La carte du Président et les territoires…

le 12 juin 2014

nvelle carte de France 2

 

Le découpage de la France était déjà une vieille obsession des rois, toujours inquiets de la force des féodalités. A son tour, voici que le Président de la République, enfermé en son palais, s’est mis seul avec son petit crayon et ses ciseaux à charcuter les frontières des régions, au gré des appels téléphoniques et des visites de quelques pontes socialistes en son bureau. Pas de débat public, pas de consultation du Parlement, ni des conseils régionaux. Comme dans un jeu de puzzle ou de pâte à modeler ou à remodeler, le Président s’est mis à redessiner la carte des régions sans tenir compte, ni des équilibres géographiques, ni des réalités socioculturelles et historiques. Que l’organisation actuelle ne soit pas satisfaisante est un fait largement partagé par nos concitoyens. Ils n’y retrouvent ni les modèles de démocratie de proximité trop souvent abusivement ventés, pas plus que la cohérence des compétences entre les différents échelons et encore moins la promotion des services publics avec le soutien qu’ils méritent de toute la nation. Mais, au moment où le sentiment d’appartenance est si mal en point, y a-t-il à ce point urgence à charcuter la carte contre les territoires, alors que nos concitoyens, unis par l’angoisse du déclassement, de la relégation, de l’abandon, sont plutôt à la recherche de repères solides et souhaitent pouvoir donner leur avis sur l’avenir, leur pays, leur région. Ajoutons que celles et ceux qui ont cru au programme présidentiel de F. Hollande en sont une nouvelle fois pour leur frais, puisque sa 54ème proposition n’envisageait pas un tel remue-ménage. « Je réformerai la fiscalité locale en donnant plus d’autonomie aux communes, départements et aux régions, en contrepartie d’une plus grande responsabilité », y était-il écrit. Il n’était nullement question de remodeler les territoires et une carte qui plonge loin ses racines dans la géographie des terres gauloises, des cités gallo-romaines, des paroisses et châtelleries, des généralités d’avant 1789, devenues départements.

 

Depuis la Révolution française, la République s’appuie sur le triptyque : communes, départements, régions, comme échelon de la démocratie de proximité et cadres d’expression de la souveraineté et de la solidarité. S’il était question de mettre en conformité la réalité avec ces ambitions proclamées, personne n’y trouverait rien à redire et sûrement pas nous. Tel n’est pas l’objectif du gouvernement qui fait sienne la visée des puissances d’argent qui  veulent substituer un autre cadre : intercommunalité, grandes métropoles, grandes régions, selon un schéma défini par les Conseils européens successifs. Ceci explique d’ailleurs que M. Hollande ne met pas en œuvre son programme, mais celui annoncé par… M. Sarkozy.

 

Des réformes progressistes sont pourtant nécessaires pour des mises en cohérence entre les chambres de commerce et d’industrie et l’action des régions, l’impulsion de choix de développement et de formation, visant au maintien et à la création d’emplois nouveaux, la complémentarité entre régions pour la production industrielle ou agricole, l’aide à la coopération interrégionale, y compris avec d’autres régions européennes. Or, nous ne sommes pas ici dans un projet visant le développement régional harmonieux, en lien avec un audacieux projet de relance nationale. Rien de ceci ne semble plus d’ailleurs effleurer nos gouvernants, arc-boutés sur une lecture comptable de nos vies, tout en scrutant les consignes des institutions européennes, elles-mêmes garantes de la bonne santé des marchés financiers. En vérité, le programme présidentiel consiste à mettre la France en adéquation avec les dogmes européo-libéraux, dont les crédos sont inscrits dans les traités et tous les communiqués que signent les chefs d’Etat à la fin de chaque réunion du Conseil européen : mise en compétition systématique des territoires entre eux, primauté à la loi du marché capitaliste contre la vie humaine, privatisation des services publics au détriment du principe d’égalité, élargissement de la sphère de la marchandisation. Les compétences sociales, solidaires ou de promotion du travail et de la création deviennent des coquilles vides.

