Avant le second tour des primaires

le 13 octobre 2011

L’incontestable succès de participation à la primaire, organisée par le Parti socialiste, en ces temps de profonde crise de la politique, constitue en lui-même un événement politique de premier ordre. Et les menaces de l’UMP avant, comme ses argumentaires creux après, n’y changent rien.  L’affluence aux réunions publiques des candidats comme l’audience des débats télévisés, démontrent une aspiration, parmi tous nos concitoyens de gauche et au delà, à rechercher des solutions politiques aux problèmes qui les assaillent et aux crises qui frappent si durement la société. Contrairement à ce qu’on nous a ressassé depuis des années, les confrontations politiques à la télévision intéressent. A l’image  des indignés d’Europe, ceux des Etats-Unis depuis quelques jours, ou des peuples arabes agissant pour leur émancipation, les participants à la primaire ont expérimenté une nouvelle pratique démocratique, pour gagner par eux-mêmes une parcelle de pouvoir dans le choix d’un candidat à l’élection présidentielle, en dehors des structures traditionnelles des partis politiques. Certes leurs motivations n’auront pas toutes été identiques. Mais certains microcosmes politico-médiatiques avaient oublié l’essentiel : les citoyens, leurs aspirations, leurs attentes et aussi leur disponibilité à s’engager, alors qu’on déplore désormais souvent leur abstention. La société n’est donc pas dépolitisée. Elle cherche à participer au mouvement politique, pour pouvoir devenir maître de son destin. Le besoin de renouveau s’exprime en premier lieu à l’égard du pouvoir en place mais aussi pour que change la conception actuelle de la politique, celle des partis politiques et des rapports entre les institutions et les citoyens.

Ce scrutin a été dopé par la formidable volonté de se débarrasser du sarkozysme lors des prochaines élections présidentielles et législatives. Il convient aussi de noter qu’à l’opposé des orientations fondamentales désormais défendues au sein de la social-démocratie européenne, et dans certains cercles du Parti socialiste en France, la demande de projets, d’actes et  de lois de gauche demeure très forte dans notre pays. Nous ne pouvons que nous réjouir que certaines idées défendues depuis très longtemps par d’autres composantes de la gauche communiste ou de l’écologie politique et les organisations syndicales aient trouvé un écho important dans les débats et les votes. Et nous ne verrions que des avantages si des expérimentations démocratiques comme celles des primaires, peuvent créer des conditions qui placent les partis politiques de gauche en plus grande osmose avec les aspirations populaires. Tout ce qui peut donner de la force à un mouvement populaire politisé pour affronter les défis civilisationnels auxquels le monde est confronté, revêt aujourd’hui une importance cruciale  puisqu’il s’agit de défricher les chemins inédits conduisant à l’émancipation humaine. En effet, les crises sociales, économiques, écologiques, démocratiques sont d’une telle ampleur et font si mal aux classes populaires qu’il ne suffira ni de moraliser le capitalisme, ni d’inventer un capitalisme prétendument « coopératif » ou social, ni d’adapter les sociétés au capitalisme financier pas plus que de rechercher dans le passé des recettes qui, toutes, ont échoué. Des solutions très novatrices au contenu transformateur d’un niveau très élevé, dégageant les voies à un post-capitalisme, sont devenues indispensables. Ce débat doit être désormais poussé plus avant. Celui sur les effets néfastes de la présidentialisation de la République aussi. Certes, les primaires n’ont pas créé le phénomène que l’inversion du calendrier électoral a beaucoup accentué, mais personne ne peut-être insensible au risque d’aggravation qu’elles pourraient recéler, à l’opposé du nécessaire primat aux institutions collectives, notamment au Parlement, pour une délibération collective en lien permanent avec les citoyens. Ce ne serait pas la première fois qu’une initiative qui crée les conditions d’un élan démocratique serait détournée de son contenu et des exigences que portent celles et ceux qui y ont participé. A elles et eux de continuer à les exprimer.

