Elle s’appelle Meriem, elle est binationale. Elle est maire de ma ville.

le 24 janvier 2016

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Ce jeudi 21 janvier, le conseil municipal d’Aubervilliers a élu Meriem Derkaoui, maire de la ville.

Cette élection a été rendue nécessaire après la décision de Pascal Beaudet de ne plus assumer cette lourde responsabilité, à cause de difficultés de santé qui l’assaillent. Il a considéré après un temps long de réflexion qu’il valait mieux, pour lui-même et pour la ville, laisser ce mandat afin d’alléger un peu son emploi du temps et le stress permanent que subit forcément tout maire d’une ville de cette importance.

Laisser, ne veut pas dire « délaisser » les habitants. Il reste conseiller municipal et conseiller départemental.

Dans le salmigondis antipolitique, anti-élus, antiparlementaires qui s’étale désormais un peu partout on ne mesure pas ou trop peu les questions, les difficultés, les obstacles et les soucis que doit affronter un maire. Pris chaque jour dans de multiples contradictions entre la satisfaction des besoins des populations et les réductions de dotations d’Etat, le choix imposé entre l’augmentation des impôts locaux et celui des tarifs des services communaux ou la réduction de ces mêmes services, les chocs de la désindustrialisation comme l’ont connue Aubervilliers, La Courneuve ou Saint Denis et la nécessité d’imaginer de nouvelles activités comme cela se fait sur ce territoire en lien avec Plaine commune, les difficultés nouvelles liées aux insécurités ou encore à des incivilités ou à la propreté de la ville. On pourrait allonger cette liste.

Un maire est aussi un employeur : près de 1600 employés communaux dans notre ville. Un maire c’est aussi l’élu qui doit travailler avec des collectifs. Celui de ses adjoints et conseillers municipaux et celui de son administration. Celui également des collectifs citoyens de quartiers. Il est de facto lié à la communauté de commune en partageant des activités, des responsabilités et des décisions. Il coopère avec les services de l’Etat, les sous préfets, le préfet, avec la ville de Paris puisque Aubervilliers est voisine de la capitale et construit avec elle des projets communs.

Bref, croire ou faire croire que la gestion d’une ville comme Aubervilliers est une sinécure, c’est au mieux cultiver la mauvaise foi, au pire tromper les citoyens. Ce que certains n’ont pas hésité à faire ces dernières semaines. C’est tout à l’honneur de Pascal Beaudet d’avoir dit qu’il ne pouvait pas continuer ainsi et donc demander son remplacement. Il en avait parlé à certains d’entre nous à plusieurs reprises. La veille de Noël nous en avions longuement discuté. Cette attitude est certainement plus noble, plus honnête, plus éthique, que celles et ceux qui s’accrochent coûte que coûte à leur fauteuil en laissant diriger leur ville par l’administration ou par un cabinet non élu à l’ombre des lambris des mairies. Pascal avait déjà subit des malaises dans l’exercice de ses fonctions, dont l’un à l’ouverture d’une réunion de cadres de la ville début décembre. Pourquoi alors certains cercles politiciens plus prompts à contempler les astres et les désastres qu’à agir, se sont ainsi acharnés ces dernières semaines. Un point particulier doit être adressé aux pages « Seine Saint Denis »  du journal Le Parisien devenu colporteur de ragots, de médisances et de mensonges pour instiller un climat de doute, de suspicion et de division. Instaurer une ambiance délétère dans la ville semble être devenu une fonction à plein temps pour quelques plumitifs. Ils en ont pour leurs frais. Leurs scénarios bidon tombent à l’eau. Cette méthode s’éloigne du journalisme pour se rapprocher de la politique politicienne. Curieux d’ailleurs, qu’on trouve tant de place pour cela alors qu’il en manquerait pour annoncer une réunion, une réalisation nouvelle ou encore mes interventions au Parlement européen et ailleurs.

Avoir spéculé sur le fait qu’au conseil municipal du 17 décembre Pascal Beaudet n’avait plus de majorité est de la désinformation à l’état pur alors qu’il a été élu ce jour-là avec son adjointe Sophie Vally avec la totalité des voix de sa majorité au conseil de Paris-Métropole. Dans un autre vote désignant trois représentants supplémentaires au conseil territorial, une liste issue de notre majorité à été constituée, non contre Pascal mais contre l’un des choix qui posait problème à une partie des élus de la majorité. La discussion et la préparation de ces listes ont sans doute été insuffisantes mais cela n’avait rien à voir avec l’autorité de Pascal Beaudet. La démocratie a tranché ce jour-là et c’est très bien ainsi. Là encore qu’y a-t-il de mal à ce que la démocratie tranche des différents. C’est encore à l’honneur de Pascal Beaudet de l’avoir accepté. Dans combien d’endroit ceci se serait terminé par des sanctions contre des adjoints ou des conseillers ?

Ajoutons que faire douter des difficultés de santé de l’ancien maire est un profond irrespect et un antihumanisme. Or si un mot caractérise Pascal et son comportement c’est bien celui de l’humanisme incarné, de la gentillesse, de l’attention à l’autre, de l’ouverture, à l’image de cette belle liste qu’il a conduit à la victoire aux dernières élections municipales. Même son débit de parole, son phrasé témoigne de ceci. Il n’assène jamais, il parle toujours d’un ton modéré, on croit toujours qu’il laisse de la place dans ses mots et ses phrases pour que vous y ajoutiez votre propre mot, votre idée ou votre suggestion. Il a gardé de son métier d’enseignant ce souci permanent de la pédagogie et de l’écoute pour comprendre « l’autre ».

