Le timbre rouge, le boulanger, le médecin et nos retraites

le 10 janvier 2023

En apparence, il n’y a pas de relation entre un timbre rouge tombé en désuétude, le boulanger, le médecin, l’hôpital et nos retraites. Pourtant… Pourtant à y regarder de près, on retrouve sur chacun de ces sujets, les mains des institutions européennes et des gouvernements complices de celles-ci pour déréguler, privatiser, les rapaces de la finance qui veulent tout acheter ce qui fait nos vies.

Pourtant, dans une société où les liens humains souffrent, se tarissent, lâchent parfois, avec le petit timbre rouge et le facteur, le bureau de poste, le boulanger ou le médecin sont parfois le dernier maillon social entre les citoyennes et les citoyens avec la République.

Les factrices et les facteurs avec la Poste, les médecins, infirmières, infirmiers, urgentistes avec l’Hôpital, sont des agents et des services publics indispensables attaqués sans relâche par les chefs comptables du capitalisme qui rognent leurs capacités. Après quoi, ils ouvrent la voie au privé.

Aujourd’hui, tout au service de la rapacité du capital, le pouvoir macroniste ne mesure pas le niveau d’exaspération et de colère de nos concitoyens, pour qui les services publics sont le patrimoine commun et un moyen aussi d’améliorer conditions de vie et pouvoir d’achat. Encore plus en temps de crises.

Ils détruisent ces piliers de notre société. Ils piétinent les liens humains du quotidien.

Derrière la disparition du timbre rouge, c’est la tournée du facteur qui disparaît. Le facteur n’est pas un simple porteur de papier. Il apporte également des nouvelles et des informations pluralistes avec les journaux. Il est aussi un confident, un œil attentif. Celui ou celle qui rend un petit service utile au quotidien. Le bureau de poste est un lieu de rencontre, de dialogue, dans des villages ou des quartiers qui en manquent cruellement.

Au nom d’un curieux progrès, plus on numérise, plus on déshumanise.

En vérité les transformations de La Poste, au nom de la mise en concurrence de la distribution, n’a eu pour objectif que de supprimer des emplois pour optimiser la rentabilité de la poste, plus préoccupée désormais de développer la Banque postale que la distribution des lettres et des journaux.

Elle a eu aussi pour objectif d’engraisser des entreprises privées de distribution.

Le facteur n’est pas une fiche de paie en trop, un « coût » à réduire. Il est une personne humaine qui fait le lien avec d’autres personnes humaines et fait vivre les territoires.

Derrière la fin du timbre rouge, il y a bien la destruction de ce lien avec la suppression d’une tournée de distribution sur deux. De contre-réforme en contre-réforme, La Poste a connu en 20 ans un des plus grands plans de licenciements, dans un silence assourdissant, au nom des déréglementations et de la privatisation d’une partie de la distribution du courrier et des journaux.

Le boulanger ou les artisans des métiers de bouche, les petites entreprises sont aussi en ce moment les victimes d’une même logique spéculative et de mensonges, sur la facture d’électricité.

Les similitudes avec ce qui s’est passé pour La Poste sont flagrantes. Avec pour responsables, les mêmes prêcheurs de l’ultralibéralisme. Voyons ! Les coûts de production de l’énergie nucléaire et hydraulique n’ont connu aucune augmentation et pourtant le boulanger et les autres payent l’électricité au prix fort.

Et chaque foyer populaire va subir une augmentation d’au moins 15%. Le coût de production est en deçà de 50 € le mégawatt/heure et il est facturé 500 € et plus à l’artisan ou au petit entrepreneur.

Voici le résultat d’un montage purement politique, d’une déréglementation capitaliste consistant à faire dépendre le prix de notre électricité du coût de production de celle-ci dans la dernière centrale à gaz installée en Allemagne. L’ouverture à la concurrence fait pousser comme des champignons vénéneux des distributeurs d’électricité privée qui font leur beurre à partir d’un achat d’électricité notamment à EDF à prix coûtant pour le revendre à ce qu’on appelle à un prix du « marché ».

Et le ministre de l’Économie ment effrontément lorsqu’il explique que refuser ce système remettrait en cause les « interconnections » c’est-à-dire l’échange entre pays européens pour la sécurité d’approvisionnement.

