Du ban au cœur de la République

le 21 février 2017

La Courneuve (Seine-Saint-Denis), le 20 octobre 2015. Des habitants attendent l’arrivée de Français Hollande.

Théo! Ce prénom est désormais brandi partout comme un cri, un étendard. Il est comme un dépôt de plainte contre les violences policières, comme un révélateur des discriminations, des inégalités territoriales, sociales, raciales. Il fait éclater aux yeux de tous que, dans la France de ce siècle, des jeunes, parce que de couleur de peau non blanche, peuvent être violentés, torturés, violés par des policiers indignes de porter l’uniforme et qui salissent celui de leurs collègues. Ces mêmes jeunes qui quotidiennement subissent des traitements de citoyens de deuxième zone. Ceci ne peut se comprendre qu’en le reliant à une ambiance générale délétère où dans un fatras de confusionnisme organisé, le discours raciste ne rencontre plus d’obstacles et le mépris réaffirmé envers les quartiers populaires devient banal.

Cet air du temps nauséabond permet sans trop de réactions à un président et un gouvernement se réclamant de la gauche de manquer à leurs devoirs pour accueillir des réfugiés qui n’ont d’autres choix que de fuir les misères et les guerres auxquelles notre pays participe. Au pouvoir, qu’ont-ils fait pour combattre la propagande contre la religion musulmane ? Qu’attendent-ils pour régulariser les travailleurs sans papiers, mettre en œuvre les promesses de droit de vote des étrangers et de délivrance de récépissés à l’occasion des contrôles de police ? En vérité, ils sont au diapason de cette Union européenne qui prône toutes les libertés de circulation des capitaux et des marchandises mais devient forteresse lorsqu’il s’agit d’êtres humains. Pire, elle ose faire de la Turquie et de la Lybie des prestataires de service pour parquer chez eux ces malheureux qu’on ne saurait voir chez soi ! Les manifestants de Barcelone en fin de semaine dernière, portaient l’honneur de l’humanité toute entière alors qu’à l’image de ce sinistre Trump et de ses décisions discriminatoires, est convoquée au sein de l’Union européenne une grille de lecture légitimant toutes les peurs, toutes les divisions, tous les ressentiments et les stigmatisations vis-a-vis de l’autre, justifiant les murs aux frontières et à l’intérieur les contrôles au faciès, l’inégalité d’accès au travail ou au logement et les mépris de toutes sortes. Pourtant de ces lieux de vie émergent des musiciens, des écrivains, des professeurs, des acteurs, des entrepreneurs, de grands sportifs, des élus de qualité et une multitude de talents anonymes.

Les maires et les élus locaux, les syndicats, les enseignants comme les policiers, les professionnels de terrain alertent pourtant depuis des années sur l’abandon progressif de ces villes par la puissance publique. Les écoles, les services de proximité, de sécurité, de transports sont souvent dans un état pitoyable malgré le dévouement d’agents de l’Etat et des collectivités qui tentent d’appliquer l’égalité républicaine là où la situation l’exige le plus. Les collectivités locales qui permettent de maintenir un semblant de cohésion sociale sont sacrifiées à l’autel des calculs comptables imposés par la Commission européenne et relayés avec zèle par la Cour des comptes et les gouvernements qui se succèdent. Et les candidats Fillon, Le Pen, Macron chacun à sa façon proposent de poursuivre la purge, en pire. C’est toujours trop cher pour les plus démunis. Mais à quelle somme évaluent-ils les gâchis humains, les vies sacrifiées, et … le malheur ?

L’enjeu de l’égalité territoriale doit être porté comme une priorité immédiate. Ce serait l’honneur retrouvé d’une République de la liberté, de l’égalité, de la fraternité. La rénovation urbaine, si elle est indispensable, ne saurait suffire à colmater les brèches d’une situation sociale explosive. Parmi les enjeux cruciaux, il y a la nécessité d’investir massivement dans l’éducation, la formation et l’accès au travail ou à des activités pour chacune et chacun.