D’autant plus que la majorité de gauche au Sénat ouvrirait, en cas de victoire de la gauche aux législatives et présidentielles, la voie à une modification profonde de nos institutions, dont la proportionnelle aux élections, le non cumul des mandats et des mécanismes nouveaux à créer pour une démocratie d’intervention et de participation sur les lieux de travail, de production et dans la cité et l’inversion du calendrier électoral pour placer les législatives avant les présidentielles. Le haut niveau de participation à la consultation dimanche dernier manifeste le désir pressant de changer de pouvoir. Nous qui sommes des anti-sarkozystes de la première heure, nous ne considérons pas que pour que la gauche gagne et ne déçoive pas, il suffira de surfer sur le rejet de M. Sarkozy. D’une part, ceci ne doit pas profiter à l’extrême-droite. Il convient donc de bien expliquer que l’ennemi n’est pas le travailleur immigré, mais bien les marchés financiers. D’autre part, pour battre l’actuel locataire de l’Elysée et sa politique, il faut créer les conditions d’un large rassemblement populaire avec toute la gauche politique, sociale, écologiste. Ce n’est possible que si nos concitoyens considèrent que la défaite du Président de la République apportera des améliorations nettes dans leur vie quotidienne et des avancées de civilisation. C’est tout l’objet des indispensables débats sur les contenus et les moyens d’un changement véritable dans lequel les forces et les amis du Front de Gauche doivent plus s’impliquer.

Le succès des primaires montre une grande disponibilité pour le débat d’idées, la confrontation d’analyses et des propositions dans de larges fractions de la société encore sous-estimées aujourd’hui. Jean-Luc Mélenchon comme Pierre Laurent ont proposé depuis des semaines un débat plus ouvert, un débat loyal et unitaire à toute la gauche. Menons-le avec hardiesse ! Avec confiance aussi. La majorité de nos concitoyens savent que des politiques menées ici ou ailleurs par la droite et une partie de la gauche ont appauvri les populations en laissant les puissances financières et un pouvoir supranational européen maîtres du jeu. Il y a donc un espace politique pour un Front de Gauche ouvert, utile, unitaire, pour son candidat aux présidentielles Jean-Luc Mélenchon et ses candidats aux législatives.

Une dynamique neuve pour la transformation sociale et environnementale, pour l’émancipation humaine, peut se lever.


0 commentaires


renault 13 octobre 2011 à 10 h 00 min

La droite “normale” a surtout peur que la gauche dure passe en 2012 (avec les voix des gens pauvres qui vont voter FN au premier tour) c’est à dire pour faire court l’ensemble des “NOn” au traître traité Giscard. Alors elle se précipite pour voter Hollande qui lui va s’empresser d’inscrire la règle d’or d’une manière ou d’une autre dans la Constitution. Et ce n’est certainement pas Martine Aubry qui sera en capacité de l’en empêcher !

Canelle 13 octobre 2011 à 11 h 49 min

Sauf que les 2 candidats me posent problème :
– Martine Aubry appartient au sélect club “Le Siècle”
– Aucune confiance en F. Hollande
Je ne voterai donc pas au 2ème tour.

Autre chose, le PS a refusé de prendre la candidature de GEM2012, collectif citoyen, pour une primaire de la gauche et des écologistes.
http://www.letelegramme.com/cantonales-2011/presidentielles-alain-uguen-lance-gem-2012-03-03-2011-1224033.php

http://gem2012.fr/

Dussaut 13 octobre 2011 à 12 h 57 min

Non le Peuple Souverain n’est pas dépolitisé.
C’est la politique gouvernementale qui a mis de côté les citoyens et citoyennes.
L’Etat c’est NOUS le Peuple SOUVERAIN.
Voilà la véritable République Démocratique au service du peuple.
« Pour le peuple, par le peuple, avec le peuple ».
Le peuple veut reprendre sa PLACE, afin, que ce ne soit plus le capitalisme qui dirige la Nation.
Mais, que la Nation, la Collectivité travaille de concert pour un mieux-être, une Vie décente pour tous et toutes.
Le peuple, ce sont des hommes, des femmes, des enfants, des adolescents…des ETRES HUMAINS.
Et ces êtres humains, aux besoins plus que jamais de reprendre leur PLACE que cela soit en politique, la finance du pays, comme pour le social, écologie, éducation, et la santé.

Canelle 13 octobre 2011 à 17 h 51 min

Bien parlé Dussaut.

Et vlan !

En plus, ces messieurs/dames sont pour la corrida, donc ils n’auront pas ma voix…….
http://www.allianceanticorrida.fr/politique-primaires.html?utm_source=NetVision&utm_medium=newsletterOctobre

car j’estime que la corrida est d’une autre époque et que, dernièrement encore, devant les spectateurs, un toréador s’est fait encorné au niveau du visage et trainé par le taureau.

Quel beau spectacle où l’on apprend aux enfants à tuer, sur des petits veaux !

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