Recul de la peine de mort, avancée de l’humanité

le 10 mars 2011

Deux bonnes nouvelles, liées l’une à l’autre, ont traversé l’Atlantique en moins de 48h.

La première concerne Hank Skinner. Souvenez-vous, c’est cet homme, condamné à mort pour un crime qu’il a toujours nié et  dont l’exécution programmée le 24 mars 2010 avait été suspendue par la cour suprême 45 minutes avant l’heure, alors qu’il avait déjà fait ses adieux à ses proches. Il demande depuis des années que des tests ADN soient faits sur divers objets de la scène de crime, susceptibles de le disculper. Mais le juge texan qui l’a condamné les lui a toujours refusés, préférant condamner sans certitudes un homme à la mort, plutôt que de perdre la face dans un état où la peine capitale est profondément ancrée comme constitutive de l’identité locale. Là rien n’a avancé depuis la barbarie des lynchages du Far West.

Lundi, la Cour Suprême a permis à Hank Skinner, non pas encore de faire opérer des tests ADN, mais de  contester l’interdiction émise par la justice texane de les pratiquer. Rien n’est encore gagné dans son cas, mais le désespoir n’est plus de mise. Hank a surtout la malchance d’avoir été condamné dans un état dont la justice relève souvent de la farce morbide, avec une obsession de la mort. Le Texas détient le record du nombre d’exécutions aux Etats Unis avec 466 vies enlevées par la décision d’un Etat.

A l’inverse, l’Illinois, fief du président Obama, vient de devenir le 16ème Etat américain à abandonner la peine de mort. Le gouverneur, Pat Quinn, qui s’était prononcé contre l’abolition, a finalement signé hier le décret après que le Parlement de l’Illinois se soit prononcé. C’est un pas des plus importants car il va dans le sens de l’histoire et du progrès. C’est un pas qui éloigne un peu plus l’humanité de la barbarie. C’est un pas en avant qui interdit le moindre pas en arrière.

Aujourd’hui, aux Etats Unis, la peine de mort a été abolie dans 16 états, 2 ont imposé un moratoire sur les exécutions, 9 ont toujours la peine de mort dans leurs systèmes judiciaires mais n’ont plus exécuté depuis au moins dix ans, mais 24 continuent à lyncher, parfois de manière obsessionnelle. Cela laisse une idée du chemin qu’il reste à parcourir, sachant qu’il faudrait que 26 états (soit la moitié des états de la fédération) se prononcent pour une abolition ferme pour que la Cour Suprême puisse décider de son abolition partout aux Etats-Unis.

56 pays dans le monde appliquent toujours la peine de mort, sans compter ceux qui l’ont toujours dans leurs lois mais ne l’ont pas appliquée depuis des années. La bataille n’est donc pas finie et doit se mener au niveau mondial. En février c’était le Gabon qui devenait abolitionniste. Mais tant que les grandes puissances, anciennes ou nouvelles, continueront à l’appliquer, il restera difficile de demander au reste du monde de le faire. La Chine, les Etats-Unis, ont un rôle de leader à jouer sur ces questions. C’est pourquoi nous ne devons rien lâcher, pour Hank Skinner, Mumia Abu-Jamal et tous les condamnés à mort, innocents ou coupables, de par le monde.

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0 commentaires


michel lefevre 10 mars 2011 à 14 h 59 min

Oui c’est une bonne nouvelle,un état de plus a abolir la peine de mort ! je pense que le president obama y est pour queque chose.Ce président c’est ce que les ETATS UNIS ont pu avoir de mieux depuis le pasteur Martin Lutterking.

vignaud 10 mars 2011 à 16 h 23 min

l’ abolition de la peine de mort est a la fois un bien et un mal elle aurait du perduré pour les coupables ,les vrais ceux dont les preuves sont indéniable irréfutable !

BIGONSKI Suzanne 10 mars 2011 à 18 h 02 min

Tant que les sociétés puniront les crimes par d’autres crimes, chaque assassinat par un autre assassinat, la société humaine restera barbare

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