L’accord sur le lait est une tromperie

le 19 août 2010

Ce qui est annoncé depuis quelques heures comme le nouvel accord producteurs-transformateurs et distributeurs dans le secteur laitier est une tromperie. Un marché de dupes ! Il consiste en effet à afficher une augmentation du prix du lait à la production de 10% par rapport au prix de l’an passé à la même époque. Comme il y’a un an les prix étaient extrêmement bas, cela signifie qu’il n’y aura quasiment aucune augmentation des prix à la production. Il faut d’ailleurs se rappeler que les prix l’an passé étaient de plus de 20% en deca des prix de l’année 2008.

De plus, le prix du lait français devrait désormais être indexé sur les prix allemands qui sont en moyenne inférieurs aux nôtres pour plusieurs raisons : l’Allemagne valorise moins son lait dans les produits à forte valeur ajoutée comme les fromages. Les coûts de production sont moins élevés parce qu’une grande partie de la production se fait dans de véritables usines à lait et les producteurs allemands sont plus aidés par l’Etat qu’en France.

D’ailleurs quand les transformateurs et la grande distribution réclament, comme ils l’ont fait hier, plus de compétitivité pour notre production laitière cela veut dire qu’ils souhaitent éliminer encore plus de petits et moyens agriculteurs pour créer de grandes unités industrialisées, une production encore plus concentrée pour réduire encore les coûts de collecte et pour abaisser encore les prix à la production. Leur seul objectif est d’augmenter encore leurs marges.

Ceci est totalement contraire à la nécessité de développer l’emploi et de faire vivre nos territoires ruraux, contraire aussi aux besoins de qualité alimentaire. Il n’y a aujourd’hui pas de revenu décent pour un producteur de lait à moins de 350 à 400 euros la tonne selon les régions, les conditions de production et les situations des éleveurs. Il est de la responsabilité du gouvernement et de la Commission européenne de créer les conditions de cette rémunération du travail des producteurs de lait à un moment où les prix des produits alimentaires issus du lait comme le beurre, les yahourts, mais aussi la poudre de lait flambent. Pourquoi d’ailleurs n’indexe-t-on pas les prix à la production sur la flambée des prix de ces produits industriels issus du lait ? Il ne suffit pas de répéter, comme le font le gouvernement et le Président de la République qu’il faut une meilleure répartition de la valeur ajoutée. Encore faut-il passer aux actes !
Il n’y a pas de solution viable pour un modèle agricole européen, durable et humain sans la création d’un prix minimum intra-européen pour une production moyenne et en finir avec cette mise en concurrence insupportable.
Ensemble, les producteurs et les consommateurs doivent encore se faire entendre !


0 commentaires


BIGONSKI Suzanne 19 août 2010 à 16 h 46 min

Cela me donne presque envie de pleurer. j’ai commencé à militer vers 20 ans et je n’ai jamais arrêté et voilà où nous en sommes. Mon mari a donné sa vie à la solidarité et au bien-être des travailleurs. Il est mort à 78 ans en voyant au contraire régresser tous nos acquis.

Est-ce que le capitalisme aura toujours raison ? Est ce qu’un jour les gens pourront vivre décemment de leur travail ?

daniel.rossi 19 août 2010 à 20 h 06 min

Effectivement il s’agit d’un pseudo accord de dupes!
J’en discutait ce matin avec les paysans du Lot et Garonne.
Comment va réagir la direction de la FNSEA?
Et les producteurs vont-ils mordre à l’hameçon?

BOUDET Pierre 20 août 2010 à 18 h 27 min

Pas surpris par la signature de cet accord, je suppose que c’est l’oeuvre de la FNSEA, syndicat réformiste de droite, malheureusement majoritaire dans le monde paysan, ce syndicat fait toujours un pas en avant deux pas en arrière, il défend surtout la grande paysannerie et les gros céréaliers, faisant beaucoup de bruit afin de leurrer les petits paysans qui sont la pour fournir l’infanterie, sa contestation se fait sur la forme et à la marge, c’est une des raisons pour lesquelles les secrétaires généraux sont sont presque tous récompensés par le poste de ministre de l’agriculture quand ils quittent leurs responsabilités syndicales.

Comme le suggère Patrick c’est par la fixation d’un prix européen garanti, assurant un juste revenu rémunérateur, mettant fin à cette concurrence destructrice et par la lutte commune des producteurs et des consommateurs, que passe la solution

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