La casse des retraites, assaut décisif contre la solidarité

le 26 juillet 2019

« Equité », « équilibre », « justice », « confiance »… Le gouvernement ne lésine sur aucun artifice sémantique pour taire la réalité de la nouvelle contre-réforme des retraites, à savoir une baisse prévisible des pensions, un allongement de l’âge de départ en retraite, et une incitation à la capitalisation. Cette réforme troque la logique de solidarité nationale et intergénérationnelle pour un système d’épargne «universel par points » qui va laisser le travailleur seul responsable du montant de sa future retraite.

Le gouvernement va ainsi contraindre chaque travailleur à cumuler des points, indexés sur des variables aussi précaires que la situation économique, et à attendre l’âge de 64 ans pour prétendre bénéficier d’un taux plein, vidant de toute substance le droit « légal » de départ hypocritement maintenu à 62 ans. Le système de décote et de surcote inventé par la technocratie gouvernementale n’est qu’une version sophistiquée du pire chantage qui soit : les pensions n’étant plus garanties, chacune, chacun est appelé à sacrifier du temps de vie pour bénéficier d’une retraite décente. Nul besoin d’être grand clerc pour deviner que la capitalisation s’affirmera comme une nécessité pour de nombreux actifs inquiets pour leurs vieux jours comme pour ceux qui ne pourront assumer un retrait de la vie active avant 64 ans. C’est du reste, comme nous l’avons révélé le 11 avril dernier, le souhait de la Commission européenne qui compte miser sur le développement des retraites par capitalisation pour accélérer l’unification des marchés de capitaux.

Le gouvernement s’est doté d’une « règle d’or » pour ficeler son projet dont la seule vocation est de garantir le respect de l’équilibre budgétaire du nouveau système ! Autrement dit, pas un centime de plus ne viendra financer les futures pensions alors que le nombre de retraités est appelé à croitre. Cette nouvelle mesure d’austérité se traduira crument par une baisse du montant global des pensions.

Cette règle d’or a pour conséquence d’indexer l’âge d’équilibre – fixé pour l’heure à 64 ans – à l’espérance de vie. L’OCDE s’était opportunément félicitée il y a quelques mois des ébauches du projet gouvernemental, appelant celui-ci « à relever l’âge légal de la retraite, à terme en l’indexant sur l’espérance de vie. L’espérance de vie devient ainsi pour les institutions du capital l’ultime argument pour enchainer ad vitam les êtres humains au marché de l’emploi. Pourtant, l’espérance de vie en bonne santé est revenue en France à son niveau de 2005 du fait même de l’usure des corps au travail !

Cette contre-réforme ajoute une pierre décisive au dispositif global d’individualisation des parcours de vie, de saccage des défenses collectives arrachées par le monde du travail, pour laisser libre champs aux forces du capital. Le gouvernement sait pertinemment que le principal obstacle à un financement socialisé des pensions réside dans le taux de chômage extraordinairement élevé et l’ensemble des suppressions et allégements des cotisations sociales institués au nom de la lutte contre le prétendu « coût du travail », détestable expression pour masquer la guerre économique à laquelle se livrent états et entreprises. Mais voilà des sujets tabous qui, s’ils étaient réellement débattus comme le proposent syndicats et partis de gauche, ouvriraient des perspectives totalement nouvelles mais opposées aux intérêts immédiats du capital.

Cette contre-réforme est à mettre au chapitre des régressions les plus brutales de ce gouvernement. Si, depuis des années, les forces du consensus libéral s’attaquent sans relâche à la durée de cotisation comme à l’âge légal, c’est cette fois l’architecture même du système pensé par le mouvement ouvrier selon le principe « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins » qui est déboulonnée. Les forces sociales, politiques et syndicales qui lui sont liées doivent impérativement prendre la mesure de la dimension contre-révolutionnaire de ce projet de loi. La fête de l’Humanité sera à leur disposition.


6 commentaires


Moreau 27 juillet 2019 à 9 h 26 min

Au nom de l’Egalité, la retraite à partir d’un âge reconnu au suffrage universel devrait être un revenu vieillesse universel : une personne âgée ayant l’âge de la retraite = une personne âgée ayant l’âge de la retraite.

Nous sommes dans l’urgence économique et sociale, la république en marche l’a reconnue ; il y a eu une trentaine d’années de régime empirique et d’empirisme général, la république en marche les ont dénoncées. Alors pour réparer, il faut cette égalité universelle. Sans quoi il y a discrimination caractérisée entre Français…

Rien au monde à ma connaissance ne justifie que la retraite à l’âge légale de la retraite peut être très inférieure pour une partie de la population par rapport à une autre : l’Homme égal l’Homme…

alain harrison 31 juillet 2019 à 22 h 28 min

Bonjour.

