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Le premier tour des élections municipales se tient dans un contexte inquiétant. L’épidémie de Coronavirus risque de détourner des bureaux de vote bon nombre d’électeurs, et parmi eux les plus âgés que l’on sait d’avantage vulnérables. A cette donnée incontournable s’ajoute un climat général peu propice à la participation et défavorable aux intérêts populaires.
Le gouvernement a décidé de liquider d’un coup de 49.3 le droit à la retraite solidaire quelques jours avant le scrutin, évacuant d’un revers de main toutes les questions fondamentales sur le niveau des pensions, l’âge de départ, la pénibilité ou encore le financement de son nouveau régime. Le parti macronien a tranché, avec un étrange dédain du désaveu massif que suscite sa politique, quitte à se couper d’une majorité de la population. Voici pourquoi il multiplie partout sur le territoire des candidatures fantoches, souvent affublées du qualificatif de « citoyennes » ou fondues dans des collectifs bien identifiés à droite, pour duper les électeurs et limiter la casse prévisible.
Les actes autoritaires du gouvernement et cette partie de cache-cache avec les électeurs ne sont pas de nature à mobiliser mais plutôt à insuffler un sentiment de dégoût qui, si on n’y prend garde, ira au mieux se nicher dans une abstention, au pire dans un vote d’extrême droite. Dans les deux cas le pouvoir s’en félicitera, préparant cyniquement et inconsidérément le second tour… de la prochaine élection présidentielle.
Il est aujourd’hui de bon ton dans le « nouveau monde » de dédaigner les scrutins dits « intermédiaires ». Ce mot péjoratif dit tout du mépris de ceux qui l’utilisent, dans une cinquième république décatie. Aucun effort n’est produit pour intéresser les citoyens aux enjeux municipaux. Si bien que les instituts de sondage prédisent une abstention importante qui permettrait au pouvoir de relativiser une défaite annoncée. Ces « intermèdes électoraux » devraient pourtant avoir la même importance que les élections dites nationales tant ils sont décisifs pour la vie quotidienne de millions de nos concitoyens. Et tant il importe de redonner un pouvoir aux communes pour régénérer une démocratie moribonde.
La concentration de la vie politique sur l’élection présidentielle porte un préjudice incalculable à la vie démocratique, laissée aux mains d’une majorité écrasante sortie des urnes tous les cinq ans, sans vraie majorité d’adhésion. L’ensemble de la société se voit ainsi inféodée à un exécutif hypertrophié, comme nulle part ailleurs dans l’Union européenne. Les espaces de respiration et d’innovation que constituent les communes, leur capacité à répondre aux attentes essentielles de la vie quotidienne par des politiques publiques audacieuses dans les domaines de la santé, du logement, de la sûreté, de la démocratie locale ou de la culture sont minorés. Il apparait dès lors cohérent que les exécutifs nationaux cherchent, au gré des alternances soumises au même consensus libéral, à réduire leur capacité à agir, notamment par l’asphyxie budgétaire. Pourtant, la commune gérée avec l’implication effective de ses habitants, par les progressistes et les communistes, constitue un outil de protection, un bouclier social atténuant certains effets des choix libéraux nationaux.
L’enjeu est fondamental dans ces dernières heures de discuter autour de soi de ce qui se joue ces deux prochains dimanches. Déposer dans les urnes un bulletin de vote peut être un acte de résistance pour affirmer son opposition au rouleau compresseur macroniste et aux forces de droite et d’extrême droite. Et pour défendre des projets communaux à rebours des choix opérés au sommet de l’Etat.
Dans de très nombreuses villes, des listes se sont constituées dans l’union pour atteindre ces objectifs. Les communistes ont sont partie prenante. Les travailleurs, les milieux populaires ont tout intérêt à s’emparer de ces bulletins de vote. C’est par l’ampleur de leur mobilisation qu’ils parviendront à faire reculer le pouvoir et à faire vivre leur aspiration à être partie prenante des décisions qui les concernent.