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Selon une enquête ViaVoice pour nos confrères de Libération (1) plus de trois Français sur quatre estiment que la démocratie française est en « mauvaise santé ». C’est dire la profondeur de la crise démocratique. Nous assistons, pour le moins, à une dérive autoritaire du pouvoir macroniste. Elle est grosse de dangers pour l’avenir. En effet, alors que la plupart des enquêtes d’opinion confirment la progression de l’extrême droite, les actes et les déclarations du pouvoir, validant de nombreuses thèses portées par celle-ci, l’encourage. Au-delà, elles créent des jurisprudences permettant de saper les fondements de la République telle qu’énoncée dans le préambule de 1946 de la Constitution française, partie intégrante de notre bloc de constitutionnalité.
Celle-ci qualifie notre République de « sociale et démocratique ». Et, l’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen déclare que « le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément ».
M. Macron s’en affranchit allègrement. Les institutions présidentialistes plaçaient déjà le Parlement sous contrainte d’un ordre du jour dictée par le pouvoir exécutif. Aujourd’hui c’est le président seul qui en détermine le calendrier, comme en témoignent ses prises de paroles, ou même les ministres découvrent les décisions concernant leurs périmètres de compétences.
Il a expliqué ces derniers jours que l’utilisation de l’alinéa 49.3 de la Constitution serait utilisée autant que de besoin pour contraindre le Parlement. Il envisage même de gouverner par « ordonnances ».
Et, l’accumulation des lois sécuritaires constitue un inquiétant arsenal aux mains du pouvoir. Ce qui a été présenté comme des outils pour lutter contre le terrorisme peut devenir un rouleau compresseur contre toute opposition, toute idée subversive, toute action populaire. C’est ce qui a conduit la défenseuse des droits à s’alarmer ces derniers jours des « risques d’atteinte aux droits et libertés ».
Cette alerte est inédite ! En effet, le gouvernement multiplie les interdictions de manifester. Il a été jusqu’à assimiler récemment le port d’une casserole à une menace terroriste.
C’est vraisemblablement au nom de la lutte contre « l’éco-terrorisme » que l’ambitieux locataire de la place Beauvau à tour à tour promis la dissolution de la coordination d’associations regroupées dans « les soulèvements de la Terre », d’Alternatiba, inquiété des associations d’aides aux migrants, de droit au logement au nom du délit de « promotion du squat », inscrit récemment dans une loi.
Plus facile que de créer de nouvelles structures d’hébergement d’urgence. Plus facile d’accuser des associations que de créer des structures d’hébergement d’urgence et de lancer un grand plan de construction et de réhabilitation de logements à prix abordables et de faire respecter le droit au logement.
Une étape supplémentaire a été franchie avec les menaces de ce même ministre visant à discréditer et à punir du retrait d’aides publiques la Ligue des droits de l’Homme.
Celle-ci a commis le crime de documenter la réalité des violences policières lors du mouvement de Saintes-Soline. Cette vile attaque est d’ailleurs fortement soutenue par les grands médias du système pour discréditer cette grande association créée pour défendre le capitaine Dreyfus et qui, depuis, n’a jamais failli à son devoir, contrairement aux dires de la Première ministre et du Figaro.
Contre les faits, ce dernier s’est permis d’accuser l’organisation des droits humains d’avoir couvert les crimes staliniens pendant que la cheffe du gouvernement lui fait un procès en… islamo-gauchisme.
Quelle bassesse dans ce continuum de discrédit de l’organisation de Francis de Pressensé, de Paul Langevin, de Ferdinand Buisson, de Daniel Mayer, d’Henri Noguères, de Madeleine Rebérioux, d’Henri Leclerc et bien d’autres.
Il s’agit, en fait, pour le pouvoir d’empêcher toute contestation en disqualifiant des associations, en les accusant de ne pas se soumettre aux « valeurs » de la République. Et, la course à l’échalote est sans fin ! Voici que M. Ciotti, ancien camarade de parti de M. Darmanin, votant comme lui le recul de l’âge de départ en retraite est furieux contre ceux qui s’y opposent notamment les forces de gauche. Il qualifie son action de « terrorisme d’extrême gauche » et souhaite que le combat contre elle devienne une « priorité nationale à l’égal du combat contre le terrorisme islamique ». (Entretien dans le Figaro du 27 mars).