Il tente de faire passer pour une question technique, la coopération par l’interconnexion qui sécurise les approvisionnements pour chaque pays et « le mécanisme européen de fixation des prix de l’électricité » qui est, lui, une décision politique qui défavorise la France.

En clair, on fait acheter aux Français une électricité qu’ils ne produisent pas cher pour leur faire racheter la même, très cher. Il est temps de pousser à une réappropriation sociale, publique, démocratique de nos secteurs de l’énergie.

Le médecin, l’infirmière, l’infirmier aussi relient, protègent, rassurent et soignent. L’Hôpital public est un lieu de soins, mais aussi d’accueil. Or, les hôpitaux et les maternités ont été de plus en plus éloignés dans des territoires entiers en manque de médecins. Celles et ceux qui y travaillent n’en peuvent plus.

Voilà le résultat de dizaines d’années de contre-réformes calquant la gestion du système hospitalier sur celui des entreprises privées à partir des mêmes calculs comptables et des taux de profits… Un chapelet de mots abscons dicte cette règle destructrice : « l’Objectif National de Dépenses de l’Assurance-Maladie ». Le fameux ONDAM voté chaque année par le Parlement afin de fixer le niveau de dépenses de santé à ne pas dépasser.

Encore une invention mise en place en application des critères européens visant à réduire les déficits publics. Au nom de laquelle le président de la République a fermé 21 000 lits d’hôpitaux en plus des 103 000 lits supprimés entre 1993 et 2018.

Ceci aboutit à une insécurité sanitaire aggravée, à des conditions de travail insupportables pour les soignants hospitaliers qui subissent les suppressions de postes de travail, l’augmentation de la charge de travail, le manque de moyens, le gel du point d’indice, le non-paiement des heures supplémentaires et la suppression progressive désormais du statut d’agent public hospitalier.

Avec au bout, la dégradation de la qualité des soins et de l’humanité des liens aux patients.

Les avancées permises par Jack Ralite, lorsqu’il était ministre de la Santé, ont été balayées par les vents mauvais du libéralisme soufflé par une multitude de gouvernements successifs.

La situation devient si explosive que le président de la République a cru bon devant les yeux ébahis du ministre de la Santé, déverser un flot de paroles, lors de ses vœux dans un hôpital, pour finalement annoncer des mesurettes et la fin des 35h, sans changer aucun des cadres fondamentaux à l’origine de la crise actuelle.

Tant que la santé sera considérée comme une dépense et non comme un investissement pour le développement de la société et la protection des vies humaines, cette crise s’approfondira.

Mais évidemment l’enjeu pour le pouvoir et les puissances privées n’est ni l’humanisme, ni le soin, mais la rentabilité capitaliste.

Et, la contre-réforme des retraites envisagée désormais en alliance entre les droites gouvernementales et les droites d’opposition participent de la même démarche : Réaliser des économies sur les catégories les plus populaires après les avoir surexploités et ouvrir de plus en plus les vannes aux assurances privées.

En reculant l’âge légal de départ en retraite et en allongeant la durée des cotisations, le pouvoir veut économiser environ 20 milliards d’euros chaque année sur des ouvriers et des employés – les premiers de corvée – pour poursuivre la protection des grandes fortunes et des puissances d’argent tout en privatisant les systèmes de retraite en droite de ligne des injonctions des institutions européennes. Surtout, les marchés financiers sont entrés dans la danse et demandent que l’on déchiquète encore plus le droit à la retraite sous peine de ne plus prêter à un taux raisonnable à la France la semaine même où il nous est confirmé que les grandes entreprises et banques cotées en bourse ont versé 80 milliards d’€ à leurs actionnaires l’an passé*. Une somme plus importante que le budget de l’éducation nationale.

Décidément, le capitalisme est un antihumanisme. La voracité des plus fortunés et des puissances financières est sans limites. Elle va de pair avec leur volonté de dominer, de soumettre, d’exploiter celles et ceux qui n’ont que leur travail ou leur maigre retraite pour vivre.