 

Et pour être sûr que la diète soit appliquée aux collectivités locales, celles-ci sont placées sous la tutelle de la Cour des comptes et du haut conseil des finances publiques, chargés de faire respecter les orientations européennes découlant du traité budgétaire. La diminution des dotations d’Etat et la quasi fin de toute fiscalité propres aux régions, les placent dans une situation de plus en plus intenable. Et la ponction supplémentaire de 11 milliards d’euros sur les collectivités dans le cadre du pacte d’austérité de M. Valls est le dernier nœud du garrot asphyxiant. Ceci aurait des conséquences encore plus négatives, réduisant encore les capacités d’investissement, donc le développement économique et l’emploi. Le chamboulement de l’architecture institutionnelle, ajouté aux autres dispositions affaiblissant l’Etat social et aux choix visant à transférer de plus en plus de richesses vers le capital, au détriment du bien commun et de l’intérêt général, annonce un nouveau projet de société. C’est l’héritage républicain dont les matrices prennent source dans la Révolution française, augmenté des acquis des combats de Jaurès, de ceux du Front populaire et du Conseil national de la résistance et de gouvernement de gauche qui est mis en cause et en pièces. La République une et indivisible, faisant des sujets des citoyens. Sa dissolution les transformerait en consommateurs, installés sur des territoires eux-mêmes en concurrence pour attirer les capitaux où les notions de cohésion et de solidarité auraient disparues.

 

Contre ce projet de dissolution de la République dans une Europe des « länder », inventons la République sociale, démocratique, décentralisée, laïque, unifiant le peuple. Celui-ci doit donc être l’acteur principal des transformations nécessaires à promouvoir. Raison de plus pour qu’il soit consulté par référendum sur le chamboulement arbitraire et incohérent bricolé par l’Elysée qui ne peut se faire sans un débat approfondi et populaire. A la carte du Président, opposons des territoires de vie solidaires, facteurs de développement de la démocratie, du progrès économique, social et écologique. Bref, des territoires rassemblés dans une République où chacune, chacun vivrait mieux qu’aujourd’hui.


13 commentaires


le clec h colette 12 juin 2014 à 11 h 57 min

Inadmissible que l’on ne demande pas aux citoyens leur avis !
J’ai très peur que les services publiques soient désorganisés, et je ne vois pas pourquoi il faudrait toujours s’aligner sur l’Allemagne !

Stur 12 juin 2014 à 17 h 53 min

C’est un pas de plus vers une Europe fédérale. C’est la fin des Etats Nations afin de faire place a un gouvernement supra national. C’est un nouvel éloignement des citoyens des points ou des endroits ou l’on décide.
Plus de département, plus de communes et après on voudrait nous faire croire a la démocratie on voudrait nous inviter a voter.
Mitterand avait déjà invité Le Pen dans le jeu politique; Hollande dresse la chambre a coucher de sa Marine sa fille.

alain harrison 12 juin 2014 à 18 h 42 min

Bonjour. en lisant le texte de M. Le Hyaric.
Immédiatement mais venue à l’esprit la colonisation de L’Afrique et des pays Arabes et leur découpage.

Le passé se répète ailleurs.

Comme la médecine empoisonnée servit à L’Amérique Latine, par la troll-ka occidentalle, dans l’autre siècle. Maintenant s’applique dans les pays occidentaux.
La Nature nous a doués (es) du possible accès à l’intelligence, mais c’est assurée d’un mécanisme utile, mais…., le conditionnement.

Voyez le génie de l’ Évolution de la Nature, un petit clin d’oeil de sa part: stress, portrait d’un tueur.
Nous sommes bel et bien des ignorants menés par nos croyances, idéologies conditionnantes. Les principales causes de nos cécités sur le réel, le Réel étant notre nature de plus en plus dévoilée sur notre véritable origine: L’Évolution Naturelle.
Ceci n’est pas une opinion, ceci est un fait.
Il faut sortir de ses ornières.
De tout temps, des humains ont eu une prise de conscience éclairante, mais par la suite les éteignoires ont fait ce qui se perpétue: la manipulation de notre condition humaine, et le levier prévilégié est nos peurs psychologiques.
Le moyen le plus utilisé est l’organisation de la terreur et ça marche à plein. Qu’elle soit du terrorisme (qui et qu’est-ce qui l’induit, l’histoire nous la fait apparaître: le colonialisme par intérêt et sa stratégie le néo-colonialisme, maintenant la mondialisation du marché

«« Dans la doctrine de sécurité nationale des U.S. rappelé par l’administration Busch en septembre 2002, il n’est pas seulement mentionné la doctrine de la “guerre préventive” ce qui est désormais bien connu. Il est aussi affirmé que “la paix, la démocratie, la LIBERTÉ DES MARCHÉS, le LIBRE ÉCHANGE ” doivent être défendus comme des ” VALEURS NON NÉGOCIABLES de la dignité humaine”. Ce qui signifie qu’elles sont bien sûr justiciables d’une défense militaire. Sur ces questions, le continent latino-américain risque de connaître encore une fois la vague de la guerre froide. Mais, cette fois, sous le couvert de la mondialisation et du libre marché: la privatisation des biens publique, des terres, des ressources garanties par L’ÉTAT DE DROIT.

