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Par Patrick Le Hyaric
Nous avons donc raison ! La semaine dernière, trois économistes du département de la recherche du Fonds Monétaire International ont sévèrement contesté les purges néolibérales à l’œuvre depuis la fin des années 80. L’ouverture des marchés de capitaux, disent-ils, ont considérablement augmenté les risques de crise financière au lieu de les diminuer. Les politiques d’austérité ont comprimé la demande et freiné l’activité. Bref, elles ont provoqué une insécurité économique et sociale.
Dans la foulée, un rapport de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques s’alarme de la montée des inégalités et incrimine une politique démesurément obsédée par « la baisse du coût du travail », c’est à dire par la pressurisation des salaires.
Leurs mots sont choisis, soupesés, pour acter la défaite d’une stratégie de destruction des modèles sociaux qui laisse libre court à la terrible « main invisible » du marché…capitaliste. Les mouvements sociaux qui ébranlent les pays européens et singulièrement la France, auront fini de persuader ces apprentis sorciers à la fois de l’inefficacité économique des mesures imposées et des risques que fait courir leur cruauté sociale. Les économistes du Fonds Monétaire international donnent un nom au système qu’ils critiquent : Le néo-libéralisme. C’est nouveau de leur part !
Le gouvernement devrait donc d’urgence tirer les leçons des impasses meurtrières de l’austérité et des déréglementations. En organisant un meeting pour critiquer les amendements de la droite sénatoriale à la loi de précarisation du travail, il ne rend pas plus présentable et acceptable son propre projet. Plus vite le pouvoir tournera le dos à cette doxa néolibérale inscrite dans tous les textes de recommandations des institutions européennes, mieux cela vaudra pour tout le monde et pour le pays.
Dans ses dernières recommandations toxiques, la Commission de Bruxelles appelle sans ambages à « donner plus de latitude aux entreprises pour adapter les salaires et le temps de travail à leur situation économique ». Elle souhaite également que « les dérogations par rapport aux accords de branche et aux dispositions légales générales sur l’emploi [soient] facilitées à travers la signature d’accords d’entreprise. » C’est toute la philosophie de l’article 2 de la loi Valls qui a été traduite de la novlangue bruxelloise contaminée par les certitudes néolibérales.
Les intérêts protégés du capital par des institutions politiques et financières, la conception d’un monde régit par les bourses et ceux qui en détiennent les cordons, empêchent nos sociétés de se projeter dans un projet moderne en accord avec les métamorphoses de notre époque qui demandent des citoyens et des travailleurs toujours mieux formés et mieux rémunérés.
L’heure est à revaloriser le travail et non à l’intégrer toujours plus dans le marché capitaliste pour le pressurer, le précariser, le déclasser. Une réforme progressiste moderne devrait tendre vers un droit du travail rattaché à la personne, et non plus à un emploi, dans le cadre d’un projet humain et plus efficace de sécurisation des parcours professionnels tout au long de la vie assurant à tous des progressions de qualification, de responsabilité et de rémunération. C’est l’invention d’un nouveau contrat de travail sécurisé permettant de se former tout au long de la vie en fonction des métamorphoses industrielles, numérique, environnementales, biotechnologiques, en cours et être aussi capable de répondre aux nouveaux besoins de la société comme ceux qu’induit le vieillissement de la population ou encore la participation à la vie associative et culturelle. L’enjeu du travail et du droit à la formation pour toutes et tous est donc à la confluence de l’entreprise, des services publics comme des quartiers populaires et de l’Ecole. Toute la société serait ainsi tirée vers plus de coopération et de solidarité.
Le Compte personnel d’activité, coquille quasi vide dans l’actuel projet de loi, pourrait être le ferment d’une sécurité sociale professionnelle constituée de droits individuels garantis collectivement. Cette sécurisation des parcours de vie se combinerait avec l’organisation d’une citoyenneté au travail, une nouvelle représentation salariale dans les lieux de décision et de vrais pouvoirs d’intervention des salariés dans les orientations et les gestions des entreprises.
La robotisation et la révolution numérique qui s’accélèrent vont bouleverser beaucoup de choses. Il devient possible de réduire le travail répétitif pour des tâches plus complexes et attrayantes, avec des gains de productivité dont les salariés doivent être les principaux bénéficiaires, tant du point de vue de leur rémunération que de la réduction de leur temps de travail.
On peut donc écrire une vraie loi Travail ! Elle appelle un grand débat populaire pour un vrai projet ambitieux de développement humain, socialement et écologiquement durable, pour la France et l’Europe.
3 commentaires
Il ne s’agit pas de s’occuper seulement de la loi travail, il faut également mettre en place autre chose que la mondialisation capitaliste sinon nous retomberont dans le piège de l’exploitation des peuples. Il faut mettre en place un programme marxiste de façon à en finir avec le règne des multinationales, donc il faut nationaliser les grands groupes capitalistes du CAC 40, nationaliser les banques, mettre en place le dépérissement de la bourse jusqu’à sa suppression, mettre un droit opposable à l’emploi de manière à en finir avec le chômage, mettre en place un livret E pour financer les petites et moyennes entreprises. Sortir de l’euro et mettre en place une Europe des nations avec un système monétaire type “SME”, sinon rien ne changera en Europe, à part d’aller au pire.
Faut-il alors bouder le résultat d’études produites par le système, quand elles paraissent pourtant favorables à l’humain ? Ca sent le piège, en effet.
Le FMI, symbole de l’exploitation des peuples sous couvert d’aide, se rend compte que le commerce a besoin de clients plus ou moins solvables ? La belle affaire ! Nul doute que les progrès de la solidarité économique des BRICS (ou : RICS ?) le forcent à allumer un contre feu, dont nous serions bien bêtes de le prendre comme nouveau phare de ‘humanité.
Les mythiques naufrageurs d’autrefois ne se servaient-ils pas de leurres lumineux pour attirer les bricks et goélettes à leur perte ?
Les social-traîtres d’aujourd’hui nous engagent aussi à la méfiance, eux qui vitupéraient le déni de démocratie du 49-3… avant 2012.
Je sais personnellement ce qu’est vendre sa force de travail au plus offrant, dès lors que les portes de sorties de secours professionnelles en fonction de ses qualifications, se ferment. On suit, contre toutes raisons, les conseils de Pôle Emploi, les CV, les lettres, le travail, presque harcelant pour les employeurs, d’un chômeur. Et, puis finalement, on accepte, oui, de faire des “jobs”, qui nous renvoient l’image d’un déqualification, d’un déclassement, à notre misère, pour survivre. Mais on risque sa vie également par sa vulnérabilité psychologique alors, de tomber encore plus bas, dans la maladie psychique. Et, oui, vendre sa force de travail au plus offrant peut-être au risque de sa vie.