Préparer l’issue au macronisme

le 14 novembre 2018

"L'itinéraire mémoriel d'Emmanuel Macron s’est transformé en tournée des cahiers de doléances."

Le mouvement de protestation et d’action contre les hausses de taxes sur les carburants cristallise une colère plus profonde et plus large contre l’injustice fiscale, élément de l’injustice sociale, d’un gouvernement qui cherche à faire croire qu’on cotise pour l’environnement quand on comble les dettes creusées au bénéfice des plus riches.

A l’aune de ce mouvement s’affirme la profonde cassure entre le Président et le pays. Son itinéraire mémoriel s’est transformé en tournée des cahiers de doléances. Dans sa diversité, le peuple réuni le long des anciens champs de bataille a déployé milles pancartes et banderoles comme autant de cris de souffrance et de révolte face à la baisse du pouvoir d’achat et au chômage. S’exposer sans perspective palpable dans une région si douloureusement meurtrie, hier par les guerres, aujourd’hui par la guerre économique impulsée sous l’égide des institutions européennes, ne pouvait qu’accentuer le sentiment prégnant d’un Président déconnecté. Un Président qui ne se départit pas son objectif fondamental : plier plus vite la France aux canons de la mondialisation capitaliste. Les ouvriers des Hauts-de-France d’Ascoval, de Jean Caby, de Froneri sont bien les nouvelles proies de ce capitalisme qui a fait le choix de baisser pavillon sur l’industrie.

Le nouveau président du MEDEF indique la nouvelle donne : « la mondialisation heureuse est terminée », a-t-il déclaré, feignant de croire qu’elle ait déjà commencé. La grande bourgeoisie sent le vent tourner et observe avec intérêt ce nouveau moment nationaliste à travers le monde. Une demande sourde d’ordre, de protection, de sécurité balaie les paysages politiques et tourne le dos à la prétention libérale d’organiser les sociétés. La volonté de justice sociale et d’égalité, bien vivace, est écrasée par la mise en valeur des forces et idées réactionnaires qui s’infiltrent dans la tentative de dépassement du clivage entre la droite et la gauche. Pour être bien sûrs de verrouiller le système, les mandataires des puissances d’argent tentent d’organiser un nouveau clivage entre les droites portées par de nouvelles figures comme celle de M. Macron, et les extrêmes droites nationalistes. Ils comptent ainsi effacer toute perspective de gauche.

Le national-capitalisme autoritaire apparaît dès lors comme une issue de secours pour un système de domination qui cherche à perdurer. En entretenant l’illusion d’un bloc centriste et libéral dans un pays qui en rejette les attendus politiques, sociaux, économiques, M. Macron ne fait qu’accélérer un processus extrêmement dangereux. Aussi navigue-t-il entre deux eaux : mesures réactionnaires et autoritaires dans l’éducation, loi scélérate sur l’asile et l’immigration, état d’urgence permanent contre les libertés d’un côté, jusqu’à tenter de réhabiliter l’infâme Pétain, puis, de l’autre des batteries de mesures ultralibérales contre les droits des travailleurs, le pouvoir d’achat ou l’architecture sociale de la République, visant à améliorer le taux de profit du capital au sein duquel la compétition fait rage. Les progressistes auraient tort de rester spectateurs d’un tel « duo funèbre » aux incalculables conséquences négatives.

Il conviendrait de travailler d’arrache-pied pour que les mécontentements se transforment en force populaire pour un dépassement du système. Ainsi, à partir du mouvement de ce samedi il conviendrait de porter une issue combinant justice fiscale, réorientation des profits de Total et des compagnies d’autoroutes vers les infrastructures publiques de transport, orientation des fonds créés par la Banque européenne au service de la  transformation de la production automobile et pour un plan de rénovation des bâtiments plus économes en énergie, l’aide à l’accès à ces logements et à une énergie non polluante pour les familles qui en ont besoin, tout en développant des productions locales contre le libre-échange organisé par les multinationales. Le chantier est vaste. Et le moment crucial pour faire franchir des pas supplémentaires dans les consciences.


