Jusqu’au bout

le 21 mars 2023

Calfeutré en son palais, marchant sur la tête des corps intermédiaires, mettant les parlementaires sur la touche, le président libéral autoritaire de la République entaille toujours plus les entrailles de la République pour servir le capital.

Même en s’appuyant sur une alliance avec le parti officiel de la droite – lui-même en voie de délitement – le président est minoritaire à l’Assemblée nationale. Et, il a senti le vent du boulet de la censure à neuf petites voix près. Va-t-il cette fois entendre le peuple et le Parlement et jeter à la poubelle son refrain pour que cette loi aille « jusqu’au bout de son cheminement démocratique ». Décidément le mot « démocratie » est réduit pour lui en un vulgaire gargarisme puisque les députés de voter par des subterfuges législatifs, quand il refuse de recevoir une intersyndicale unie et porteuse des voix de l’immense majorité des salariés.

Quant au peuple debout, il lui réserve mensonges, menaces de réquisitions, canons à eau et lacrymogènes.

Vouloir à tout prix soutenir le capital, « rassurer les marchés » est incompatible avec l’intérêt général, avec l’unité de la société, avec un esprit public revitalisé.

Déjà fatigué, déprimé, éreinté par le travail, exaspéré par la pandémie, angoissé par les bruits de la guerre en Europe, rançonnés par une inflation galopante nos concitoyens ne supportent plus d’être les fantassins du capital à qui le pouvoir décide de voler deux années de vie.

Sans majorité réelle dans le pays, élu uniquement grâce au barrage citoyen dressé dans les urnes pour empêcher l’extrême droite d’accéder au pouvoir, ce président veut imposer sa loi des 64 ans contre deux Français sur trois et contre quatre salariés sur cinq. Au point d’amplifier gravement la crise démocratique.

Une loi qui met en cause le rapport au travail, le rapport à la vie ne peut être adoptée sans vote. Tous les thuriféraires du pouvoir ont beau brandir tous les articles des règlements des assemblées, agiter comme un chiffon la Constitution au nom du droit, tout le monde a bien compris le sens du bras d’honneur fait à la démocratie, la violence coup de force déployée pour imposer une violente régression sociale.

Ce n’est pas parce qu’un article comme le couperet du 49-3 est inscrit dans la Constitution qu’il est synonyme de démocratie. Tout au contraire. Il y est inscrit pour bâillonner l’Assemblée. C’est ce que découvre l’immense majorité de nos concitoyens depuis des semaines.

Mieux, celles et ceux qui se sont déplacés pour choisir leur député en juin dernier s’aperçoivent que les effets de leur vote sont réduits au silence puisque le parlementaire de leur circonscription est empêché de se prononcer sur cette fameuse « mère des réformes ».

Même les députés du camp présidentiel, des ministres jusqu’à la première d’entre eux, ont dû attendre le dernier quart d’heure pour connaître le verdict du monarque « non éclairé ». Puis, ils ont été sommés de courir   annoncer la sale nouvelle à l’Assemblée nationale, avec des mots, contraire à ceux qu’ils ânonnaient la veille.

C’est la goutte d’eau de trop d’un vase déjà bien plein des eaux usées anti-démocratiques et antisociales. Elle fait déborder la crise politique sur le système institutionnel au point de faire naître une « crise de régime » aux issues incertaines. Les deux tiers des Français en sont à souhaiter la chute du gouvernement.

Dans de telles conditions, le mouvement social et revendicatif doit se poursuivre, prendre encore de l’ampleur. En même temps, les forces progressistes, la force communiste se trouve face à des responsabilités décuplées pour unir le monde du travail et de la création, la jeunesse en quête d’un avenir meilleur, comme les retraités, afin de construire avec elles et eux un débouché politique portant en son cœur un changement démocratique, social et écologique. Un changement où les travailleuses et travailleurs seraient respectés, rémunérés enfin à hauteur de leur effort et qualification.

Rebâtir la France, ses hôpitaux, développer l’enseignement et la formation, réindustrialiser, construire des logements ou développer les transports publics en commun tout en tenant compte des impératifs climatiques, revitaliser l’agriculture en tenant compte des exigences de santé et de biodiversité, réparer les réacteurs nucléaires… nécessite de grands plans de créations d’emplois et de formation et d’engager un nouveau projet pour le travail.  Ceux-ci ne doivent plus être soumis, mais maître de leur travail et de la production. Cette visée émancipatrice devrait être inscrite dans une nouvelle Constitution.