Pourquoi ne pas le faire massivement dans les métiers liés aux nouvelles technologies dans ces villes à la population jeune et généralement au fait du numérique et de ses enjeux ? Il y a dans ces endroits un incroyable vivier de talents que notre pays se refuse à mettre en valeur.

Il faut enfin s’atteler à redéfinir le rôle et la fonction des forces de sécurité républicaine et travailler à retisser des liens de confiance avec les populations et évidemment les jeunes. C’est ce qu’avait imparfaitement permis le déploiement de la police de proximité.

La situation faite aux policiers est bien souvent inacceptable et indigne de leurs responsabilités. Ils manquent de formation, ont des salaires sans commune mesure avec l’importance et la difficulté des tâches à accomplir, sont envoyés très jeunes dans des quartiers dont ils ne connaissent pas la réalité sociale, leurs lieux de travail sont souvent dans un état déplorable. Il faut absolument leur offrir une formation approfondie, juridique, sociologique et technique, notamment s’agissant du maniement des armements.

L’encadrement a été délaissé au profit de brigades de sécurité dont les éléments n’ont pas toujours acquis les notions fondamentales du maintien de l’ordre. A cela s’ajoute un problème de conception de la sécurité publique en France, trop imprégnée de la tradition militaire. Dans de nombreux pays, le port d’arme est strictement limité voire interdit sans que la sécurité n’en pâtisse ni que les violences envers les fonctionnaires ne soient plus importantes, bien au contraire. Preuve que de bien meilleurs rapports entre la police et la population sont possibles.

C’est donc un combat sur plusieurs fronts qu’ils convient de mener. S’y atteler, c’est rendre service aux habitants des quartiers populaires comme aux forces chargées de leur sécurité, dès lors dignes du beau qualificatif de « républicaines ». Oui, faisons passer nos quartiers et villes populaires, du ban au cœur de la République.


7 commentaires


Moreau 22 février 2017 à 9 h 20 min

Du ban au coeur de la République, c’est évidemment cette orientation politique qui est la bonne ; et non celle du front national qui avec son projet de taxation de 10% de l’embauche de travailleurs étrangers et alors qu’un reportage informe que des parents qui n’ont pas la nationalité mais qui ont des enfants de nationalité française et qui vivent en France seront condamnés au chômage par cette loi fiscale ségrégative faisant passer du coeur de la République au ban de la République car les enfants étant solidaires des parents devront pallier le chômage ainsi imposé de leur(s) parent(s) ; c’est un exemple du reportage et cet exemple montre que l’orientation refoulant des travailleurs étrangers du coeur de la République pour les faire passer au ban de la République n’est pas la bonne.
Cela montre comme la précédente réflexion portant sur le clivage politique, que le clivage politique est indispensable mais la gauche ne doit pas se diviser comme elle le fait depuis tant de mois, une partie de la gauche faisant comme si elle ignorait que le coeur de la République a besoin de la construction optimale et ce n’est pas uniquement économique et matérialiste, il s’en faut de beaucoup, de l’Union Européenne, et que la sortie de l’euro doit être réservée au passage à la monnaie mondiale et qu’il faut travailler en anticipant ce jour le redéploiement notamment en Europe des grandes institutions mondiales pour la meilleure organisations républicaine des nations unies, sans laquelle la construction européenne est forcément déficiente.
Il ne faut pas ajouter une telle division aux clivages fondés ou à l’absence de clivages de clivages fondés, cela ne fait qu’amplifier les abstentions, tout en bernant car enfin, ce n’est pas l’histoire qui eut résoudre la crise politique générale qui s’aggrave chaque année puisque la crise politique générale provient de l’histoire et notamment de l’histoire depuis 1995. C’est le progrès culturel réel seul, qui peut permettre de sortir de la crise politique générale notamment en Europe. Les solutions nouvelles qui ne sont pas des solutions d’amour nouvelles mais des solutions nouvelles d’un imaginaire dommageable, des solutions nouvelles sans amour car des abus de pouvoir inscrit dans des politiques présentées comme des alternatives ne sont pas des solutions d’amour. Les nouvelles solutions d’amour ne pouvant être apportées que par la création, voire par la classe créative. Il est aberrant de chercher les solutions d’amour nouvelles dans l’histoire récente ou ancienne, proche ou lointaine. C’est pourquoi des Citoyennes et des Citoyens s’abstiennent : ceux qui rabâchent à renfort de connaissances d’histoire faisant comme s’ils ignoraient qu’ils ne sont pas en phase du tout avec le changement nécessaire et indispensable en France et en Europe. La Création propose de remplacer la cinquième république française et le ban de la cinquième république française par la première république française démocratique et universaliste originale pouvant fusionner avec la république de l’Union Européenne démocratique et universaliste dont la constitution excellente pour remplacer les traités se fait attendre ; et dans cette attente monsieur Trump a jeu politique facile de saper le groupe amorphe que représente l’Union Européenne à la construction déficiente parce que les partis politiques français ne remplissent pas tous leurs devoirs pour construire l’Union Européenne telle qu’elle doit être, et dès lors, il n’y aurait plus de bans, mais le coeur, tout le coeur, et rien que le coeur de la République.