Dire tout ceci n’a rien à voir avec je ne sais quel déclinisme, mais avec la contestation des choix politiques qui jour après jour font marcher la société vers la « dé-civilisations ». Une majorité de nos concitoyens appellent à de fortes mobilisations*. Aidons à les construire ; Poussons l’unité populaire pour ouvrir l’après-capitalisme.

Patrick Le Hyaric

Le 10 janvier 2023

  • D’après « La lettre Vernimmen »
  • Enquête IFOP ; 52% des Français souhaitent « une explosion sociale.

7 commentaires


Moreau 10 janvier 2023 à 23 h 10 min

Plus ils numérisent, plus ils déshumanisent, c’est vrai, et de n’est pas du tout le progrès, c’est la modernisation, ne pas confondre. Moderniser sans réaliser le progrès nuit à la vie d’une grande partie de la population.

La pagaille actuelle qui n’est pas cent pour cent négative car tout n’est pas nul dans cette pagaille, mais qui nuit à une grande partie de la population, est causée par l’informatisation de l’entrepreneurie qui aurait dû devenir spécifique depuis l’apparition des linux valant bien des windows XP, VISTA, 7, 8 ; le 10 est spécial et le 11 fait peur. Le windows 7 était très bien, il suffisait de le faire progresser à la protection Defender du 10, pour les particuliers utilisateurs. Le 11 est aussi dissuasif que le numérique actuel dans l’informatique telle que windows 11 ; et par l’informatisation des services publics dans laquelle tout n’est pas nul mais il manque l’élément matériel spécifique et les guichets : les gouvernements sont plus incompétents que compétents en services publiques, la culture de l’entrepreneurie ne devait pas devenir la la culture de la course à l’argent ; et la culture de la fonctionneurie ne devait pas devenir la course à l’argent et surtout dans les deux modernisation et progrès pouvaient et devaient être indissociables, mais pour servir au sens littéral, il faut s’approprier la culture populaire majeure altruiste ou elle n’existerait pas, à jour, il faut appliquer la création lisible.

Selon mes convictions, la dérive des services publics et l’outrepassement de la nécessité d’ouverture culturelle réelle qui aurait fait éviter les populismes, ont été marqué par le retrait du projet Savary pour l’enseignement Liberté Égalité Fraternité, il ne fallait pas le retirer ou il fallait le réitérer pour l’optimaliser, le réaliser, et la France et l’Union Européenne seraient toutes différentes, seraient en symbiose sociétales et sociales pour l’Harmonie de toutes et de tous de toutes les générations.

Moi je souhaite, une Révolution d’Art parce que l’entrepeneurie et la fonctionneurie pour l’économie utile et indispensable et les services publics utiles et indispensable, rien n’étant à jour au regard des réalités nouvelles et des besoins réels de toutes et de tous, de toutes les générations ; selon l’évolution de chaque vie destin dans la vie destin des autres.

Moreau 11 janvier 2023 à 13 h 57 min

Tout n’a pas été, tout n’est pas complètement nul, mais tout est globalement pas assez bien et pas suffisant, pas correspondant. C’est ce que pense les victimes d’une évolution qui n’est hélas pas l’évolution républicaine car elle réduit trop de monde à survivre.

La France et l’Union Européenne avait, ont impérieusement besoin d’une fonctionneurie du vingt et unième siècle dont une grande partie a été supprimée abusivement depuis 2007 alors qu’il fallait réorienter des fonctionnaires, et l’autre partie a dérivé puisqu’il n’y a plus l’esprit du service publique, et comme les gouvernements manquent de compétence. Des infrastructures de services publiques ont été même mal rénovées, ce qui n’a rien d’économique tant il était possible de refonder en construisant bien et de fermer ce qui alors aurait été à fermer, dans les communautés des communes.

