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Par Patrick Le Hyaric
Directeur de l’Humanité
Les limites de la décence sont franchies une à une par le gouvernement qui se vautre dans une conception autoritaire du pouvoir et se dresse contre le mouvement social, contre la grande majorité de celles et ceux, toujours opposés à la loi de précarisation du travail, qui l’ont pourtant porté au pouvoir, il y a quatre ans. Au dialogue raisonné, il préfère le passage en force, aux arguments l’insulte, à l’écoute la morgue. Relier l’insupportable assassinat du couple de policiers, les inadmissibles dégradations de l’hôpital Necker par de violents imbéciles avec la grande foule des manifestants contre la loi de précarisation du travail relève non seulement de la manipulation mais ouvre un inespéré boulevard à la droite et à l’extrême-droite qui, depuis des semaines, réclament précisément l’interdiction des manifestations.
En faisant sauter toutes les digues, en traitant les militants de la CGT de « voyous » ou de « terroristes », en multipliant les assignations à résidence dans un climat d’accoutumance à l’Etat d’urgence, en poursuivant des militants syndicaux devant les tribunaux, le pouvoir prépare un terrain bourbeux pour aller plus fort, plus vite, plus loin dans le déni de démocratie ou dans « l’a-démocratie »
Les insinuations du premier ministre contre la CGT, les caricatures y compris physique de son secrétaire général dans un climat de haine antisyndicale rarement égalé, provoquent un haut le cœur. Que se lève le premier qui osera contester que depuis plus d’un siècle, la CGT a posé des pierres décisives à la construction du modèle républicain. Pilier de la résistance intérieure au nazisme, bâtisseur en actes du modèle social issu du Front populaire, puis de la Libération, fer de lance des conquêtes sociales, du droit au repos et aux vacances, artisan de la démocratie sociale, elle mériterait, malgré les désaccords qu’ils peuvent avoir avec elle, estime et respect de la part du pouvoir et de quelques éditocrates officiels haineux. Ces mêmes porte-plumes, à l’encre rance, sont ceux qui ont gâché tant de papier ces dernières années pour expliquer que la classe ouvrière avait disparu et avec elle, la lutte des classes. Voilà que les raffineurs, les postiers, les infirmières, les cheminots, les dockers, les salariés des fonctions publiques et tant d’autres encore se rappellent à leur bon souvenir et semblent leur lancer, à l’instar de Victor Hugo : « Bon appétit messieurs, ministres si peu intègres, conseillers si peu vertueux, voilà votre façon de servir, serviteurs de l’Etat qui détruisez la maison commune».
Insulter la CGT, comme l’a fait le premier ministre, laisser entendre qu’elle serait complice de la poignée de vandales qui rôde autour des cortèges, c’est cracher à la figure des travailleurs et au visage de l’histoire sociale de ce pays, c’est insulter le modèle républicain et attiser la haine antisyndicale dont les populismes de droite extrême font leurs choux gras. Cacher que le mouvement social est conduit par sept organisations syndicales et que la CGC conteste aussi le contenu de la loi de « dumping social », n’est-ce pas la preuve d’une vaste manipulation politique ? Elle ne parviendra pas à détourner l’attention de la nocivité d’un texte qui n’a même pas le soutien de la totalité du groupe socialiste et qui n’a jamais été proposé au vote des électeurs lors des dernières élections présidentielles et législatives. Dans ces conditions, il serait raisonnable de faire droit à la proposition de Philippe Martinez demandant une suspension des débats parlementaires pour un tour de table de négociations et de débats sur les enjeux d’une « vraie loi travail ».
En faisant obstruction au débat parlementaire et au dialogue social, le gouvernement plonge le pays dans des abysses de crise démocratique. La défiance prend des atours dangereux. Sur le chemin gouvernemental actuel, seul l’abus d’autorité fait figure de porte de sortie. Il y a urgence à soulever le couvercle pour donner une respiration démocratique au pays au risque de tendre encore plus les rapports sociaux. Cette situation ne profitera qu’à l’extrême droite qui jubile de voir un gouvernement autant désavoué dans son propre camp.
