Aider le peuple égyptien à se libérer de l’étau qui l’enserre

le 22 août 2013

Protesters who are against deposed Egyptian President Mohamed Mursi shout solgans as they hold Egypt flags at Tahrir square in Cairo

La tragédie que vit le peuple égyptien nous concerne toutes et tous. Jamais des problèmes politiques et sociaux n’ont trouvé de solutions dans la répression sanglante et le recul des libertés et de la démocratie. Nous ne pouvons accepter que l’on tue, que l’on blesse, que l’on martyrise au nom de l’ordre, comme le fait un pouvoir issu d’un coup d’état militaire. Certes, il a semble-t-il le soutien d’une part importante de la population qui rejette l’ordre islamique des frères musulmans qui pourrait créer  les conditions d’un processus de guerre civile.

Dans ce pays, l’armée est au cœur du système depuis 1952. Elle a accompagnée le puissant mouvement populaire qui a mis à bas le régime de H. Moubarak en février 2011, vraisemblablement avec le feu vert des dirigeants nord-américains, puis assuré la transition jusqu’à l’élection d’un membre de la confrérie des frères musulmans, M. Morsi en juin 2012, non sans avoir pris des décisions renforçant encore son pouvoir. Aujourd’hui, elle applique un talon de fer, au nom de la « chasse aux islamistes ». Mais les prêtres coptes, comme des démocrates sont eux aussi victimes de la répression.

C’est parce que les engagements pris par M. Morsi durant sa campagne électorale se sont révélés de la pure démagogie que le 30 juin dernier, un puissant mouvement, ayant les mêmes caractéristiques que celui qui  a déposé M. Moubarak, a créé un rapport de force nouveau, ouvrant la voie au premier coup d’état militaire du 3 juillet. Ceci se faisait contre la volonté de M. Morsi d’acquérir les pleins pouvoirs. Il était aussi un rejet de la politique des frères musulmans, qui n’était rien d’autre que l’application des recettes les plus ultralibérales. Celles-ci n’ont fait qu’aggraver les difficultés de l’immense majorité des égyptiens, amplifier la crise économique et sociale. La valeur de la monnaie égyptienne s’effondrant par rapport au dollar et la spéculation mondiale sur les céréales n’ont  fait que monter en flèche le prix du pain et des autres produits de première nécessité. L’Organisation des Nations-Unies estime à 80 millions le nombre d’égyptiens vivant avec moins de 1,50 euro par jour.

C’est bien la question sociale qui est au cœur des soulèvements populaires. Celle-ci ne se règlera pas à coups de baïonnettes, de déploiement de chars dans les rues, de sang versé, d’emprisonnement pas plus que d’attentats. En Egypte comme ailleurs, ce n’est pas la force des armes, ni la violence déployée au nom de dieu qui sortira le peuple d’affaire. Et les institutions internationales, comme les instances européennes, ne peuvent laisser le grand peuple égyptien se fracturer en deux camps, mus par la haine et l’esprit de revanche, alors que derrière le rideau se joue une partie qui lui échappe. Le financement de l’armée par les Etats-Unis, le soutien de ceux-ci aux frères musulmans hier, pour des intérêts d’implantation régionale et surtout pour empêcher tout déploiement des forces progressistes, après avoir hier écarté l’Egypte du giron de l’Union soviétique.

Dans ces conditions, les bégaiements des dirigeants nord-américains depuis quelques jours et les pitoyables communiqués de l’Union européenne relèvent de l’incantation. Les Egyptiens ont besoin de la  coopération concrète de l’Union européenne et de la solidarité internationale pour avoir accès au pain et non aux armes. La suppression des aides internationales ne ferait qu’aggraver leur sort.

Le second élément de la situation nouvelle est lié aux divisions entre musulmans, les chiites d’un côté, les sunnites de l’autre, qui peut-être n’ont jamais été mises  au grand jour a ce point. Le Qatar soutenant financièrement et médiatiquement avec Al Jazeera, les frères musulmans. L’Arabie Saoudite et le Barheïn, offrant 12 milliards de dollars au général Al Sissi, après la destitution de M. Morsi. Ceci équivaut à près de dix fois la somme que les Etats-Unis versent chaque année à l’Egypte.