4 commentaires


Moreau 15 novembre 2018 à 13 h 44 min

Bourgeoisie riche trop riche n’a pas sa place en république authentique universaliste.
Taxer les gens des grandes villes, c’est très bien, le président et le gouvernement ont raison mais le problème est qu’ils frappent la population de province. Il faut bien sûr inciter les gens des grandes villes à se déplacer en train, en tramway, en tapis roulants… Financer les transports en commun dans les grandes villes avec la taxe carbone, c’est de la politique de haut niveau. Je suis entièrement d’accord avec cette politique de haut niveau autant que je suis entièrement en désaccord avec la généralisation de cette politique frappant la province.
La taxe carbone doit donc être surtout mégapolitaine.
Les gens de la capitale prennent un petit peu conscience que l’automobile est indispensable pour la vie quotidienne en province et qu’en province il n’y a pas assez de lignes et de services ferroviaires.
Les gens de la province prennent un petit peu conscience qu’il ne faut pas beaucoup d’automobiles dans les grandes villes. Hier soir à 22 h 05, une voiture moyenne est passée devant chez moi et à franchi le panneau de signalisation lumineux limitant la vitesse à 50 kms/h, à 131 kms/ h. Il fallait, il faut, le contrôle gouvernemental : les voitures doivent être dotées d’un limitateur de vitesse intégré. Si cette voiture avait été bridée, l’excès de vitesse n’aurait pas été tel, les voitures pourraient être bridées à 80 kms/h, ce serait sage.
Il faut allier les meilleures solutions, les solutions d’amour. En république universalistes, les Citoyens sont des Alliés, pas des Vassaux !
Je suis contre le covoiturage et contre la voiture sans conducteur.
La république en marche, d’accord ; la république marche à pied tout le temps pas d’accord, la république à tombeau ouvert, pas d’accord.
Ce n’est pas tout.
Organiser le marché en faisant un marché couvert à proximité de la gare, faire venir les fruits et les légumes par le train de marchandise dès que la distance excède 50 kms, des producteurs se tapent plus de 50 kms pour venir vendre sur le marché, ça ne va pas ; elle sert à quoi au vingt et unième siècle l’invention du train de marchandise ! Et ça s’appelle le meilleur aménagement des territoires.
Les fruits et les légumes adorent les plateformes et les tapis roulants. Le camion pour les trajets jusqu’à 50 kms, le train de marchandises pour les trajets supérieurs à 50 kms. Et tout le monde sera content.
C’est simple comme bonjour.
Offrir aux enfants un train électrique de marchandise à Noël et une gare. Faire faire des devoirs de vacances aux enfants sur le meilleur aménagement des territoires. Ne pas oublier des tapis roulants.
Financer des trains et des tramways avec de la taxe carbone, ce n’est pas possible pour parler humainement, l’automobile est le moyen de transport quotidien indispensable. Et donc il faudrait réduire certaines dépenses publiques en province ou trouver d’autres recettes.
Et faire une bonne petite voiture électrogène électrique à la consommation d’oiseau, pour ne pas se déplacer en province à pied ou à vélo quotidiennement et ne pas faire de chutes dans le désert médical, quand on n’a pas le pouvoir d’achat pour s’acheter une voiture à l’hydrogène, ça ne doit pas être irréalisable.

Nous ne voulons plus de guerre
Et nous ne voulons plus de sang
Halte aux armes nucléaires
Halte à la course au néant

Halte à la course au néant
Halte à la course à l’argent..

Rien de tel par exemple qu’un groupe électrogène écologique à la consommation d’oiseau embarqué sur un traxter can-am à moteur électrique, à trois places à pneus de route et cabine avec chauffage et climatisation, le tout avec une belle carrosserie noire et or, c’est une idée pour la voiture pour tous ; ça devrait être déjà fait et en vente pour un tout petit prix, pas plus de 4.000 euros en donnant la possibilité d’emprunter à toutes les personnes ; ou il faut augmenter significativement les minimas sociaux et le smic.

Boutrou Alain 18 novembre 2018 à 17 h 41 min

Oui nous devons entrer dans le débat, et sans apriori
Là quand je vois comment nous avons trainé les pieds , pour la mobilisation du 17. Ce n’est pas gagné

barnils 18 novembre 2018 à 18 h 37 min

très beau commentaire c’est le nationaliste qui est de retour partout dans le monde Amérique du Nord Brésil Russie Chine Inde en Europe aussi nous faire croire que se sont les immigrés qui viennent nous prendre notre travail ou social c’est bien la petite bourgeoisie qui veut rien partagé alors cette nouvelle économie dont vous parlez je n’y avais pas pensée nationaliste/capitaliste excellent j’avais remarqué aussi le côté droiture de Macron

alain harrison 4 décembre 2018 à 21 h 39 min

«« Le nouveau président du MEDEF indique la nouvelle donne : « la mondialisation heureuse est terminée » »»

Imaginez ce que cela sera.

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