Une démocratie ne peut fonctionner qu’en lien permanent avec le peuple. On ne peut se réclamer de la gauche sans écouter les aspirations populaires, les angoisses qui se manifestent, les colères aussi, sans être attentif aux milles formes de violence sociale et anti-démocratique qui se déchainent contre les citoyens, pour en tirer, à échéance régulière, des conclusions politiques visant à recréer un élan populaire solidaire vers un nouveau progressisme social, démocratique et écologique.
Manifestement, ce n’est malheureusement pas la démarche choisie par le pouvoir exécutif. Il importe donc d’aller nous-mêmes, citoyens progressistes, militants syndicaux, politiques ou associatifs, vers les millions de nos concitoyens en recherche d’une issue pour poser avec eux les bases d’un nouveau projet pour le pays et empêcher une droite flanquée de son extrême de prendre les rênes du pouvoir. Que la fête de l’Humanité soit la caisse de résonnance de ces colères et des débats pour la recherche d’une issue transformatrice, tel est notre vœu le plus cher !
10 commentaires
je refuse la régression sociale voulue par une dictature soi disant de gauche mais qui agit pour un pouvoir d’extrême droite !!!!
bonjour.
une Europe des peuples, démocratique dans le respect des individus, protégeant les plus faibles … un rêve balayé par la réalité imposée de Bruxelles par quelques oligarchistes, mercenaires de BCE et du grand patronat … il nous faut refuser cette Europe imposée et qui impose toujours plus de précarité, de pauvreté, cette Europe qui pousse au espoir des peuples comme les Britanniques aujourd’hui. Comment rejeter la loi El Khomri et accepter cette Europe là ?
A remarquer le traitement à deux vitesses par les médias à la botte de la menace du Grexit et du vote, effectif lui, du Brexit, mauvaise réponse à de vraies questions. Notamment sur le déficit démocratique, où les lobbies financiers et industriels non élus prédominent sur la volonté des peuples à Bruxelles. Le dernier avatar de cette absence de démocratie étant les diverses “lois Travail” imposées par la Commission de Bruxelles aux peuples contre leur volonté par des gouvernants valets, quelque soit les étiquettes qu’ils se donnent. Ne pas oublier non plus que Valls a renié le 4 février 2008 à Versailles le vote négatif des Français au référendum de 2005 au traité de Lisbonne et n’a obtenu que 5,6 0/0 aux “primaires de 2011. Ceci s’ajoutant à son recours récurrent au 49-3 démontre son mépris total de la démocratie, comme celui de la bureaucratie bruxelloise (dont fait partie Moscovici ) considère ces méthodes comme de l’ “efficacité”. Ne pas oublier, non plus, les positions de notre parti en 1998 à propos du passage à l’euro (demande de référendum pour le passage à la monnaie unique et le dépliant où il était fait mention de ses inconvénients, dont des pertes de souveraineté ). Si quitter cette Europe est à la finale renoncer à en changer la nature, mettre ce rejet sur le compte du seul nationalisme me laisse quand même perplexe…
Jean Marc, je partage ta perplexité, pour ne pas dire plus, si quitter l’Europe était la solution, je n’hésiterais pas une seconde à militer pour cela, MAIS ce serait une erreur mortifère, ne pas être d’accord avec une politique nécessite au contraire de lutter pour en changer,des millions de Français ne sont pas d’accord avec la politique mise en place par hollande, Sarko and co, mais ne veulent pas quitter la France pour fonder je ne sais quel duché indépendant, échanger des capitalistes Français ou internationaux, ne changerait rien, étant Breton nous nous retrouverions avec l’équipe Bolloré, Bouyghes, Leclerc, Pinault, Le Duff Etc… qui continueraient de s’entendre avec leurs homologues internationaux pour plumer plus encore la volaille laborieuse, ce qui est valable pour la France l’est aussi pour l’Europe, c’est unis en luttant pour changer les règles de gouvernance que nous avancerons, refonder le statut de la BCE, prendre le pouvoir sur les banques qui reçoivent 85 milliards d’euros chaque mois de cette même BCE , sans investir dans le développement de services utiles aux peuples, mais en spéculant sur les marchés financiers générant des crises sans fin, sur le brexit Britannique, les malheureux qui ont voté pour sortir de l’Europe vont très vite se rendre compte que c’est à eux que les capitalistes Anglais vont faire payer la note d’une éventuelle faillite de la citye, même si les travailleurs étrangers partent cela contribuera encore à la diminution du niveau de vie du peuple, au contraire,l’histoire démontre que le nationalisme contribue TOUJOURS à la misère des peuples et à la guerre
Le nationalisme est tout le contraire de ce que tu dis, le nationalisme c’est la défense de la nation et le plus “grand” pour en parler est le général de Gaulle et la résistance française le CNR, ce sont les deux piliers qui nous ont sortis de cette guerre atroce de 1939-1945, déjà sorti de la grande crise capitaliste de 1929 qui venait des USA et déjà de l’Allemagne. La solution c’est au contraire une Europe des nations.
