Le moment ou le capitalisme est remis en cause

le 12 septembre 2022

La sortie du président de la République, en début de Conseil des ministres fin août, a été abondamment commentée. L’expression « fin de l’abondance » a été à juste titre interprétée comme une véritable insulte pour les gens de peu. Mais une double lecture est possible. Celle d’un avertissement à son monde pour qu’il continue leur accaparement des richesses, mais en devenant moins ostentatoire dans leur exposition. Il rejoint celui du grand gourou de capitalisme mondial, M. Klaus Schwab, président du Forum de Davos, qui, dans son récent livre « The Great Reset », utilise les mêmes mots qui sont la trame d’un projet politique.  M. Macron prévient : « Je crois que ce que nous sommes en train de vivre est de l’ordre d’une grande bascule ou d’un bouleversement ». « Nous vivons la fin de ce qui pouvait apparaître comme une abondance ». Le projet politique vise à sauver le système en utilisant les actuelles angoisses et une situation objective marquée par la pandémie et ses effets, la guerre et les bouleversements climatiques. Ce qu’explicite M. Klaus Schwab dans son ouvrage : « De nombreux gouvernements commencent à agir, mais il faut faire beaucoup plus pour faire basculer le système vers une nouvelle norme favorable à la nature et faire comprendre à une majorité de personnes dans le monde entier que ce n’est pas seulement une nécessité impérieuse, mais une opportunité considérable. ». La fameuse bascule politique n’est autre qu’un choix délibéré « pour une nouvelle norme » capitaliste !  

Il le précise un peu plus loin : « Lorsqu’un point de bascule est atteint, l’inégalité extrême commence à éroder le contrat social et se traduit de plus en plus par des comportements antisociaux (voire criminels) souvent dirigés contre la propriété… . Comment cela pourrait-il se dérouler ? La consommation ostentatoire pourrait tomber en disgrâce …. En termes simples, dans un monde post-pandémique assailli par le chômage, les inégalités insupportables et l’angoisse au sujet de l’environnement, l’étalage ostentatoire de richesse ne sera plus acceptable ». La similitude dans l’utilisation des mots et de l’orientation choisie est frappante. Elle est révélatrice de l’inquiétude des milieux dirigeants pour l’avenir du système dont l’efficacité est de plus en plus mise en cause par la croissance des inégalités, les ruptures des chaînes logistiques, les dérèglements climatiques et les guerres économiques et militaires. M. Schwab soulève la question fondamentale et il s’agit pour lui d’éviter « des comportements antisociaux (voire criminels) dirigés contre «  LA PROPRIETE ». La propriété à laquelle il fait allusion n’est évidemment pas celle du petit artisan, du propriétaire de son logement, ni même de la petite entreprise ou celle des paysans. Il alerte la minorité qui extorque ses richesses en pillant le travail et la nature sur le lourd risque qu’elle court. Il a raison et explicite le moment inédit que nous vivons et la nature du combat à livrer. Le 16 juillet dernier, M. Tony Blair faisait part devant une fondation londonienne de ses inquiétudes : « Nous arrivons à la fin de la domination politique et économique de l’occident ». Et, il y a quelques jours, M. Macron revenait à la charge dans un discours très officiel devant la conférence des ambassadeurs : « Notre système est profondément remis en cause. Il faut regarder avec lucidité, même si la réalité est cruelle pour nous » leur a-t-il demandé poursuivant « l’ordre économique, le capitalisme ouvert, libéral qui était une force…. s’est déréglé. Et la confiance dans celui-ci n’est plus la même dans notre pays et à l’international ». Dès lors que les fondés de pouvoir du grand capital mettent la barre à ce niveau, le mouvement populaire, à commencer par les forces communistes, doivent hisser leurs capacités d’interventions, d’innovation et de créativité à la hauteur d’un affrontement qui ne porte plus seulement sur les conséquences des choix du capital sur la vie humaine et animale comme sur la nature, mais met en cause la racine du mal : la domination qu’exerce la propriété privée sur le travail, toutes les activités humaines et la biodiversité. 

Leurs peurs indiquent la nature de nos priorités : engager sans attendre un processus communiste de transformation sociale, démocratique et écologique.

Pour L’Humanité

9-10-11 septembre 2022


1 commentaire


Moreau 12 septembre 2022 à 18 h 50 min

La sobriété n’est pas dans sa définition la fin de l’abondance qui n’a jamais existé et qui avait comme autre nom le gaspillage, la sobriété est le minimum de qualité pour toutes et pour tous du nécessaire et de l’indispensable, et la sobriété ainsi définie est exigible, sa revendication ainsi est légitime.

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