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Mardi dernier, le ministère des Armées a remis au Parlement son rapport annuel sur les exportations d’armements de la France, un dossier à propos duquel l’Etat impose encore beaucoup trop d’opacité.
Malgré les effets de la pandémie de Covid-19, deux choses restent inchangées cette année. D’une part, la France parvient à maintenir sa place en dépit d’une baisse de plus de 40 % des commandes : notre pays se situe toujours en troisième position sur le podium mondial des exportateurs d’armement, derrière les Etats-Unis et la Russie, avec 4,9 milliards d’euro de contrats en 2020.
En second lieu, c’est dans son hypocrisie que la France reste aussi constante. En effet, nous sommes ce pays qui se targue d’être celui des droits de l’Homme tout en continuant à maintenir des liens de coopération économique privilégiés avec les pires régimes de la planète. Nous sommes ce pays pompier-pyromane qui, sous couvert de lutter contre l’islamisme politique sur son territoire, stigmatise toute une partie de notre population et alimente les divisions qu’il prétend combattre tout en ayant pour premier client pour notre armement l’Arabie saoudite, un des principaux promoteurs du salafisme. Toujours prêts à faire la leçon au monde entier, nous vendons sans scrupules des armes à cette monarchie obscurantiste en sachant qu’elles seront peut-être utilisées – en violation du droit international humanitaire – contre un des pays qui traverse l’une des plus graves crises humanitaires, le Yémen, où la famine menace la vie de millions d’enfants.
Ainsi, alors que la pandémie accroît les inégalités et affecte très durement la vie de milliards d’êtres humains, la France participe activement au macabre cirque mondial des dépenses militaires, alimenté l’année dernière par 2 000 milliards de dollars (chiffres du Stockholm International Peace Research Institute), un montant jamais atteint antérieurement dans l’histoire de l’humanité.
2 000 milliards de dollars ! Dans le même temps, Jean Ziegler, dénonçait la semaine dernière dans l’Humanité (lire ici)le « massacre quotidien » que représente la faim dans le monde. Le premier rapporteur de l’ONU pour le droit à l’alimentation rappelait dans nos colonnes un bilan épouvantable : 17 000 enfants de moins de dix ans meurent chaque jour de faim, près d’un milliard d’êtres humains sont en permanence gravement sous-alimentés.
Dans ce contexte, la France pourrait jouer un rôle pour qu’à terme ces montants honteux, destinés au négoce de la mort, soient réorientés vers des investissements visant à répondre aux besoins sociaux dans les domaines de la santé, l’éducation, l’écologie… la vie !