alain harrison 26 février 2017 à 21 h 32 min

Bonjour.

Si nous sommes sérieux, ce dont je doute parce que les solutions fondamentales à effet synergique sont ignorées, la gauche devra faire une sérieuse réflexion sur les vraies solutions.

Mais d’abord en prendre conscience clairement.

Par rapport à la fascisation du monde sécuritaire je conseille de lire l’article historique:

Crime contre l’Humanité, l’ultime retour des barbares.

Seul la vision d’ensemble nous donne accès aux tenants et aboutissants, aux causes et aux acteurs responsables. Le questionnement peut déboucher sur les solutions dans la mesure que ce travail de conscientisation est mené systématiquement sans concessions.
La capacité de découpler les intérêts politiques idéologiques des intérêts de l’ensemble.

Les militants et les syndiqués impliqués es sont la colonne vertébrale. Les regroupements de la société civile peuvent être les points de ralliement selon leur mission et leurs effets collatéraux bénéfiques sur l’ensemble.

alain harrison 26 février 2017 à 21 h 38 min

L’état de droit a fait faillite, le Peuple doit construire l’état Démocratique citoyenne travailleur, la Démocratie directe qui prend les pleins pouvoir.

Organiser systématiquement les comités à temps partagé.
Faire les consensus sur les grandes lignes, plus tard on débattra sur les points secondaires et les points sensibles, etc…….
Ne pas mettre la charrue devant les boeufs.

alain harrison 26 février 2017 à 21 h 39 min

Le néo-libéralisme est pratico-pratique, la gauche est dans les arts de la politique……..

Imaginez lié les deux.

alain harrison 27 février 2017 à 7 h 01 min

Bonjour, dans le même ordre d’idée de fascisation.

Mais d’un autre ordre de grandeur.

Venezuela: “El Comandante”: propagande sale et manipulation massive
Publié le 26 Février 2017 par Bolivar Infos
Catégories : #Venezuela, #Colombie, #Hugo Chavez, #manipulations, #médias, #ingérence, #opposition vénézuélienne
 
Par Agence Presse Alternative Cauca (ACPA Cauca), 27 janvier 2017
Lundi 30 janvier, RCN lancera en Colombie la série “El Comandante”, une fiction soi-disant « inspirée » de la vie d’ Hugo Chávez avant la TNT et d’autres médias de masse de la région. Partant de l’idée que ses créateurs ne sont ni naïfs ni innocents et qu’il n’y a pas de hasard dans le choix du moment où cela se fait, de la façon dont cela se fait et des intentions des réalisateurs, nous proposons de découvrir en analysant en profondeur cette série vers quoi tend et pourquoi ce nouveau produit de consommation de masse qui tentera de nous mettre sous le nez et sans que nous nous défendions l’image d’un Chávez corrompu, avide de pouvoir, machiste et individualiste……..

