L’amie de l’homme : l’abeille

le 18 février 2014

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Les abeilles sont de curieux insectes. Elles fascinent et interrogent. Elles dérangent et nourrissent nos imaginaires. Elles accompagnent l’homme depuis le premier jour. Elles étaient là avant lui. Dit-on assez qu’elles font marcher notre Terre ? Insectes pollinisateurs c’est-à-dire portant le pollen des fleurs qu’elles butinent sur le pistil d’autres fleurs, elles permettent la fécondation et la reproduction des espèces végétales. C’est grâce à cela que nous mangeons des fruits, des légumes, des épices, que nous pouvons déguster du café ou du chocolat, que l’on trouve pois, soja, tournesol et autres oléagineux et protéagineux. Aussi curieux que cela puisse paraitre, elles contribuent « sans rémunérations » à créer beaucoup de richesses. Des instituts aussi sérieux que L’INRA et le CNRS estiment que plus du tiers de la nourriture mondiale produite est directement lié à ces pollinisateurs. La valeur liée au travail de pollinisation des insectes est estimé à la colossale somme de 153 milliards d’euros, c’est-à-dire à l’équivalent de près de 10% de la valeur de la production agricole mondiale. Autrement dit, la disparition des abeilles aurait de catastrophiques conséquences sur l’agriculture mondiale. Vraisemblablement, la production agricole et alimentaire diminuerait. Les prix alimentaires s’envoleraient. Voici donc un grand sujet qui nous concerne toutes et tous au premier chef ! On n’y prend pas garde alors que le nombre de colonies d’abeilles a commencé à reculer de manière très alarmante.

 

En France, en 2013, la production annuelle de miel n’a jamais été aussi faible avec seulement 15 000 tonnes récoltées, soit moins de la moitié qu’en 1995, pour un nombre de ruches constant ! Une inquiétante hécatombe qui touche de plein fouet les apiculteurs dont les rendements s’effondrent, les privant d’une grande partie de leurs ressources. Les consommateurs vont devoir acheter leur précieux nectar de plus en plus cher.

 

Bien évidemment l’ampleur de ce phénomène a suscité de nombreuses interrogations et les raisons de la surmortalité des abeilles ont fait l’objet de nombreux débats.

 

Personne ne conteste que l’introduction, dans les années 1990, des insecticides néonicotinoïdes pour traiter les cultures, a coïncidé avec le début des difficultés des apiculteurs, constatant un déclin du nombre comme de la vitalité des abeilles. D’autres causes peuvent être invoquées, en particulier des épidémies de parasites ou de virus, la venue du frelon asiatique détruisant les colonies d’abeilles.

 

Mais le problème de fond reste le développement de l’agriculture industrialisée qui  a incité à utiliser de plus en plus de fongicides, insecticides, herbicides, dont  ces insecticides systémiques neurotoxiques, qui se diffusent dans toute la plante au fur et à mesure de sa croissance, y compris dans les fleurs que butinent les abeilles. Confrontées à des résidus, même infinitésimaux, celles-ci sont désorientées, se refroidissent et ne retrouvent plus leurs ruches. Leur système immunitaire étant affaibli, elles peuvent aussi développer des maladies neuro-dégénératives qui entraînent la mort en quelques jours.

 

Depuis le 1er décembre dernier seulement, les institutions européennes ont décidée d’interdire pour deux ans, sur quatre cultures, trois insecticides, commercialisés sous les noms de Gaucho, Cruiser et Poncho qui appartiennent à la famille des néonicotinoïdes. L’efficacité foudroyante de ces produits tient au fait qu’ils ciblent le système nerveux des seuls insectes, qu’il s’agisse de ravageurs des grandes cultures ou des abeilles.