La boucle est bouclée. Pousse-t-il à décréter l’État d’urgence ? Décidément le fond de l’air sent mauvais ! En vérité, ce sont les « valeurs » du capitalisme que le pouvoir, la droite et l’extrême droite ne veulent pas voir contestées. L’outil pour ce faire est la fameuse loi baptisée à l’origine de « lutte contre les séparatismes » rendue plus présentable sous le vocable de « loi confortant le respect des principes de la République ». Celle-ci conditionne l’attribution d’aides publiques à la signature d’un « contrat d’engagement républicain ».
Ainsi, une association portant une parole critique sur l’action de l’État peut être considérée comme attentatoire à la « République ». On croit rêver !
Pourtant c’est de cela qu’il s’agit lorsque le ministre de l’Intérieur suggère de dissoudre « Les soulèvements de la Terre » ou encore lorsqu’il appelle les collectivités et l’État à réduire les aides publiques à la Ligue des droits de l’Homme.
Il est flagrant que ce même ministre de l’Intérieur a trouvé les premières manifestations trop tranquilles. Du coup, il a fait changer la tactique policière pour favoriser le développement de violences afin de discréditer le mouvement syndical.
D’ailleurs en refusant de recevoir l’intersyndicale au plus fort de la crise, M. Macron agit en conformité avec sa pensée profonde : les confédérations syndicales sont pour lui, inutiles. Toutes les élucubrations médiatiques autour de ses rapports personnels avec Laurent Berger cachent cette conception fondamentale. Il fallait humilier les syndicats, les désigner comme inutiles aux yeux des travailleurs pour en affaiblir la force et le rôle. Or, c’est le contraire qui se produit. L’unité syndicale marque vraisemblablement une nouvelle étape dans le combat du travail contre le capital.
Les mouvements syndicaux, citoyens et environnementaux, tirent leur force de leur capacité d’agrégation de toutes les résistances sociales jusqu’à réclamer une nouvelle République ; sociale et démocratique.
La décision du Conseil constitutionnel, approuvant le recul de l’âge de la retraite, tout en refusant le référendum d’initiative partagé, a convaincu de nouvelles fractions de la population du verrouillage du système accélérant et réduisant encore le chemin qui mène à la crise de régime.
Un régime qui, par nécessité, s’enfonce dans un néo-libéralisme autoritaire. Face à ce projet, les antagonismes entre le capital et le travail sont poussés à leur comble. De partout le peuple constitué veut se faire entendre, aspire à prendre son destin en main, pour qu’enfin ses intérêts, ses aspirations à mieux vivre soient pris en compte.
Le grand complexe du média-business, comme à chaque moment clé des mouvements populaires, se place à contre-courant pour tenter de faire réussir l’entreprise macroniste*, notamment avec la survalorisation des « violences » et les mensonges à propos de la lutte contre les hausses des prix, ou encore en se félicitant d’une attitude prétendument responsable de l’extrême droite désormais présentée, tout naturellement, comme une alternative.
Mais, il n’y a pas de démocratie véritable sans pluralisme des idées, sans pluralisme politique, sans pluralisme des médias. La démocratie sera amputée tant que la fine fleur du capital national détient la quasi-totalité de la presse et des médias. Dans un contexte si préoccupant, si inquiétant, les forces sociales, syndicales, associatives, les forces de gauche, écologistes et démocratiques ne devraient-elles pas lancer ensemble un puissant appel unitaire suivi d’une multiplicité d’actions pour la démocratie et les libertés, le respect de la personne humaine, le respect de la volonté et de la souveraineté populaire ? C’est une pressante nécessité au moment où la bourgeoisie capitaliste veut asphyxier la démocratie pour accélérer le démembrement des conquis sociaux.
Patrick Le Hyaric
Le 25 avril 2023
- 1 Libération du 17 avril 2023
- * Entretiens spéciaux du président, invitations des ministres aux matinales, opération spéciale de promotion comme celle de Mme Marlène Schiappa, éditoriaux tentant de brouiller les enjeux en question, utilisation des faits divers pour détourner les regards et faire accepter les projets sécuritaires et racistes.
- Vous pouvez signer la pétition de soutien de l’Humanité à la Ligue des droits de l’Homme (ici)
1 commentaire
Et, la course à l’échalote est sans fin !
Monsieur Harrison s’il vous plaît un peu d’attention parce que des confusions entretenues m’indignent alors que je ressens certains pessimismes présentant certains fondements, la course à l’échalote n’a jamais été la Poésie, n’a jamais été l’anthologie à jour chaque année, n’a jamais été la culture vivante populaire majeure. Les populations en souffrent et en crèvent.