Andrée Virly 11 janvier 2023 à 18 h 34 min

Merci

Moreau 11 janvier 2023 à 20 h 14 min

«  Au nom d’un curieux progrès, plus on numérise, plus on déshumanise. »… Il ne s’agit pas d’un curieux progrès mais d’une emprise. Avoir pour certains déjà combiné messageries mails et téléphonie mobile sous prétexte de moyen ceci cela, posent des problèmes réels et sérieux à des Particuliers Utilisateurs et à leurs informaticiens traitants surtout quand ceux-ci ne sont pas à proximité. La modernisation de peut pas être appelée « progrès » tant elle est des aberrations des abus (de conditions », des pertes de libertés essentielles à la vie, tant elle est fatigante et douloureuses par les échecs et les attentes insatisfaites et les retards et les conséquences préjudiciables qu’elle cause. Au lieu d’avoir plus de société avec le meilleure de la précédente et la nouvelle, c’est une partie de population qui n’arrive pas à vivre somme toute, et une partie privilégiée. Il ne fallait pas, il ne faut pas l’archipélisation de la gauche qui n’est plus la gauche, mais l’union de la gauche authentique universaliste pour éviter cette déshumanisation.

Alain Harrison 12 janvier 2023 à 8 h 32 min

52% souhaitent une explosion sociale.

Lula élu avec 50,9%..

Les pays sont bien divisés, à tel point que le risque terroriste devienne l’apanage plutôt que la guerre civile ?

Le décore est planté (la confusion-désinformation tout azimut). il ne reste que les déclencheurs (l’histoire nous en donne une multitude d’exemples).

Il faut que les peuples s’approprient le savoir, les connaissances sur notre condition humaine et les différents volets qui nous maintiennent dans l’asservissement de toujours, qui est devenu ahurissant, tout comme les personnages retantissant suivant: Guaido, Bolsonaro, Trump, Zelenskyy ou Poutine (tout dépendra du dénouement de la guerre ?)

En tout cas , deux sont désavoués par les US-Occidents. Trudeau est silencieux quand à Guaido (et sa poignée de main, pression oblige).

Nous sommes sous le règne de l’hypocrisie, de la confusion organisée, de trop d’ignorance de l’histoire et du «« manque de conscience »» du fait de l’exploitation de l’homme par l’homme.

La confusion amène deux choses: la peur et la soumission.

Le chapitre 1 du livre de Jean-Marie Abgrall: tous manipulés tous manipulateurs.

La connaissance sur notre condition d’humain se répand petit à petit, mais, en même temps combattu, tout comme le Darwinisme mal interprété et instrumentalisé (l’ultime retour des barbares par Fethi GHARBI

Répéter suffisamment un mensonge et il devient vérité
Mais si nous répétons suffisamment une vérité, elle peut réveiller

Alain Harrison 12 janvier 2023 à 21 h 49 min

Où va ce gouvernement, la justice et la police ?

30 décembre 2022

Paris : le CRS éborgneur définitivement acquitté

Un article sur LGS.

Le dossier de la violence policière contre les Gilets Jaunes ne doit pas être oublier.

Au Brésil, justice sera faite (Bolsonaro)
Au Vénézuéla, justice sera faite (Guaido)
Aux USA, justice sera faite (Trump)

Guerre en Ukraine, justice sera faite (Zelensky ou Poutine ___tout dépendra du dénouement ?)

Moreau 13 janvier 2023 à 22 h 57 min

Il faudrait interdire d’interdire la cessation d’activité salariée appelée retraite d’autant que de nombreuses personnes n’ont pas fait la vie professionnelle choisie de pleine aspiration, mais pour cela il faudrait que la Gauche authentique plutôt que l’archipel de la Gauche qui se déchire tant que le coeur à gauche n’y bat pas ; se réveille en le proposant de bonne voix comme de bonne foi ; l’argumentation économique d’un âge unique de départ ne tient pas, et demander la retraite n’est pas forcément faire un choix d’oisiveté, ça peut être par préférence d’ une activité non salariée, je pense que ce serait bien nécessaire et indispensable pour le vivre ensemble. Depuis le début du vingt et unième siècle les gouvernements et la classe politique sont bien incompétents en services publiques ou/et en sociétal, tout comme l’incompétence pas assez relevé dans les médias de l’absence très grave de marchandises sociales voire de marchandises inventées et fabriquées et distribuées pour toutes et pour tous : même les hypermarchés de ceci et de cela ne font pas assez leurs preuves.
Il faudrait aménager au mieux un tableau des âges de départ autorisés qui pourraient très bien être entre dix et quinze âges. Il faut, c’est simple, renoncer à la bêtise qui est la mauvaise fée du monde, la sorcière du monde (Jacques Brel).

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