Très apprécié dans la ville il aura été l’élu de Jack Ralite puis maire lui-même avant de se retrouver, un mandat durant, extérieur à la majorité municipale constituée par les socialistes. Dans l’intervalle il aura reconquis un canton de la ville quand celle-ci en comptait deux, puis réélu aux dernières municipales à la tête d’une liste puisant profondément dans l’identité et la diversité de la ville avec une large place à la jeunesse, et à nouveau largement réélu conseiller départemental, il y a quelques mois, en duo avec sa première adjointe de l’époque Meriem Derkaoui.

C’est elle qui est devenue naturellement maire jeudi dernier. Meriem est une belle personne, droite, sincère, courageuse, dévouée, soucieuse de l’autre. Née à Saida en Algérie, d’une famille combattante pour l’indépendance, elle aura suivi des études supérieures à la faculté d’Oran puis, elle aura dû fuir l’intégrisme terroriste.

Elle a crée ici une association de femmes Algériennes apportant aide et soutien aux femmes restées là-bas. Militante féministe, internationaliste et communiste, elle a été élue dès 2001 dans l’équipe de Jack Ralite. Ce n’était pas facile pour elle d’accepter cette fonction même si elle a une longue expérience d’adjointe à Aubervilliers, les sports, la jeunesse, l’enseignement et les écoles… Elle connait merveilleusement bien la ville et la diversité de ses habitants. Les chantiers, les difficultés et les problèmes aussi. La tâche ne sera pas simple. Beaucoup de problèmes quotidiens sont à résoudre, dont la propreté, la défense des services publics menacés, l’emploi, à commencer par celui des jeunes, les logements insuffisants, la poursuite de l’aménagement de certains quartiers en lien avec d’autres collectivités et institutions. Et, au moment où la révolution démographique, numérique, écologique, territoriale avec Paris-Métropole frappe à la porte, il faut inventer une nouvelle étape pour Aubervilliers, l’inscrire dans le nouveau siècle tout en agissant pour qu’elle dispose des moyens financiers et humains pour le faire. Il faudra trouver dans ce seul mandat des centaines de millions d’euros ne serait-ce que pour construire les écoles correspondant aux modifications démographiques.

Avec la population un projet de ville est à inventer. Un grand travail devra s’engager sans doute pour une ville encore modernisée, porteuse de connaissances et de culture avec ses multiples équipements. Pour mener à bien ces chantiers Meriem peut compter sur une majorité élargie puisque cinq conseillers supplémentaires sont venus s’ajouter à sa majorité d’origine. D’autre part elle pourra s’appuyer sur une équipe soudée, décidée, audacieuse, jeune, qui va l’épauler, ainsi qu’une administration municipale qui a le souci de bien faire pour la ville. Son premier adjoint Anthony Daguet, incarnant une nouvelle génération, sera un solide et fidèle allié dans ces responsabilités. Elle vient d’avoir l’audace de confier des responsabilités importantes à de jeunes adjoints qui d’ailleurs ne sont pas membres de son parti. C’est une nouvelle méthode qui s’expérimente à Aubervilliers, la ville des maires comme Charles Tillon, André Karman ou Jack Ralite qui eux aussi ont eu leurs audaces au bénéfice des habitants. Anthony Daguet est lui aussi un militant dévoué, solide, généreux et compétent comme il l’a déjà montré dans ses responsabilités d’adjoint aux finances faisant gagner près de 800 millions d’euros à la ville avec la renégociation des emprunts dits « toxiques ». Elle aura le souci d’associer tous les élus de la majorité dont il est agréable de voir les compétences et le souci des habitants et de la ville. Elle ne négligera pas celles et ceux qui se déclarent dans l’opposition.

Nous avons été très heureux de voir tant de monde à la mairie jeudi soir, pour Pascal et Meriem aux côtés du président du conseil général, Stéphane Troussel, de Jack Ralite ancien ministre et maire honoraire, du maire de Saint Denis Didier Paillard, du président de Plaine commune Patrick Braouzec, de Jean Charles Nègre élu de Montreuil et ancien conseiller général, des conseillers départementaux de Bobigny, Abdel Saidi et Pascale Labbé.

Nous sommes fiers d’avoir produit ce bel acte : élire la première femme maire d’Aubervilliers, une femme courageuse, une femme à l’image de la diversité de notre ville, une militante du bien être et du mieux vivre.

Avec elle, avec madame la maire, Meriem et binational, nous poursuivons avec pour seul souci : les habitants. Tous les habitants.


3 commentaires


André Narritsens 25 janvier 2016 à 9 h 31 min

Merci, Patrick, pour ce beau texte. Oui, Meriem est notre fierté.

miloud abid yamina 26 janvier 2016 à 0 h 29 min

merci cher monsieur pour ce beaux témoignage qui vient du coeur et merci pour cette dame ce bel exemple dans cette période défficille qui traverse notre payé la france actuellement et surtout bravo a elle d’avoire accepter cette responsabilité ya pas photo elle est le fruit des anciens audacieux je lui souhaite courage et belle instalations dans ses nouvelles fonctions encore bravo et santé a pascal . je suis de vigneux sur seine amina

Annie burger 26 janvier 2016 à 8 h 43 min

Bon courage à madame le maire et bravo au conseil municipal pour ce choix émancipateur
. Annie, longtemps enseignante à Aubervilliers.

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