Les bourses flambent, l’emploi trinque !

le 7 février 2013

Le bureau politique de l’internationale du grand capital, réuni il y a quelques jours dans les chalets de Davos, a décrété que nous sortions de la crise. Depuis, une multitude de perroquets, perchés au cœur des forêts médiatiques, répètent l’oracle. Par quel miracle la violente crise qui secoue la Grèce, l’Espagne, l’Italie, le Portugal mais aussi la France et l’Irlande comme le reste de la planète a-t-elle disparu des radars ? Par quel tour de passe-passe, le sérieux psychodrame des premiers jours de cette nouvelle année sur les difficultés d’élaborer le budget aux Etats-Unis s’est-il  évanoui ? Et si tout va mieux, comment se fait-il que les institutions européennes préparent une réduction de 80 à 120 milliards d’ici 2020 d’euros d’un budget européen déjà trop faible alors que les dirigeants promettaient de la croissance?

La prédiction des oligarques ne peut que stupéfier les millions de familles qui n’ont pas de logement, celles qui se privent sur la nourriture, le chauffage ou l’habillement, ou celles et ceux enserrés dans la froide avalanche de plans de licenciements, dont les noms – Virgin, Goodyear, Coca-Cola, Fralib, Arcelor-Mittal, Samsonite, Ford, Bigard, Doux, Renault, Sodimédical, PSA, Sanofi- sonnent le glas de tant de familles et régions.  Sans parler de celles, tout autant touchées, dont personne ne parle. Le petit cénacle des puissants de ce monde n’a que faire de ces considérations humaines.

De fait, au cœur de la crise sans fin du capitalisme, les indices boursiers à New-York sont proches de leur niveau de l’année 2007. Et cette sorte d’euphorie boursière s’est répandue par le vent de la spéculation jusqu’à Francfort, Paris, Londres ou  Milan. Nos entreprises cotées en bourse, sans doute alléchées par les crédits d’impôt du fameux pacte de compétitivité et par les énormes avantages que leur octroie l’accord partiel signé par le MEDEF,  rachètent leurs propres actions et augmentent le niveau des dividendes versés aux actionnaires, alors que ces derniers atteignent déjà près de 41 milliards d’euros.

Cette envolée des bourses mondiales est dopée par le carburant qui a précisément précipité le monde dans la crise : la spéculation financière. En effet, les banques centrales déversent des centaines et des centaines de milliards dans les caisses des banques, sans que cela ne servent ni l’emploi, ni les investissements publics, ni la recherche, ni l’éducation. Pire, la valeur de l’euro flambe depuis quelques jours. Toutes les thèses sur la compétitivité ne sont que des faux-nez pour abaisser les droits sociaux, comparé à l’écart de compétitivité que représente cette surélévation de la valeur de la monnaie unique. L’enjeu d’une profonde réforme du crédit et du système bancaire, à commencer par une profonde transformation de la Banque centrale européenne et du mécanisme européen de stabilité est donc primordial. La création d’une banque publique d’investissement pourrait constituer un pas en avant, à condition qu’elle soit gérée démocratiquement et qu’elle serve réellement le développement humain durable. Force est de constater que  la réforme bancaire proposée par le gouvernement ne répond pas à ces objectifs. Or, le pays se prive là d’un outil indispensable au redressement de l’emploi et du pays. Il convient de donner un autre sens à cette réforme bancaire en la reliant aux grands combats en cours pour défendre l’emploi et pour inventer un projet neuf de sécurisation du travail. Par un curieux renversement des responsabilités  et de la pensée, les forces qui seules ont déterminé les choix économiques des entreprises et qui portent donc la responsabilité du marasme de notre système productif, tentent de rendre les travailleurs et la CGT, premier syndicat du pays, responsables des licenciements. Une cohorte zélée de portes-micros participe allègrement à ce qui ressemble à une chasse aux boucs-émissaires. Les salariés, qui déjà ne disposent d’aucun droit dans la gestion des entreprises,  n’auraient désormais même plus celui de protester et de se défendre alors qu’on les jette à la rue sans ménagement et qu’on ferme les usines qu’ils ont contribué à créer et à faire fonctionner, dans lesquelles une part de la valeur ajoutée sert à autre chose qu’au développement industriel.

Cette campagne n’est rien d’autre qu’une préparation psychologique de grande envergure de nos concitoyens pour leur faire accepter le programme du Medef, poussant à la « flexibilité » du travail, dans le cadre d’un texte signé avec seulement trois organisations syndicales qui ne représentent pas la majorité des salariés. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de faire croire qu’en acceptant le gel ou la baisse des salaires, tout en laissant aux employeurs la possibilité de faire travailler quand bon leur semble, tout en rabaissant les droits d’être défendu en cas de plan de licenciements, on défend… l’emploi.  En vérité, la traduction de ce texte dans le droit par le Parlement, constituerait non seulement une négation de tout ce qu’a fait progresser la gauche dans sa diversité depuis des décennies, mais aussi un grand pas vers l’instauration de l’insécurité sociale généralisée. Une négation aussi du rôle des Parlementaires qui ont la prérogative d’écrire et d’adopter les lois, lesquelles, contrairement à l’Allemagne, prennent le pas  en France sur de prétendus  accords contractuels  entre partenaires sociaux, tels que veut l’imposer le MEDEF.

Les générations de jeunes entreraient dans le monde du travail, dans un nouvel univers bien plus hostile que celui qu’auront connu leurs parents. Les forces existent dans le monde du travail et de la culture, les organisations syndicales, le monde associatif, les partis de gauche et écologiste pour obtenir que le gouvernement et sa majorité reviennent aux engagements du candidat F. Hollande. Sur le parking de Goodyear, le 14 octobre 2011, il avait promis une loi contre les licenciements. Le 24 février 2012, sur le toit d’un camion de l’intersyndicale d’Arcelor-Mittal à Florange, il s’était engagé à faire voter un texte pour empêcher la fermeture d’usine, dés lors qu’il existait un repreneur. Son engagement numéro 35 visait un mécanisme de dissuasion de licenciement à caractère boursier. Aux actes maintenant ! Il faut en finir avec ce cycle infernal, organisé par les pensionnaires de Davos, qui veut que plus la bourse monte, plus l’austérité est renforcée, plus le chômage explose.

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