Sous la guerre froide, le Chili d’Allende sanctionnait les décisions des commités sociaux sur les sujets d’ordre nationnal (éducation, emploi…), ce qui ne plaisait pas aux entités étrangères dont la NORANDA (nationalisation des mines de cuivre), la dérive communiste? Aujourd’hui, en Argentine, le mouvement des coopératives risque la vague de la mondialisation froide garantie par l’ état de droit, la dérive coopératiste? »»

Dites non au fédéralisme, un piège à con.
Hollande, oui vous êtes le visage de votre adbersaire, il existe une pathologie: multiple personnalité.

Développons un véhicule labile de conscientisation.

Canelle 12 juin 2014 à 20 h 13 min

Notre président ne fait que suivre les ordres de la Commission Européenne dont Mr le Hyaric fait partie.
C’est en page 9 :
http://ec.europa.eu/europe2020/pdf/csr2014/csr2014_france_fr.pdf

Cela ne n’amuse pas du tout. L’EUROPE TUE !!

alain harrison 12 juin 2014 à 21 h 19 min

Bonjour Canelle.
Ce sont qui doivent les ordres du Peuple Souverain.
Pour cela il faut un peuple conscient.
Pour le conscientiser il faut des solutions qui attireront le pauple à se réveiller.

L’initiative citoyenne européenne pour un revenu de base est un rendez-vous de conscientisation.

Ce qui se passe au Vénézuéla est un rendez-vous de conscientisation pour la vraie démocratie, elle est sociale..Jaurès la reconnaîtrait….L’Humain d’Abord. Mais il faut qu’il y est un contenu claire.
L’égalité homme femme, un coup qu’on est libéré des croyances (les montages conditionnants), est évident, incontournable.
De même, la croyance que nous devons subir les patrons les exploiteurs…

alain harrison 12 juin 2014 à 21 h 23 min

Notre président ne fait que suivre les ordres de la Commission Européenne dont Mr le Hyaric fait partie (p.9).
C’est de l’arnaque.
Ce sont eux qui doivent obéir aux ordres du Peuple Souverain.
Il faut que le peuple en prenne clairement conscience.

RABOTOT Robert 12 juin 2014 à 20 h 22 min

C’est du “Sarkhollande” Une fois de plus ça devient habituel le Président renie ses engagements pour se plier au diktats des puissances d’argent et des conseils européens successifs; Ce n’est pas en éloignant toujours plus les citoyens des lieux de décision que l’on fait vivre la démocratie. Les citoyens doivent donner leur avis, ils doivent être consultés.

alain harrison 12 juin 2014 à 21 h 04 min

Bonjour, je viens lire l’article « Vers une nouvelle dynamique parlementaire » de Jean-Marie Le Guen.
Secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement
sur le huffingtonpost.fr

Un peu de contenu:
« aller plus vite dans l’action politique et donc législative.»
« réduire l’attente entre l’annonce d’une mesure et la concrétisation de ses effets. »

«« Le Premier ministre, Manuel Valls, a tiré les conséquences de cette situation. Il a ainsi pris des engagements, à la bonne mise en œuvre desquels il m’appartient, avec l’ensemble du gouvernement, de veiller. Dans son discours de politique générale comme dans ses interventions devant les groupes majoritaires, c’est un véritable discours de la méthode qui a été présenté autour d’idées fortes: respect et dialogue, implication et confiance, responsabilité et exigence. »»

Valls un véritable discours de la méthode..

Pour tout dire: «« aller plus vite dans l’action politique et donc législative. L’état du pays et de l’opinion nous impose de réduire l’attente entre l’annonce d’une mesure et la concrétisation de ses effets. »»

Aller plus vite pour approfondir la politique dicté par la finance !?!?

Pourtant on dit qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’idée.

Une réforme de surface, technique, de la méthode..

Un retour sur Jean Jaurès peut être salutaire.

«« Jean Jaurès, la révolution socialiste n’est concevable que dans le cadre de la légalité démocratique, c’est-à-dire par une conquête graduelle et légale par le prolétariat des institutions parlementaires et de la puissance de la production.»»

Il indique clairement ce que doit faire un gouvernement qui représente le Peuple Souverain.

Valls approfondit la niaiserie de la petite politique qque je définis comme l’art de ne rien faire le re-desing le statu quo instauré par la finance.
Une autre façon de parler de reengineering cher au PLQ.

