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Par Patrick Le Hyaric
La colère sourde et diffuse qui traverse les profondeurs des entreprises, des quartiers, des villages se mue en actions collectives. La question sociale est de retour. Elle l’est dans des conditions nouvelles et dans des termes nouveaux.
Dans de multiples secteurs, des professions de santé aux agriculteurs, des enseignants aux salariés des secteurs publics, de la justice jusqu’aux notaires, des actions citoyennes pour défendre l’environnement ou les libertés à des actions des élus contre les rationnements budgétaires ou encore à celle des artisans taxis, une vague profonde de contestation des choix décidés dans le cadre du libéralisme échevelé se déploie de multiples façons. Cette nouvelle situation est propice au débat sur des propositions nouvelles pour sortir des impasses actuelles. Nourries de l’expérience que la stratégie de déréglementation libérale et des cadeaux permanents aux grandes entreprises n’a strictement rien à voir avec l’efficacité économique et le recul du chômage. Une large majorité de nos concitoyens rejette le pas supplémentaire que propose le pouvoir : la destruction du droit du travail.
Toute la politique mise en œuvre depuis le début du quinquennat n’a visé qu’à pressurer la valeur du travail rémunéré pour restaurer et gonfler les marges des grandes sociétés industrielles et financières. Comme au siècle dernier, où on expliquait que « les profits d’aujourd’hui feraient les emplois de demain », les metteurs en mots du langage de l’exploitation capitaliste, expliquent que licencier sans entrave permettra de réduire le nombre de chômeurs ; qu’on ne va pas précariser, mais qu’on flexibilise ; que la démocratie, c’est organiser des référendums dans les entreprises avec un pistolet sur la tempe des salariés ; que les heures supplémentaires sont presque des heures travaillées comme les autres ; que le temps d’astreinte n’est pas du travail et ainsi de suite. Bref, un flot de mensonges pour camoufler le service aux puissances d’argent.
En vérité, le pouvoir applique avec zèle les choix du Conseil et de la Commission de Bruxelles qui imposent à chacun des pays européens de s’engager dans la grande restructuration de leur économie. C’est la mise en œuvre méthodique de la demande du président de la Banque Centrale Européenne qui appelait, il y a quelques temps à « la fin du modèle social européen ».
Ce sont ces choix qui font que l’Union européenne est la lanterne rouge de l’économie mondiale avec 47 millions de personnes au chômage ou en sous-emploi*. Ce chiffre ne dit rien des souffrances humaines et du gâchis ainsi créé. Ces « réformes structurelles » comme les effets catastrophiques de la politique agricole et toutes les dérégulations, ont des conséquences opposées à un projet solidaire européen. Tout pousse au nom d’une prétendue « compétitivité nationale » ou de « compétitivité d’entreprises » au sein d’un même groupe, à nourrir une funeste logique nationaliste faisant croire qu’on ne peut gagner à l’endroit où l’on se trouve qu’au détriment « des autres ».
La construction européenne actuelle, au service du grand patronat nourrit ce nationalisme, cette guerre de tous contre tous.
L’histoire risque de retenir que c’est un pouvoir élu par la gauche qui aura satisfait jusqu’au bout la déraison et l’inextinguible soif du profit du capital et se soumet avec zèle aux injonctions européennes qui provoquent une grande catastrophe économique et sociale. Ce que déclame avec contentement M. Hervé Morin, le nouveau président de droite de la région Normandie lorsqu’il déclare : « Qui aurait pu imaginer, il y a cinq ans, qu’un premier ministre socialiste proposerait de faciliter les licenciements pour favoriser l’emploi ? Pour moi qui suis un libéral, les choses avancent ». Pour nous, elles reculent pour les salariés et les chômeurs. Alors que d’immenses chantiers, créateurs d’emplois utiles, devraient être investis, comme ceux de la réindustrialisation, de la réorientation des choix de politique agricole, des atouts maritimes, de la transition environnementale et énergétique, de la protection des biens communs, avec le développement de services publics démocratisés, une maîtrise publique des finances et du crédit, le pouvoir ne répond qu’aux demandes à courte vue d’un capitalisme financier internationalisé qui n’a que faire des intérêts de la France et de ses régions.
Sans en avoir forcément conscience en tout point, n’est-ce pas ce que contestent les mouvements sociaux dans leur diversité ?
Ils ont réussi à surmonter les nauséabondes questions identitaires dans lesquelles une cohorte de penseurs, de journalistes et le marais politicien voulaient les enfermer pour diviser et effacer les enjeux fondamentaux de la condition sociale et humaine.
La jeunesse commence à être partie prenante de ce mouvement car elle pressent à juste titre que son avenir se joue ici. Que leur répond le gouvernement ? Qu’à l’inverse du CPE, la question posée ne les concerne pas directement, comme si il parlait à des jeunes, appelés à le rester éternellement ! Que des économistes, des juristes ou la CGT mettent sur la table des projets alternatifs de réforme progressiste du droit du travail, adapté aux conditions de notre temps, protecteur, plus efficace, au service de l’intérêt général, balaient cette accusation absurde de la volonté du statu quo, ne rendra ce mouvement, que plus solide, conscient et uni.