……..Il faut mentionner l’apparition, dont nous sentons qu’elle a une certaine importance (la campagne médiatique contre le castro-chavisme nous donne la piste) de Fidel Castro qui, dans une publicité dit : « Avec Chávez, nous allons faire une petite surprise » sur un ton cynique et malveillant. Sans doute, on va aussi porter un coup à l’image du dirigeant mort récemment sur qui ils préparent déjà sa propre série : les mêmes réalisateurs, comme nous le verrons plus loin.
 
Le réalisateur
 
C’est Moisés Naim, un Vénézuélien, ministre des Gouvernements néolibéraux antérieurs à Chávez. C’est lui qui a imposé le « paquet économique » du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale au peuple vénézuélien en février 1989, »»

Le viol par des policiers et le viol par des médiats, ici une télésérie.

Tout ceci est INACCEPTABLE.

Que les élites de la gauche entendent raison.

J’ai écouté regard sur l’actualité 5, jeudi 23 février.

La première partie sur la gauche face au FN.
Mais rien de nouveau, l’habituelle discours sans plus.

Je ne sais pas, j’y reviendrai, je manque de motivation.

Je comprends le monde de la gauche, nous faisons du sur place, et puis il y a les coulisses de la gauche, trop de oui mais qui risquent de faire capoter le rassemblement autour des politiques radicales qui sont les seules à nous faire sortir du bourbier néo-libéral et des ses plans d’affaires. Comme tous ces sbires qui viennent plein de bonnes intentions sur la réforme, non la négociation de la réforme de l’UE. Pour moi ce sont des sbires. Comme il n’y a pas de bons et de mauvais exploiteurs, mais des exploiteurs, il n’y a pas de bons et de mauvais sbires, mais des sbires. Et c’est pas la naïveté qui me fera pitié, parce que plaider la naïveté, aujourd’hui, c’est de l’ordre du quotient intellectuel, et ce n’est pas leur cas, en lisant les articles qu’ils commentent, il s’agit de malhonnêteté, soit intellectuel, ou carrément des sbires ( qui viennent noyauté les vraies questions et les vraies solutions). Il y a plein de petits hamon alias tsipras, alias eglesias. Des macron ou fillion déguisés quoi.

L’heure de vérité pour le PCF va bientôt sonner. C’est ma conviction.

chb 27 février 2017 à 10 h 30 min

Sur ce thème de la sécurité / répression comme sur tous les autres,
le constat de cynisme menteur de la part du PS est bien posé.
Oui, Patrick, « Il faut enfin s’atteler »
… à couper le cordon ombilical du PC avec « la gauche » socialiste.
Lutte des places (portion congrue) ou lutte des classes (de plus en plus urgente), il faut redéfinir l’objectif.

Thouet martine 8 mars 2017 à 10 h 56 min

Patrick.
Metci de répondre dans l’huma des raisons du boycott de vos journaux sur la campagne de JLM.
Je suis communiste lectrice huma et presidente du lenincafe plus de 5600 adhérents.
C’est l’omettant totale du journal sur une campagne très forte qui défend les vraies valeurs du PCF.
Je dois présider mon AG dans quelques jours et inviter la Presse locale et Nationale pour expliquer notre position, celle du lenincafe……
Vous ne parlez que de fillion et macron à entendre que vous êtes autistes de ce qui se passe du côté des meetings et de la campagne de JLM.
Nous sommes le seul lieu qui consacre son année entière à la révolution Russe.
Depuis 10 vous n’avez jamais parlé d’un lieu qui reçoit plus de 10000 visiteurs par an…..
merci pour tes réponses camarades.
On ne peut pas impunément tromper les adhérents et les lecteurs.
Martine Thouet
Presidente Lenincafe
Adhérente PCF
Abonnee L’Huma

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