutenus et encouragés par toute la gauche sociale et politique, un mouvement populaire extraordinaire, irrésistible, incontestable. Le 2 octobre est une nouvelle étape à la veille de l’examen du texte au Sénat.

Il convient de le réussir pour la justice. Le problème fondamental de financement des retraites n’est ni la démographie, ni le manque d’argent. L’objectif est de transférer une part encore plus grande des richesses produites par le travail vers le capital, sous la  dictée des injonctions des agences de notations internationales, à celles de la Commission de Bruxelles et du Fonds Monétaire International. Il s’agit de choisir la vie humaine ou la rentabilité boursière.

Il convient de réussir le 2 octobre pour la jeunesse. C’est elle qui demain risque d’accéder à la retraite à 67, 70, 75 ans après avoir subi la précarité et le chômage.

Il convient de le réussir pour un autre projet de civilisation. A la cohérence régressive de l’ultra-droite, opposons une cohérence progressiste. Au lieu de laisser le pays se désindustrialiser, le chômage augmenter, réduire ses services publics, la création de milliers d’emplois constituerait des ressources pour les caisses de retraite et de protection sociale. Au lieu de l’austérité avec le blocage des rémunérations pour satisfaire les marchés boursiers, des augmentations de salaires permettraient des rentrées dans les caisses de retraite. Surtout, la mise à contribution des revenus financiers du capital au même niveau que les salaires changerait totalement leur situation.

Enfin, se mobiliser le 2 puis le 12 octobre c’est dresser un barrage solide aux projets destructeurs à venir du pouvoir. En effet, après l’abrogation du droit à la retraite à 60 ans, il compte s’attaquer au système d’assurance maladie, mettre en place l’assurance dépendance pour les personnes âgées, et faire des pas supplémentaires dans le déremboursement des médicaments. La Droite, pourtant en pleine capilotade, en pleine division, n’a aucun mandat pour l’enterrement de la retraite à 60 ans. Mais elle sait s’unir sur le dos du peuple.

Messieurs et Mesdames du pouvoir, là où vous avez cru voir une « décélération », nos concitoyens vous répondront par un large front uni populaire.

On continue, pour obtenir le retrait de cette contre-réforme anti-démocratique, injuste et inefficace, et en imposer une autre.


0 commentaires


Patrick Albert 30 septembre 2010 à 7 h 24 min

Pourquoi les députés ou sénateurs du Front de Gauche continue à discuter cette contre-réforme sur les retraites qui n’est pas amendable car complétement réactionnaire.

Carillon Jean 30 septembre 2010 à 12 h 37 min

Face à cette droite réactionnaire qui ne veut entendre le peuple et qui ment comme elle respire, il n’y a pas d’autre solution que de faire des 2 et 12 octobre deux énormes journées de grèves et manifestations pour qu’enfin Sarkozy s’en aperçoive et qu’il abandonne cette “pseudo-réforme”.

Lefevre michel 30 septembre 2010 à 23 h 27 min

oui c’est l’arrogance et le mépris qui menent aujourd’hui la politique de la FRANCE !
mais hier c’etait pareil j’ai 70 ans et mon pére était dans cette mantalité !il avait le mepris pour le monde ouvrier et salarial en general ,il n’était pas le seul bien sur.
Il avait adhéré au poujadisme cela en disait long sur la mentalité qui n’aitait pas loin de l’extreme droite.
pour moi je ne suis pas étonné j’ai connu cette époque ou c’était ainsi et je sais que bien avant déjà c’était comme ça!mon pére faisait dit on partie de la petite bourgeoisie et ce sont les pires par rapport à la grande bourgeoisie!
nous avons à la tête du pays un de ces petits bourgeois et il veut faire rendre gorge à la classe laborieuse! C’est la revanche d’une classe sur l’autre.
Malheuresement il a le droit pour lui et les forces et institutions républiquaines avec lui ! les Français ont choisi démocratiquement ce chef ! et je connais beaucoup de gens qui s’en mordent les doigts.
et ceux là aussi vont encore avaler des couleuvres !

BIGONSKI Suzanne 1 octobre 2010 à 16 h 23 min

J’ai participé à la manif de Bruxelles. En fait de “décélération” 800 cars venus de toute l’Europe du nord ainsi que du nord de la France, quelle belle preuve ! Des drapeaux de toutes les couleurs des syndicats multiples et tout le monde avec les mêmes revendications pour les retraites, contre les délocalisations qui font perdre des milliers d’emploi, contre la suppression des services publics, les coupes sombres dans les budgets de la santé et de l’Education nationale. Et tout le monde d’accord pour aller plus loin que des manifs ! Je suis rentrée exténuée mais dans un état euphorique de voir enfin cette union des peuples européens prendre forme contre l’U E qu’on veut nous faire avaler

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