Face au gouvernement de combat

le 18 novembre 2010

 

Le Président de la République avait imaginé un remaniement gouvernemental après la défaite de la droite aux élections régionales. Depuis ce moment, tous ses actes ont eu pour objectif que de droitiser sa politique déjà dure aux faibles pour regagner les électeurs de son camp les plus réactionnaires qui s’étaient éloignés  de lui. De nouvelles ruptures avec l’esprit républicain, les principes d’égalité et de fraternité, dont la distinction entre français d’origine étrangère et français dit de « souche », ont été engagées. Les sollicitudes envers les plus fortunés, les consanguinités financières entre le pouvoir et la première fortune de France, l’abrogation du droit à la retraite à 60 ans, la résistance au mouvement social, le puissant rabot appliqué aux investissements publics et sociaux, ont été parmi les choix les plus marquants.

Au bout de cette longue séquence, fidèle au principe de concurrence, le monarque élyséen a organisé une sorte de « Matignon Academy » au terme de laquelle il a reconduit le Premier ministre F. Fillon et autour de lui un gouvernement bien ancré  sur les valeurs du seul parti présidentiel,  redevenu RPR canal historique. Hormis Jacques Chirac, tous les présidents du RPR et de l’UMP sont dans ce gouvernement. Mieux ou pire ! La désignation du président de l’UMP a été traitée dans le cadre de ce remaniement. L’objectif est clair. Il avait été esquissé lors du discours présidentiel de Colombey-Les-Deux-Eglises. Le projet est d’accélérer l’adaptation de la France, de son économie, de ses systèmes de protection sociale, à la mondialisation capitaliste. De plier encore plus notre pays, ses travailleurs, son industrie, sa recherche, ses services publics, son école, son système de santé, aux lois de la jungle du capitalisme financier. C’est déjà le sens de la démolition de la retraite à 60 ans, de l’attaque contre les collectivités locales, des budgets d’austérité de la sécurité sociale et de la nation, en débat au Parlement.

Il se dit, dans certains milieux, que le Premier ministre s’émanciperait de celui qui paraît-il n’a jamais été son « mentor ». Quelle farce ! M. Sarkozy reste le chef d’orchestre et M. Fillon a été le plus ferme dans la casse successive de la retraite à 60 ans ou dans l’attaque contre les collectivités locales. Le choix a été celui des forces de l’argent qui le considèrent comme le plus fiable aujourd’hui pour leur rendre service dans le cadre de la guerre économique et des contradictions inter-capitalistes, au cœur d’une crise qui menace le système lui-même. Et le gouvernement, comme le dispositif autour de lui, vise à conserver le pouvoir en 2012, au service des mêmes forces du capital.

Ce sera donc un gouvernement de combat contre le monde du travail et pour lancer la campagne présidentielle. Et le dispositif intègre les élections cantonales à venir et la primauté de l’élection présidentielle qui se joue à deux tours.

L’objectif est donc d’accentuer l’austérité, sous la dictée de la Commission de Bruxelles, de la Banque centrale européenne et des agences de notation, pendant que le Président fera des discours au nom du G20 pour « moraliser le capitalisme » et pour conforter une droite nationaliste et celles et ceux qui seraient tentés par l’extrême-droite. Mais ceux là ne constituent pas la majorité nécessaire pour l’emporter. M. Sarkozy sait qu’il aura besoin, au second tour, d’un centre droit qu’il ne peut lui-même attirer. La montée médiatique de M. Borloo avant le dernier épisode de la « Matignon Academy », puis sa sortie du gouvernement, sur le thème de « la cohésion sociale », vise cet objectif. D’ailleurs lui et ses amis clament qu’ils sont dans la majorité présidentielle.

Il s’agit donc pour la droite, le Medef et les forces du capital d’un projet de reconquête à deux étages, ancré bien à droite, à ne pas prendre à la légère.

Dans ces conditions, on se demande d’ailleurs comment le directeur du Fonds monétaire international, qui va gérer les enjeux du G20 avec le Président de la République, peut être candidat de la gauche aux élections présidentielles.

En tout cas un grand défi est désormais posé à toute la gauche. Elle ne peut être victorieuse que si elle se met au service du monde du travail et des retraités, des jeunes et qu’elle élabore avec eux un vrai programme de changement ; qu’elle commette des actes de résistance face aux diktats de l’argent, aux injonctions européennes et à celles du Fonds monétaire international.

Une gauche qui élabore avec nos concitoyens un nouveau pacte social et écologique, de solidarité et de paix. Une gauche qui soit claire. Pas celle d’Europe Ecologie qui commence à dire qu’elle n’est ni de gauche, ni de droite. Pas celle de l’austérité au nom d’on ne sait quel principe de réalité. En ce sens, un Front de gauche, au cœur de la gauche, plus actif, plus déterminé, plus élargi, plus populaire, plongeant ses racines aux tréfonds des entreprises, des quartiers, des écoles, des laboratoires, sera utile pour élaborer un nouveau projet de société, avec une majorité de gauche, en gagnant aux élections cantonales qui permettra une autre majorité au Sénat, l’élection présidentielle et les élections législatives.

Son objectif devra être double : faire gagner toute la gauche et l’ancrer bien à gauche. Le chantier est immense.


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