La gauche n’étant pas l’union de la gauche universaliste est l’abîme de la république et de la démocratie françaises et européennes parce qu’elle est le contraire de la vision de la destinée des populations au vingt et unième siècle.
Il faudrait se réveiller à gauche, de la course à l’échalote il y en a par la faute même de la classe politique qui n’est pas la classe créatrice.
C’est toujours plus en vain qu’en étant compris que je commente que rien d’assez bien n’est possible sans programme universaliste de gauche compatible avec le libéralisme socialiste et le libéralisme marxiste de façon à ne pas avoir d’extrémisme de droite. C’est la classe politique l’usine qui fabrique en détruisant la vision de la meilleure destinée en France et partout dans le monde comme une intelligence superficielle et artificielle dominatrice et destructrice de vies humaines.
A mon avis si la gauche ne réalise pas l’union de la gauche du vingt et unième siècle, elle va disparaître en même temps que l’Union Européenne et ainsi l’ONU aura échoué. Les Hommes ne pourront plus sauver l’Humanité.
C’est ce qui pend au nez.
Rien n’est possible sans programme de gauche du vingt et unième siècle commençant pas la politique de la culture vivante populaire majeure, continuant par les marchandises sociales plus simples mais essentielles au sens littéral et les services adéquats à proximité ou/et à distance. Rien n’est possible sans le projet technologique français et européen réel sauf souffrir et crever tant il y a de médiocrité plus ou moins minable et d’extrémisme qui fait l’illusion d’extrême droite au point que des Extrémistes se gargarisent en disant “Je suis extrémiste…” au quotidien. Comme si se gargariser ainsi et penser était des verbes synonymes ! Médiocrité repoussante ! Les lacunes de la gauche, les extrémismes de la gauche, de façon la plus flagrante profite à l’extrême droite habile et dangereuse par l’habileté qui a déjà tant dominé, tant dévasté.
Aucun art majeur ne résout tout puisqu’il faut le travail effectif des Hommes qui ne sont pas créateurs, mais par exemple les bonnes inventions n’en sont guère qu’au stade de bonnes idées, étant quasi-impossibles sans la Création majeure et le travail humain effectif ensemble pour lequel il ne faut pas faire table rase de la politique du travail de gauche tout en exigeant qu’elle intègre la valeur travail qui se trouve ailleurs que dans le salariat, ailleurs que dans l’entreprise lucrative ; et il ne faut pas non plus faire table rase de la politique libérale marxiste aux valeurs universelles et ainsi universaliste servant mais encore pas assez bien la liberté humaine de travailler jusqu’au plus grand âge de sa vie au nom de la passion par son travail réel honorable.
Il faut d’urgence rendre inéligibles les candidats à la course à l’échalote et les Élus politiques de la course à l’échalote, c’est une partie du réveil et de la réactivité effective ; mais il faut les candidats avec le programme pour la culture et le social du vingt et unième siècle que je viens encore une fois de décrire.
Trop de construction de logements tuent la politique du logement, la crise du logement a pour principale cause réelle en France la crise de la culture puisque la culture savante et la culture marchande participent depuis une trentaine d’années et de plus en plus sans circonstances atténuantes à la crise sociétale dont il faut rappeler la manipulation des femmes qui a tant dupée, tant fait de malheurs, de tristesses, de souffrances, de galères….
Pas question pour tout Travailleur de la création de la culture vivante populaire majeure de valider que le moins pire et le pire, ce serait de la faute de l’Art majeur, c’est de la faute de la politique monsieur Harrison. Ne plus jamais mettre sur le dos des Poètes et de l’anthologie à jour, ce qui fait les casseroles de toute la classe politiques plus ou moins bruyantes de révolte d’art selon le camp politique forçant à se réveiller, forçant à réagir, plutôt qu’à souffrir et crever sans se manifester vaille que vaille.
Qui ne sert pas le changement nécessaire et indispensable en travaillant à partir de la Création majeure lisible, sert la course à l’échalote, puisque que pour la société dominante reconnaissable à ses camps, tout est politique alors que l’Art majeur lisible n’est en rien politique tant qu’il n’est pas ou pas assez servi par le travail humain effectif voire par les Hommes qui ont leurs talents autres que des talents artistiques majeurs.