Ainsi, on peut penser que pour partie, les fractures qui secouent l’Egypte sont une première photographie de ce qui peut se passer dans le monde arabe et le monde musulman, de la Turquie à l’Afghanistan, de l’Irak à l’Iran, de la Syrie à la Tunisie. Pourtant, rien de fatal à cette tragique évolution comme le montrent   les jeunesses et les travailleurs en Tunisie, en Turquie ou au Maroc qui se sont mobilisée encore ces dernières semaines contre l’injustice et pour la liberté.

Le peuple égyptien a besoin de notre solidarité agissante.  Le mouvement dit « tamarod » qui a lancé la mobilisation anti-Morsi,  les syndicats, les associations de défenseurs des droits de l’homme, les militants démocrates et progressistes peuvent défricher une autre issue que la violence dégénérant en guerre civile. Après avoir abattu la dictature H. Moubarak, il ne  peut être enfermé dans un étau politique entre, d’un côté l’armée, et de l’autre un parti de l’islam politique qui lui non plus ne reconnait pas le pluralisme. Dire ceci ne signifie en rien que nous tirons un trait d’égalité comme le font certains entre cette religion et le terrorisme ou l’intégrisme. Laisser faire serait laisser dévoyer la tentative des peuples à s’émanciper des dictateurs, de la loi de l’argent et des dominations extérieures.

L’autre voie est celle du dialogue, de la démocratie et de la politique avec, dans un premier temps, des élections libres et l’organisation de la solidarité pour que le peuple égyptien ait accès au pain, à la liberté et puisse déterminer lui-même son destin.

Nous sommes concernés tant notre avenir a partie liée avec la qualité de nos relations avec les peuples qui partagent avec nous notre mer commune, la Méditerranée.


5 commentaires


rougier 22 août 2013 à 16 h 46 min

Et en attendant selon les chiffres des organismes de tourisme il y avait 18 millions de citoyens qui vivaient (mal sans doute pour la plupart, comparé à nous) grâce aux touristes.mais en plus ils entretenaient le petit commerce local. Hors aujourd’hui non seulement ils n’ont rien d’autre à faire que de se réunir sur les places du Caire et d’Alexandrie, mais en plus ils n’ont pas grand chose à manger.

Bernard 23 août 2013 à 9 h 04 min

En Egypte comme ailleurs, ce n’est pas la force des armes, ni la violence déployée au nom de dieu qui sortira le peuple d’affaire => La violence est toujours liée à la cupidité du pouvoir, c’est la mécanique induite par les incantations au diable-invention-humaine matérialisé dans le pognon, le problème est l’ignorance des mécanismes liés à la responsabilité individuelle, véritable glue créatrice du temps et donc de l’univers, elle doit être digérée jusqu’à la perfection, résultat fort heureusement réservé à la shpère divine, pour allumer la tête cliquez sur mon nom lié à mon site explicatif, merci.

