Libre-échange contre les peuples

le 12 juillet 2019

Grands Etats, Union européenne et multinationales travaillent dans les alcôves des ambassades et le secret des conseils d’administrations à élaborer une multitude d’accords dit de « libre-échange » qui ont pour objectif de dynamiser un capitalisme à la recherche permanente de nouveaux terrains de profitabilité.

Après le traité avec le Canada (dit CETA) que le gouvernement veut faire voter dans quelques jours par le Parlement alors qu’il est déjà en application, voici le traité Mercosur : un marché sud-américain vaste de près de près de 300 millions d’habitants qui représente plus de 80% des richesses produites du continent. Ce type de traité n’a rien à voir avec un accord de coopération d’Etat à Etat. Il est conclu à partir des demandes des grandes sociétés transnationales et sa légitimité, dès lors que les Etats l’acceptent, est jugée non pas dans des  tribunaux internationaux sous contrôle de l’ONU mais dans des tribunaux arbitraux privés qui statuent d’abord sur la liberté du commerce et le « droit à l’investissement ».

Autrement dit, il s’agit d’un transfert de souveraineté politique au profit d’un nouveau « droit des affaires ». L’institutionnalisation du capitalisme le plus échevelé est à l’œuvre si le mouvement populaire ne bloque pas ce processus.

Le capital a besoin de la concurrence la plus débridée et de la liberté totale de circulation des marchandises et des capitaux pour toujours pressurer le travail et utiliser la nature à sa guise.

Cette circulation vise à une suraccumulation qui heurte de plein fouet les besoins sociaux, de santé, les objectifs fixés pour la lutte contre le réchauffement climatique et la défense de la biodiversité, tout en préparant de nouvelles crises économiques. Dans le cadre libre-échangiste, les États sont poussés à déréglementer au service de leurs multinationales qui veulent disposer d’armes nouvelles dans la guerre économique. Il leur faut ainsi détruire tout dispositif législatif national protégeant les travailleurs et l’environnement comme s’y attelle avec tant de zèle M. Macron.

Additionnés, ces traités amplifient la division internationale du travail, poussant à des spécialisations qui, sur le temps long, se transforment en rentes et pétrifient les sociétés. Les peuples sont ainsi pris au piège de l’implacable loi du commerce international : poussés à acheter de plus en plus de biens de consommation ou produits industriels sur le marché mondial, venus de plus en plus loin, ils renforcent autant les positions dominantes qu’ils sacrifient leur souveraineté tout en démultipliant les productions de CO².

Les arguments de la Commission européenne pour faire passer la pilule du libre-échange tombent comme des châteaux de cartes. Comment garantir quelque contrôle que ce soit qui viserait à préserver les normes sanitaires et environnementales européennes quand cet accord va permettre de jeter sur notre continent des centaines de milliers de tonnes de viande nourries en toute légalité avec l’usage de pesticides, dopées aux hormones et antibiotiques ?

Laisser le libre jeu du marché organiser les échanges internationaux revient à inoculer un venin mortel à l’humanité entière. La guerre économique qui en découle provoque partout des tensions, poussant à des guerres commerciales qui laissent présager des conflits militarisés, et nourrit les forces d’extrême droite. Les députés et les sénateurs doivent être placés sous pression populaire pour ne pas voter l’accord avec le Canada, réclamer une commission d’étude sur les effets du projet de traité Mercosur. L’intérêt général humain et environnemental commande de créer les conditions pour que l’Union européenne refuse ces textes, et la France doit quitter la table des négociations si nécessaire.  Un puissant mouvement citoyen international doit s’organiser pour empêcher l’emprise du capital sur nos sociétés et promouvoir un tout autre modèle d’échanges internationaux coopératif et respectueux des souverainetés, indexés non plus sur les besoins des multinationales mais promouvant des objectifs sociaux, démocratiques et environnementaux.


1 commentaire


colombe 14 juillet 2019 à 10 h 14 min

Le mouvement de concentration et d’accumulation du capital , me fais penser a un trapèze isocèle qui se transforme au fur et a mesure en un sommet du plus en plus etroit détenu par une poignée de multinationales et une base de plus en plus large composée de salariés et de chomeurs . Le cadre national devenant trop etroit ,le capital s’accumule et se concentre sur le plan mondial . De ce fait ,on devrait entendre plus souvent l’internationale . Travailleurs de tous pays unissez vous ,n’a jamais été autant d’actualité . Eugène Pottier et Karl Marx avaient peut etre 200 a 250 ans d’avance . Lors du dernier rassemblement de la gauche ,R. Glucksmann a déclaré qu’il fallait laisser les égos de coté . Mais tenir une position de classe ,est ce avoir de l’égo ? S’il ne s’attaque pas a la logique du capital ,il ne changera rien .Sauf faire le lit de l’extrème droite . Ménager la chèvre et le chou ,c’est bien joli ,mais on a jamais vu le chou manger la chèvre.

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