Je voulais laisser mon commentaire sur https://patrick-le-hyaric.fr/face-a-la-menace-trump-action-solidaire/
Je le mets ici.
Mais en fait il met en lien les deux textes: penser globalement, agir localement

Bonjour.
«« cette somme viserait par des leviers aussi divers que fantasques à faire de la Palestine une sorte de place forte financière régionale sur le modèle des « cités Etats » asiatiques. Un million d’emplois, un PIB multiplié par deux, un développement inouï des nouvelles technologies sont ainsi promis. »»

Les cités états avec leurs casinos pour la clientèle consumériste (ha! les biens-fait collatéraux .du tourisme tout azimut…). Les cités états sont une autre plan d’affaire ? Le plan d’affaire dette-austérité (Grèce) ou la destruction de pays __fausse bannière et mensonges et diabolisation…..__ Irak, Lybie ou encore le Vénézuéla ….
Vous jugerez un arbre à ses fruirs.

Votre compte rendu rentre bien dans l’article historique Crime contre l’Humanité, l’ultime retour des barbares Par Fethi Gharbi.

Tous devraient lire cet article.

Comment faire face à la méta crise financière qui s’étend dans le temps et son prochain pic ?

Einstein:
Le monde que nous avons créé est le résultat de notre niveau de réflexion, mais les problèmes qu’il engendre ne sauraient être résolus à ce même niveau.”

Le temps des divisions intempestives et des guéguerres de qui a raison doit prendre fin.
Constater les faits: juger un arbre à ses fruits.

Toute la gauche française doit : penser globalement, agir localement,ici à l’échelle de la France.
Des peuples (Algérie) se lèvent… il y a un train qui passe ?????

Toute la gauche à la Fête de l’Humanité.

Quelles sont les fruits de l’UE ?
…… du capitalisme ?
……. de l’euro ?
……. de l’OTAN?
……..

Seul la vue d’ensemble donne accès aux tenants et aboutissants, aux causes et aux acteurs responsables, et rend le questionnement cohérent en regard des solutions.

La Constituante: les institutions
Le nouveau pacte social : de la condition humaine.
Le nouveau paradigme économique. Pareil aux capitalismes et à ses légions….. il faut s’acharner…. N’y a-t-il pas des expertises probantes ?

alain harrison 31 juillet 2019 à 22 h 47 min

Il n’y a rien de pire que de rester dans le dénie.

alain harrison 31 juillet 2019 à 22 h 49 min

Face à la menace Trump, action solidaire.

Mais que peu une Europe divisée ?

Il n’y a rien de pire que le dénie.

alain harrison 31 juillet 2019 à 23 h 02 min

La Russie et la Chine ont renoncé au socialisme démocratique. L’Occident est en phase de liquider les acquis de nos prédécesseurs, les bases pour la gestation, la naissance et la croissance de la démocratie.
L’État de droit n’a pas connu la mutation nécessaire à cet effet: l’État Démocratique.

Maintenant, ce sont des manipulateurs (certains de véritables pervers) qui sont au pouvoir.
Il est tout naturel que le fascisme reprenne du poil de la bête. Et cela partout, la Chine et la Russie n’y échappera pas, ils ont les mêmes valeurs que les occidentaux. Ils sont dans leur propre déni.

Tout part de nous. de notre condition humaine.
La première chose à faire, c’est de prendre connaissance de ce que nous sommes.
Je conseille le chapitre 1 du livre de Jean-Marie Abgrall: tous manipulés tous manipulateurs.

Et la situation s’aggrave.
Notre société est à l’image et à la ressemblance de notre condition humaine.

alain harrison 31 juillet 2019 à 23 h 20 min

Les croyances sont les bouées qui participent au naufrage, comme les écologistes sans vue d’ensemble.

La Constituante Citoyenne est cette participation à la vue d’ensemble.

Le sens des mots religion et spiritualité est à reconsidérer.
Voyons un exemple.
Le Christ: je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive qui sépare.
De quel sens relève le glaive ou épée ?
Le sanskrit, le latin et l’Hébreu sont des langues qui étaient conçu en permutation chiffré et alphabétique. Leur sens dépendait de clefs permettant une certaine lecture ou un niveau de lecture. D’où la question des élus versus le peuple, la connaissance versus le commun, de l’exploiteur et de l’exploité.

Aujourd’hui, l’information est encore la source des inégalités. Et une éducation juste (dans le sens de justesse, Krishnamurti) demeure à concevoir.

Avec des Trump, les divisions, les croyances-mythes, les chances de voir un jour un début de démocratie s’estompent face à une technologie-mentalité débridée.

Jacquard: Oui à toute la connaissance, non à toutes ces réalisations.

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