Que ce débat prenne encore de l’ampleur, que des rencontres, des conférences s’organisent partout pour décrypter les projets en cours et les alternatives possibles et un mouvement irrésistible, de contenu progressiste, pourra voir le jour, dans lequel peuvent émerger les voix et les moyens d’un nouveau front progressiste et citoyen pour préparer un nouvel avenir.
* (selon chiffres Eurostat)
10 commentaires
Le PCF doit défendre en premier la perspective ,la société future que nous voulons.
Ensuite faire ressortir les contradictions de la société d’aujourd’hui et leur possible dépassement dans des luttes immédiates ,mettre le peuple en mouvement tout en ne perdant pas de vue la perspective.Pratiquer l’évolution révolutionnaire.
Le communisme se n’est pas un nouvel etat qui doit etre créé ,c’est le mouvement qui dépasse l’état actuel des choses,le dépassement des contradictions qui empechent le libre développement de chacun condition du libre développement de tous . C’est un processus ,un mouvement,sinon on fige.
Oui , un Mouvement encore faut – il de mettre en avant la Sécurité Emploi/Formation articulée avec le salaire à vie à partir de 18 ans basé sur les cotisations . Et vouloir que le prolétariat gère la BCE la création monétaire avec les Pôles Publics financiers et bancaires , les banques socialisées et démocratisées , avec tous les Services Publics ,santé , petite enfance ,enseignement , eau , électricité , transport , sécurité …
En effet le communisme n’ a pas l’ objectif de détruire l’ état bourgeois dans la république pour le remplacer par un état socialiste bureaucratique et figé .
Mais au regard de l’ Histoire à chaque fois qu’ il y a la Révolution 1789-1793 , La Commune 1871 ,La Révolution de 1917 qui a été obligée au vu de la réaction , la guerre civile des blancs et l’ intervention des impérialistes coalisés venant à leur secours , la révolution a été obligée de durcir et de s’ organiser pour vaincre ce qu’ elle a fait et depuis il n’ a pas cessé une seconde que l’ ennemi est le communisme disant même que ce sont des pays communistes alors que c’ était des pays socialistes avec un Parti communiste au pouvoir qui faisait tout pour ne pas se retrouver tout seul face à l’ impérialisme , le capital ayant la pire frousse de voir s’ étendre le Mouvement Communiste .
C’ est assez comique , pour la Chine , alors que le Parti communiste chinois est fort de plusieurs millions de communistes avec ses nombreux Instituts marxistes , personne ne dit que c’ est un pays communiste alors que le PCC a tous les pouvoirs et dirige l’ urgence , le court et vers le moyen et long termes …c’ est vrai que c’ est un mix de capitalisme/socialisme/avec un état dirigé par les communistes et des mesures communistes … Très conscients de ce que l’ industrialisation avec des multinationales génèrent des contradictions , les communistes chinois avec leur monnaie devenue convertible et très attaquée par l’ impérialisme financier misent tout sur les formations et l’ enseignement et les propositions pour dépasser ce monde capitaliste , le passage avec les BRICS et le monde multipolaire est aussi déterminant pour la nouvelle route de la soie .
La jeunesse va peut etre bouger ,il faut s’adresser a elle ,lui “offrir” une perspective , c’est elle l’avenir .
Cher Michel BERDAGUE, je partage presque toujours tes analyses pertinentes, ta connaissance de l’histoire, mais au risque de me tromper, ce dont je serais heureux, je pense que la chine n’est pas ou plus un pays communiste, je reconnais que depuis 1949 la société a totalement changé, d’un pays arriéré pour les masses régulièrement victimes de famines dévastatrices, un pays moderne a été construit, cependant l’écart de revenus entre la base et certains nouveaux oligarques est insupportable pour un communiste, chaque jour un nombre impressionnant de secteurs économiques retournent à une gestion privatisée, avec ce que cela comporte de dérives économiques et de possibilités d’enrichissement individuel, de corruption, au détriment de la collectivité, il semble aussi patent que les décisions engageant le pays sont prises sans consultation ni association des citoyens,ce qui à l’instar de chez nous pose la question de la démocratie, c’est le contraire de ce que nous prônons pour la France, participation et pouvoir des citoyens à tous les échelons de décisions.
Je pense aussi que le fait d’afficher PCC, ne veut rien dire, ce n’est pas l’étiquette sur la bouteille qui fait la qualité du contenu ni son authenticité,descendu un jour dans un hôtel du cercle polaire Finlandais au cours d’un congrès, nous avons vu une bouteille étiquetée {Bourgogne de Bordeaux}!!!! ensuite Bordeaux Grand cru, la piquette était la même, donc derrière l’affirmation PC, il faut vérifier le contenu politique réel. la Corée du nord en est un exemple flagrant, dynastie familiale depuis les années 50, enveloppée dans le drapeau rouge et l’étiquette PC, cette dynastie est aussi communiste que Louis XIV
C’ est pour cela que jamais un pays communiste n’ a existé . Que ce soit à l’ Est ou en Chine ou en Corée , aucune société communiste , aucun communisme . Seulement et de taille des partis communistes au pouvoir ce qui est fondamentalement très différent . Mais dans le langage courant – issu des plus fortes intoxications et propagandes – il est d’ usage de dire qu’ à l’ Est c’ était des pays communistes , or jamais en Russie Soviétique il n’ a été question de communisme en phase achevée – à part le dit “communisme de guerre ” défendant la Révolution – surtout avec un état