Les parlementaires de la coalition de gauche et des écologistes – La Nupes – continue le combat aux côtés des travailleurs et de la jeunesse. Ils défèrent avec d’autres le texte des 64 ans devant le Conseil constitutionnel pour à la fois dénoncer le véhicule législatif – d’une loi de finances utilisée pour la contre-réforme ; le recours à l’article 47-1 pour réduire le temps des débats, l’utilisation au sénat des articles 38,40, 44 et 44-3 pour terminer par le 49-3 de l’Assemblée nationale.

Toute une armada législative utilisée pour faire passer les articles de la loi sans s’embarrasser de l’opposition parlementaire.

Dès maintenant les organisations syndicales soutenues par les groupes de gauche du Parlement appellent à un référendum d’initiative partagée (RIP). Cette demande soutenue par plus de 200 parlementaires a été déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale le 17 mars et transmise au Conseil constitutionnel qui doit maintenant la valider. Cette initiative ne s’oppose pas à l’amplification du mouvement populaire en cours. Elle l’épaule et le prolonge.

 Sans attendre, il est nécessaire ville par ville, entreprise par entreprise, village par village de lancer une grande campagne politique unitaire, avec l’objectif de recueillir le soutien de 4,7 millions de citoyennes et de citoyens.

Le lancement d’une telle initiative suspend l’application de la loi durant les neuf mois de campagne de collecte de ces signatures. La mobilisation massive pour le retrait de celle-ci laisse penser qu’il sera possible de réunir le nombre de signataires exigés puis de rendre majoritaire le Non au référendum.

Nous pouvons donc vivre un grand moment démocratique pour bloquer un rouage de la contre-révolution sociale et de débattre des enjeux fondamentaux de l’heure : le travail et sa rémunération, son sens, son utilité, les moyens de la justice sociale et de l’éradication de la pauvreté, le déploiement de services publics démocratisés, la nature d’une autre construction européenne, les voies pour la construction d’une nouvelle république sociale et démocratique.

Dans ces débats pointeront forcément les enjeux de la construction d’une alternative démocratique et progressiste en lien avec les citoyens. La nouvelle unité syndicale en osmose avec l’unité des forces progressistes peut augurer d’une nouvelle période pour ouvrir la voie à de profonds changements sociaux, démocratiques et écologiques.

Patrick Le Hyaric

21 mars 2023


2 commentaires


ROLLAND Gérard 21 mars 2023 à 20 h 42 min

Super on va gagner.

Alain Harrison 22 mars 2023 à 6 h 44 min

L’Histoire nous apprend que la politique affairiste a dans sa manche certains modus operandi (des clefs en main): guerres ciblées (Irak…) coups d’état (Chili ..) blocus économique (Cuba,…) crises financières (2008, ..1929..), enfin endettements-austérités et les coupures dans les services publiques considéré comme le problème structurel. Voilà quelques uns des modus operandi préféré, qui reviennent sporadiquement selon la conjoncture évoqué.

Et tous ces modus operandi entraînent leurs effets collatéraux, appauvrissement (le FMI un expert), quasi destruction d’un pays (Libye), etc. ,etc.
L’Ukraine après le Donbas, et Israël et la Palestine ?

Le passé et le présent.

21 mars 2023
Huit milliards de Sadako Sasaki

Maryse Laurence LEWIS

«« les érudits physiciens surnommaient leurs engins de mort « Little boy » et « Fat man ».

J’ajoute que c’est grâce au fait que Staline ait signé un pacte de non agression avec Hitler, et que le Führer l’a bafoué en envahissant l’URSS, que l’Armée Rouge a rejoint les Alliés. Si les Russes n’étaient jamais entré en guerre contre les partisans de l’Axe, il est fort probable que les régimes de Vichy à la françaises se soient multipliés en Europe. Les Parisiens devraient remercier Jean Moulin et les Bretons de la résistance. Ce sont eux qui ont contribué le plus à votre libération. En France, en incluant les résistants et les résidents d’outre-mer, c’est-à-dire les colonisés, il y eut 600 000 victimes. Chez les soldats étasuniens, près de 300 000 morts. En URSS, c’est dix pour cent de la population qui en mourut : environ 20 millions de militaires et de civils russes. Quelle est donc votre reconnaissance ? De Gaulle mit fin à l’adhésion de la France à l’OTAN. Il exigea le retrait des bases militaires étasuniennes du sol français. Jusqu’à ce que Nicolas Sarkozy vous y assujettisse à nouveau, en 2009. 6 »»

Sur LGS

Jaurès, Friot, l’Amérique Latine….

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