L’indécence

le 30 janvier 2010

En occupant une bonne partie de la soirée télévisée lundi dernier, le Président de la République a débité un chapelet d’approximations, d’affirmations gratuites et de boniments. Il y avait un immense contraste entre les citoyens présents sur le plateau, qui vivent une situation extrêmement difficile et ce Président qui défendait ses choix : ceux en faveur des plus puissants.

Quel contraste entre le salarié de la SBFM de Hennebont, l’agricultrice du Tarn ou l’enseignant de la Seine-Saint-Denis, vivant de plus en plus mal et la situation d’un dirigeant d’entreprise publique gagnant 7000€ par jour.

Quel contraste révoltant entre l’annonce de la mise en cause du droit à la retraite à soixante ans et le cadeau que doit recevoir de son ancienne entreprise ce même personnage, pour son départ en retraite. Une « retraite chapeau » de 13,5 millions d’euros ! M. Sarkozy n’aura pas eu un mot pour le SMIC mais aura défendu avec fougue le salaire des grands patrons qui se gavent. Indécent !

Quel contraste avec la multitude de celles et ceux qui n’ont que dix euros par jour pour vivre et les cadeaux « bonus » des banques à leurs « traders », s’élevant à un milliard d’euros versés par des banques renflouées par l’argent public.

Des commentateurs ont souligné un changement de style de M. Sarkozy. Peu importe le style. Le chef de l’Etat a plus que jamais défendu les intérêts de sa caste : celle des puissants, de la haute finance, de la minorité des riches qui gagnent chacun de 300 à 400 SMIC. Il a défendu les choix qui ont conduit le pays au bord de l’abîme !

 L’odeur d’argent qui flotte dans cette petite caste de copains et de coquins qui domine aujourd’hui la France, sent extrêmement mauvais. Dans l’intérêt général et pour l’efficacité, un mouvement uni doit se lever pour réclamer justice.

Au lieu de verser des bonus et des hautes rémunérations pour la minorité dont la seule logique est la rentabilité du capital, changeons de logique. Un dirigeant de grande entreprise devrait être d’autant mieux rémunéré qu’il favorise l’emploi, le bien être humain, le développement durable. L’argent placé dans les banques ne doit plus servir à la spéculation mais affecté à un crédit d’autant plus favorable qu’il aide le travail, la formation, la recherche, la protection environnementale. Que l’on abolisse le bouclier fiscal remplacé par un véritable bouclier social, protecteur des travailleurs, des privés d’emploi et de logement. Que les 800 contribuables les plus fortunés qui reçoivent un chèque de 370 000 euros, soit l’équivalent de trente années de SMIC, au titre des déductions fiscales, rendent cet argent et qu’on le distribue aux chômeurs.

Il est totalement scandaleux d’employer le mot de « fin de droits » à propos d’un million d’entre eux qui ne toucheront plus aucune indemnité. Ce n’est pas aux traders qu’il faut distribuer des bonus mais aux chômeurs !

M. Sarkozy avait affirmé avec aplomb qu’il irait chercher la croissance « avec les dents », ou qu’il serait « le Président du pouvoir d’achat ». Il avait également affirmé  que plus personne ne dormirait dehors d’ici deux ans. Qu’il sorte la nuit sur les trottoirs parisiens pour vérifier cette autre promesse des élections présidentielles. Et avec ce même aplomb, il affirme aujourd’hui, contre toute évidence, que le chômage va diminuer. Malheureusement rien n’est fait pour cela. Et sa lamentable attaque contre la réduction du temps de travail cache mal comment lui même partage le travail. En laissant des millions de travailleurs au bord de la route, en développant le travail précaire, en multipliant les travailleurs pauvres, alors que d’autres sont surexploités quand leurs employeurs voient leur participation à l’intérêt général diminuer sans cesse. Que les banques soient mises à contribution pour aider les entreprises qui en ont besoin pour maintenir l’emploi et développer la formation. Quant aux affirmations selon lesquelles « toutes les automobiles vendues en France devraient être produites en France », ou que « tous les contractuels de la fonction publique seront titularisés », il ne faudra pas les oublier et demander des comptes. Pour les retraites, il n’y a pas à reculer d’un pouce sur le droit à la retraite à 60 ans. Que l’on mette fin aux 32 milliards d’exonération de cotisations patronales et que l’on fasse cotiser les revenus financiers au même niveau que les salaires.