C’est incroyable toute les petites politiques, elles nous noient complètement et les passes manipulatrices s’istallent dans nos esprits.
Sortons de la confusion et établissons un monde nouveau basé sur ces mots: égalité, répartition des richesses, liberté, mettre fin au chantage financier et à l’exploitation, convivial, la démocratie directe et participation de tous (pourquoi pas à temps partagé).
Les solutions de base rassembleuses. Dans les solutions il n’y a pas de manipulations mais de la participation partagée.
Le revenu de base est incontournable, il n’y a pas de choix: la Bie pour tous ou il n’y aura pas de Vie pour personne. Approchons-nous d’un point de non-retour ?
La question mérite notre attention.

C’est pas de réformettes que nous avons besoin, mais bien d’une dynamique nouvelle. Et cette dynamique ne peut que provenir du changement écolo-social-économique.
Le politique doit cesser ces reengineerings, ces façades..
Qu’ils partent, sinon.
Le revenu de base couplé aux coopératives autogérées à temps partagé.
Mais le questionnement et l’auto-éducation (éclairé: voir Jaurès (processus conditionnant politique), Krishnamurti (processus conditionnant de la pensée),Bernard Friot (processus conditionnant de la finance), J.M. Abgrall (processus conditionnant des manipulateurs), La naissance sans violence (processus conditionnant de la médicalisation de..).
Au sujet de la spiritualité, des croyances, des religions et des symboles..Un sujet délicat par excellence. Voir le livre d’ A. de Souzenelle: De l’arbre de vie au schémas corporel_l’édition 1972.
Elle a fait un travail remarquable: le passage du réel au symbolisme.

Il faut trois niveau d’action des priorités:
À court terme:
Conscientisation et promotion systématique du revenu de base couplé aux coopératives autogérées à temps partagé.
Nous devons être claire, ce sont les véritables incontournables.
À moyen terme: lois de passage…
À long terme: disparition des exploiteurs.

Jaurès montre la voie.
Krishnamurti: voir la vérité d’une chose.

LEMILITANTSANSFRONTIERES 12 juin 2014 à 23 h 17 min

Merci à M. Patrick pour cet éclairage qui en dit long.
On peut dire que c’est un véritable abus que d’agir de la sorte.C’est un véritable recul démocratique.
C’est vrai,dans le fond, y a t-il eu concertation avec le peuple? L’empressement pour ce faire était tout à fait clair, mais était-il nécessaire?
Quels sont les paramètres qui ont prévalu pour ce faire s’il y en a eu vraiment?
Enfin, nous ne sommes pas à un dérapage près, c’est de plus en plus décevant et abusif.

Albert 12 juin 2014 à 23 h 26 min

Il est faut d’écrire “Depuis la Révolution française, la République s’appuie sur le triptyque : communes, départements, régions”. Les régions sont assimilables aux provinces de l’ancien régime. En 1789, ces provinces furent supprimées et le territoire français divisé en 83 départements. C’est à la fin du XIXème et plus particulièrement au courant du XXème que le phénomène régionale est réapparu justement pour casser la République une et indivisible issue de la révolution française.

chb 15 juin 2014 à 18 h 08 min

On entend depuis longtemps que “la droite gouverne à gauche, la gauche gouverne à droite”. Ce dicton désabusé s’applique excellement à Hollande, qui a repris les projets (et parfois les conseillers) de la droite. Il veut même aller plus vite, plus fort dans les reculs sociaux, avec l’aide de députés PS et d’orgas syndicales croupions.
Sauf qu’il est illégitime, tant dans les urnes après deux claques électorales sonores, que par rapport à ses promesses de la campagne présidentielle. Si la constitution de la V° république lui donne les moyens de nous arnaquer, ce n’est qu’avec l’assentiment fatigué du peuple qu’il le fait effectivement. Le devoir sacré de rébellion, le pain et les jeux nous le font oublier pendant le déluge de mesures anti-sociales…
Cette modification profonde de la démocratie locale sert essentiellement à déstabiliser, évincer, écoeurer les citoyens. Et à les appauvrir dans le même mouvement.

Le.ché 16 juin 2014 à 9 h 55 min

D’accord avec ton analyse, contre une Europe des “länder”.

monneret 18 juin 2014 à 7 h 13 min

la decentralisation de Gaston DEFERRE Socialiste de 1981 est mis a mal on s’en fout en 2017 les socialiste ne seront plus réelu et perdront les présidence des Régions

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