 

La croyance en une agriculture industrialisée  de plus en plus insérée dans l’économie capitaliste, pilotée par de puissants secteurs industriels et financiers ; la pression permanente des industriels de l’agrochimie expliquent certainement  l’attitude des autorités européennes qui ont mis si longtemps à décider d’un simple moratoire sur l’utilisation de ces insecticides. Mais la suspension pour deux ans des néonicotinoïdes risque fort de ne pas suffire à rétablir les populations d’abeilles. Car, d’une part, l’interdiction ne concerne que le maïs, le colza, le tournesol et le coton, mais pas les céréales à paille semées en hiver (blé et orge), qui représentent en France un million d’hectares dont un tiers est traité aux néonicotinoïdes. Ces cultures sont pourtant souvent utilisées en rotation avec le tournesol, très attractif pour les abeilles. Et d’autre part, ces substances présentent une très grande persistance dans le sol, et les résidus de ces produits, utilisés pendant deux décennies sur des centaines de milliers d’hectares de cultures, resteront encore pour quelques années dans l’environnement. A ces inconvénients mortels il faudrait ajouter les effets à venir de tous les perturbateurs endocriniens venant pour beaucoup aussi des insecticides, dont on ne peut malheureusement encore mesurer tous les effets négatifs pour la santé. Les effets pervers et nocifs  des choix faits il y a près de quarante ans auront des conséquences redoutables sur les générations à venir. Il est urgent de s’en préoccuper !

 

Dans le même temps, la Commission européenne vient d’accepter, la semaine dernière, contre l’avis  de 19 Etats européens et du Parlement européen, que soit cultivé en Europe un nouveau maïs de la firme PIONEER  dit l’ « OGM  TC 1507 », dont aucune étude sérieuse ne permet de dire qu’il ne présente aucun danger. On sait en outre que, sans être directement mortelle pour les abeilles, l’ingestion de pollen issu de maïs OGM, fragilise leur système digestif et les rend plus vulnérables à toutes sortes de maladies.

 

Encore une fois on joue aux apprentis sorciers et c’est la nature qui nous le rappellera assez vite avec violence ! Il faut agir avant qu’il ne soit vraiment trop tard.


14 commentaires


Le.ché 18 février 2014 à 15 h 31 min

On sait que nous sommes dans une Europe capitaliste et que ce qui compte
ce sont les marchés et faire le plus de fric rapidement, donc c’est incompatible avec une agriculture BIO, les abeilles vont avoir du mal a survivre ou alors il faut changer l’Europe voila “la vraie question”.

Guieysse Jean-Albert 18 février 2014 à 15 h 58 min

Vous résumez bien la question.
Pour les amis des abeilles, je signale Abeilles et Fleurs, une revue qui parle d’apiculture, mais aussi du combat des apiculteurs et de l’UNAF (Union nationale de l’apiculture française), contre les pesticides, les OGM, et l’agriculture industrielle qui appauvrit la flore. Voici les principaux coupables de la déconfiture de l’apiculture. Dans un souci d’exhaustivité, n’oublions pas non plus les ravages causés depuis les années 1980 par le Varroa destructor, cet acarien gros comme une tête d’épingle, et les virus nouveaux qu’il transporte. Les fabricants de pesticides “rejettent la faute” sur le Varroa; ils ont de l’argent et des groupes de pression très puissants, en France et aux échelles européenne et mondiale.

RABOTOT Robert 18 février 2014 à 16 h 12 min

Les abeilles sont effectivement les amies de l’homme depuis des temps lointains et elles ont contribué à sa survie au travers de la pollinisation aussi devons nous nous dresser vent debout contre toutes les menaces envers ces travailleuses infatigables ne les laissons pas empoisonner par les pesticides et défoliants en tous genres.

papini 18 février 2014 à 16 h 16 min

ce que tu oublies de dire c’est q’une ouvrière ne vit que 26 jours et et qu’elles contribuent à la majorité de la pollinisation des espèces florales et arboricoles, il était donc plus que temps d’interdire ces insecticides mais il en faudrait en ajouter bien d’autres à mon avis car sans cela nous allons tout droit à la désertification de la planète qui ne manquerait pas de s’accentuer vu la déforestation du dit poumon de la terre, pour justement y faire pousser du mais génétiquement modifié c’est sans doute la raison qui a poussé les conseillés à interdire les graines souches anciennes ..au bénéfices des lobbys que tu connais

Bouvier Francis 18 février 2014 à 16 h 18 min

Non à la productivité prônée par les grandes entreprises agricultrices qui détruisent les sols et les abeilles pour leur seul profit .