Même si le ton change à la veille des élections régionales, ce Président de la République défend bec et ongles des choix au seul service des puissants. Il veut que le peuple le croit et l’accepte. Ce n’est pas le cas. Ce ne sera pas le cas. Les mouvements sociaux, citoyens, culturels, doivent reprendre l’initiative.

La véritable nature de classe de ce pouvoir saute de plus en plus aux yeux. Il faut le faire reculer jusqu’à le battre dans les urnes pour un nouveau projet de changement progressiste.


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Jacques Vieceli 30 janvier 2010 à 15 h 55 min

Il y a encore quelques années,dans la plupart des entreprises il était revendiqué la mise à la retraite de tous ceux qui ont l’âge,afin de laisser la place aux jeunes.
Maintenant,la guerre idéologique semble influencer l’inverse.
L’offensive résistante pourrait viser pourtant,la caste installée aussi bien dans les médias que dans la plupart des secteurs à fric,afin que les plus âgés et ils trés nombreux soient mis à la retraite pour laisser la place aux jeunes et débloquer les déroulement de carrière.
Idem pour les responsables politiques élus ou non,qui à partir de soixante ans,pourraient donner du sang neuf à la démocratie en se décrochant de leurs postes tout en continuant les fonctions bénévoles du militantisme désintéressé mais combien utile et intéressant.

CamCel 31 janvier 2010 à 16 h 49 min

Mais tous les Français le savaient bien avant l’élection ! Pourquoi lui avoir confié le pouvoir alors même qu’on savait pertinemment qu’il allait s’en servir en despote absolu ?
Quand je pense qu’en Belgique avant l’élection il avait la faveur de plus de % des Belges !
Ils déchantent !

Eric 3 février 2010 à 2 h 39 min

Helas, le prince continue à vitupérer avec la complicité de ceux qui animent son miroir aux alouettes. Quel crédit accorder à une interview menée par Laurence Ferrari, incarnation de l’opportunisme, et J.P. Pernault qui du haut de son perchoir de 13 H. impose aux français une vision stéréotypée du monde ? Il faut bien peu de courage au prince pour exiger d’être interrogée par ses inféodés, et bien peu de courtoisie pour dépasser le temps qui lui était impartie. “Ca va changer”, avait-il annoncé au personnel de F3 quant à son traitement médiatique un jour de mauvaise humeur. Cela a changé.
Comment accepter qu’une telle tribune soit donnée au prince par la chaîne de télévision dirigée par un de ceux qui a orchestré le mauvais concert de sa campagne ? Copinage, oui, coquinage, oui, corruption morale, mentale, intellectuelle, totalement.

Un patron qui coule sa boite et entraine avec lui les salariés ne devrait pas partir avec un parachute doré, mais rembourser ses bonus et ses primes. Un dirigeant d’entreprise devrait être élu et ses salariés avoir le droit de le renverser s’il nuit au biengénéral. Au minimum, sans même parler d’auto-gestion.

Bien sur on hurlerait à l’atteinte à la “libre entreprise”, mais il y a leur liberté, et la notre, et elles n’ont pas la même définition. La liberté des puissants protégés par le bouclier fiscal et qui joueent avec la vie réelle des gens, via la virtualité des transactions boursières, voient leur liberté comme celle d’oprimer, de posséder, d’exploiter. Jamais le contraire ne leur viendrait à l’idée: il y a une conception quasi eugéniste des rapports sociaux, et l’indécence atteint un niveau intolérable.

Notre liberté, c’est le désir de tenir les rênes de notre destin, c’est de voir dans le bonheur des autres la condition du notre, c’est le partage, l’envie de connaissance, l’envie de créer sans spolier, l’envie de travailler dans une vision qui dépasse l’instrumentalisation sociale, la réification, la fonction: travailler au service d’un intérêt commun qui profite à tous comme il nous profite individuellement. S’épanouir, être. Autant de choses qu’ils nous refusent.
Au nom de quel supériorité, au nom de quelle idée il se font d’eux-mêmes ?

Le capitalisme sème les graines du fachisme. Les illégaux pointés du doigt par Besson, les privilégiés fonctionnaires honnis par les patrons… Si différents, si proches.

Arqueboutons-nous sur nos résistances: l’utopie n’est pas l’irréalisable mais l’irréalisé, comme le disait Monod. Et que cela commence dans nos rues, nos quartiers, nos H.L.M. avec la campagne des régionales. Décochons un filet du gauche à la droite, et un second à la gauche de renoncement qui ergote sur nos retraites.
L’impasse c’est le sarkozisme, le capitalisme.
L’horizon, c’est nous.

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