alain harrison 23 août 2013 à 17 h 54 min

Bonjour
Je reprends ces passages de votre texte.
Pourtant, rien de fatal à cette tragique évolution comme le montrent les jeunesses et les travailleurs en Tunisie, en Turquie ou au Maroc qui se sont mobilisée encore ces dernières semaines contre l’injustice et pour la liberté……L’autre voie est celle du dialogue, de la démocratie et de la politique avec, dans un premier temps, des élections libres et l’organisation de la solidarité…
L’organisation de la solidarité est l’élément clef, il doit être le thème des discussions. Mais il faut y ajouter le thème de la coopération dans le respect des croyances. Mais, il ne peut y avoir de respect entre les protagonistes, si chacun ne développe pas le questionnement sur ses actes et ses croyances. L’auto-éducation, le questionnement et le dialogue vont ensemble.
L’auto-éducation et le questionnement doit faire partie d’une réflexion sur les causes de la crise dans les pays Arabes (d’ailleurs pourquoi, les gens de ces pays ne font pas du mot Arabe leur premier pas pour pacifier la région? Une réflexion dans le cadre de ces prémisses pourraient avoir un effet pacificateur. Les mots quand ils sont bien articulés dans un contexte de questionnements peuvent ouvrir sur des solutions. Mais le questionnement doit être exaustif: toucher les points les plus névralgiques: ici, les causes profondes et les motifs de la crise doivent être abordées avec circonspection par la population.
Mais il y a une crise qui chapeaute toutes les crises et c’est la crise causée par la finance qui échappe en ce moment aux peuples, parce que les politiciens de tout acabis se taisent sur les sources réelles de l’état du monde.
La finance à mis la main sur les banques centrales (article 123 qui doit être dénoncé et les criminels emprisonnés: crime contre l’Humanité) (l’article 11 de L’ALENA, un bonus pour les compagnies: comment, c’est très simple, une compagnie trouve un prétexte, va à l’OMC (leur acolyte) traine le gouvernement en cours, le gouvernement règle hors cours. En cours ou pas, la compagnie encaisse le pactole payé par l’argent publique. C’est ce qu’on appelle, selon les affairistes qui ont introduit ce slogan: GAGNANT GAGNANT !!!
L’Amérique du Sud a gouté aux recettes des BM, OMC,…au siècle dernier pour retrouver l’État de Grâce auprès des marchés…on connaît la suite.
Le peuple du Vénézuéla se prend en main, un gouvernement qui participe de la démocratie directe. Une solution, qui peut s’universalisé si on en voit la simplicité et si on fait la promotion tout de suite des coopératives autogérées, mettre un terme à l’exploitation de l’homme par l’homme (dans le passé les rois de droit divin capitalisaient sur leur peuple),c’est toujours le même modus operandi, mais plus sophistiqué et tentaculaire, la propagande de soumission est multiforme et ça nous coûtent très cher, sauf pour ceux qui s’en enrichissent.
La dette publique est un des éléments qui enrichissent le plus le 1% qui s’accaparent de plus en plus les richesses, les terres, les biens publiques, l’éclologie (Monsanto)le vivant et même si on n’y prête attention nos vies à leur assujettissement: à ce sujet, voyez si ce n’est déjà entré dans vos moeurs et coutumes: la notion de capital humain, main-d’oeuvre délocalisable et bien d’autres concepts très conditionnant.
Source du problème: Comment le résoudre, la réponse réside dans la question, à moin d’être aveugle.
Le facteur stratégique fondamental: qui a le pouvoir de créer la monaie:
La dette publique est une arnaque. Voyez les quelques vidéos sur la dette:
Tapez: la dette expliqué aucx nuls; la dette expliqué par une petite fille
Voir:Geoffrey Geuens « Les marchés financiers 
ont un visage, celui de l’oligarchie »
À ce sujet le discour de Hollande est très éclairant.
Voir le vidéo:tapez:
François Hollande et l’article 123 du Traité de Lisbonne…
Voir l’origine de la prise de pouvoir du privé.
vidéo:Tapez:Banksters – Fed 1913
Enfin sur le sujet abominable de l’EXPLOITATION DE L’HOMME PAR L’HOMME VOIR CE PETIT CARTOON.Je félicite les gens qui ont eu la tenacité de nous rendre compréhensible les causes des malheurs humains causé par l’humain, c’est de notre responsabilité à tous, car il s’agit du mauvais côté humain en chacun de nous. Nous sommes responsables, en prendre conscience, le questionnement et l’auto-éducation. Tout part de nous.
Les solutions: le revenu de base, les coopératives autogérées, l’auto-éducation et le questionnement vont ensemble.
Le partage des vrais emplois apportent de considérables avantages pour la vie…Réfféchisser et trouver. La Nature Créatrice nous a fait et nous a donné le don de la créativité, cessons de la décevoir, peut-être que notre temps nous est compté, c’est à nous de voir.
Bientôt, il faudra s’occuper des patrons. Pour les politiciens (trop de valets, de porte-paroles..) il faut les remplacés et leur dire de partir: Comme le dit si bien:

« Les gens de marché s’expriment de façon très directe. » Dans sa note (largement traduite ici), le « chief economist de Cheuvreux » conseille en effet à François Hollande de « tromper le peuple » pour mettre fin au « fameux CDI ».« On ne s’embarrasse pas de finasseries », poursuit-il dans un entretien diffusé dans l’émission Là-bas si j’y suis. « senior advisor », Nicolas Doisy.

Merci de votre attention

alain harrison 23 août 2013 à 18 h 03 min

Le petit cartoon:

•Les patrons sont-ils indispensables ?
adresse:
http://www.autogestion.coop/spip.php?article82

Vive les Femmes de la Brukman, ce sont des femmes grandes. Rien à voire avec la dame de fer, un homme déguisé.

terry 3 septembre 2013 à 19 h 22 min

Que dire de plus! :lutte de tous les peuples pour leurs droit,en face de régimes fascistes,ou autoritares!il faut etre prêt à mourrir ,pour les libertés,et je suis pessimiste,pessimiste actif,à la mesure de mes moyens.

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