Anonyme 18 février 2014 à 17 h 04 min

Par notre vote en mai en faveur des partis qui défendent
la nature : c’est la solution

Brahim Cherifi 19 février 2014 à 7 h 01 min

Le Coran lui a consacré un verset fort élogieux chez les Musulmans. Ce n’est pas hélas l’avis de Monsanto…

novelli robert ne le 3fevrier 1935 19 février 2014 à 7 h 59 min

il n’y a pas grand chose a faire

il n’y a pas grand chose a faire tant que nous serons dan se système de capitalisme absolu

LE PROFIT TOUJOURS LE PROFIT ENCORE LE PROFIT

Pensédent-Erblon Jean 19 février 2014 à 8 h 41 min

En ma qualité d’agronome, je dis qu’il faut réagir très efficacement, car trop de gens croient encore que le modernisme doit ignorer les hommes et les animaux et que les phénomènes naturels peuvent être remplacés par la technologie.

LUCE Roger 19 février 2014 à 9 h 28 min

Brahim, Je ne suis pas musulman mais j’ai lu un peu le Coran.
Peux-tu indiquer les références habituelles de ce verset que je ne connais pas.
Merci.
Le profit OK mais aussi la volonté -plus ancienne que le capitalisme- de l’homme de dominer la nature…de la bouleverser…
Roger LUCE

Danièle Barbillat Marie 19 février 2014 à 18 h 58 min

A cause de cette frénésie capitaliste, serons nous obligé de tout polliniser à la main comme dans une région de Chine ? Il n’y à pas que les abeilles concernées hélas, tous les insectes pollinisateurs, et, ensuite les oiseaux qui transportent les pollens et enfin nous les humains ! sommes-nous vraiment encore tous des humains ?

Danièle Barbillat Marie 19 février 2014 à 19 h 02 min

Quand cessera cette frénésie capitaliste, serons nous obligé comme dans une région chinoise polliniser à la main ?
Les abeilles ne sont pas seules concernées, aussi tous les insectes pollinisateurs, les oiseaux qui transportent les pollens, les humains, sommes nous encore tous vraiment des humains ?

pellizzoni 19 février 2014 à 21 h 05 min

l’homme va a sa perte, quand il ne tient pas compte de tout ce que la nature si généreuse nous prodigue journellement,ces abeilles absolument merveilleuses,sont un exemple pour nous dans le labeur qu’elles fournissent et toutes les richesses que l’on en tirent, défendons ces abeilles, et agissons au plus vite,auprès de ces destructeurs qui nous empoisonnent avec leurs expériences désastreuses, laissons faire mère nature, qui est bien plus sage que nous humains,qui ne cherchons que le profit, au détriment de notre planète non aux OGM et aux pesticides

Michel Berdagué 20 février 2014 à 9 h 55 min

Que le capitalisme productiviste et financier intervienne en excès pour toujours plus de dividendes pour une poignée , sur les éléments de vie essentiels n’ est un secret pour personne mais de sublimer la nature dans une sagesse laisse perplexe . Avec notre Programme -l’ Humain d’ abord- nous avons essayé d’ imaginer un monde où les finances seraient publiques contrôlées par la citoyenneté et le monde du travail pour construire en mesurant l’ impact des productions sur ” dame nature” en proposant la planification écologique . Nous avons vu le résultat aux élections législatives du premier tour avec tous ces abstentionnistes. Cette contradiction de nous dire sur le terrain : vous avez raison puis de s’ abstenir est un ferment pour ces groupes privés de production de poisons chimiques , pesticides et autres jusqu’ à nous interdire de replanter nos propres graines normales : alors , cultivons notre jardin et mettons en jachère ces responsables et coupables monstrueux diffuseurs de morts qui doivent s’ alimenter qu’ avec du très bon et non dangereux .

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