Je crois aussi que l’espoir de réformer l’UE vers une “Europe sociale” est un leurre.
Parmi de nombreux exemples du verrouillage anti social derrière la troïka :
ça n’a pas marché quand le parlement européen avait une majorité de députés de gauche.
Hollande dès son élection a bafoué sa promesse de renégocier.
Les grecs (et autres irlandais, portugais, espagnols etc.) ont goûté de l’amère “solidarité européenne”.
Bien sûr que le Capital nuira encore de toutes ses forces après une éventuelle disparition de l’UE, mais celle-ci est une de ses protections, à faire sauter impérativement.
ils n’ont que le mot de socialiste, mais ils sont incapables de faire du social, ils sont sourds aux problèmes du peuple, mais s’ils sont au pouvoir c’est grâce à tous ceux qui ont cru à leur parole, mais ils n’ont pas tenu leur engagement, et ce n’est pas cette Europe que l’on veut, c’est une Europe à l’écoute des gens qui sont dans la difficulté, et à tous ces jeunes qui n’ont pas d’avenir
Bonjour.
Hollande et cie. tente(ent)la récupération, acculé (s) au mur.
Viktor Orban, premier ministre hongrois:
Bruxelles doit entendre la voix du peuple, c’est la plus grande leçon de ce référendum.
Jan Jambon-N-VA, ministre belge de l’intérieur:
Il y a des signaux qui montrent qu’on est en train de perdre le contact, le lien avec les citoyens. Et dans une démocratie ce n’est pas possible. Donc je dis retour à une Europe des citoyens !
Hollande: L’europe, et c’est ma conviction, doit porter des projets et non pas se perdre en procédure, elle doit être comprise et contrôler par les citoyens. Elle doit décider vite là où on l’attend et laisser une fois pour toute aux états-nations ce qui relève de leur seule compétence.
Kioske, dernier de la saison.
https://www.youtube.com/watch?v=7ThKH7waSKY
FIOOOU !
Quel virage, mes aïeux !
Nous sommes gouvernés par des girouettes, des opportunistes, des valets……des têtes de noeud, leur pendant les redneck ?
Comment ne pas devenir irrespectueux devant ces sans têtes.
Bon, nous avons la visite d’obama qui évoque l’étroitesse des relations US-Canada, bavant son leitmotiv sur les valeurs et la puissance du marché, amalgamant finance et social, se tourner vers le futur (qui n’existe pas) le préférant au présent et reniant le passé……Un autre qui a réussi le sans tête.
Il a reçu le prix nobel de la paix en faisant pire que Busch fils et père.
Les trois amigos (US Can Mexique)
Dans son discours (29 02 2016), il a mis un autre grappin sur le Canada, le futur paravent des US, sans doute amélioré, ou plutôt à valeur ajoutée. Obama: le monde à besoin de canadas (comme modèle politique-économique !!).
Trudeau fils devenant son fils spirituel !!!
L’Histoire du passé prend une nouvelle tournure en regard de l’histoire contemporaine, on en saisit mieux la vraie nature. Une histoire de prédateurs sournois, méchants, gourments…qui aujourd’hui, avec la BOMBE, risque d’éclaté, comme ce gros hommes gourment qui explose en suçant un tout petit chocolat (Le sens de la vie, Monty payton).
Sommes nous arrivés au petit chocolat du libéralisme.
À regarder Holland et cie. On peut se poser la question.
Nous sommes entourés par le fascisme rampant,
d’un côté les bandes de fascistes et de l’autre les matraqueurs officiels qui laissent faire.
Décidément, nos protecteurs, ont-ils passé à L’école des Amériques, vous savez celle qui a accompli:
célèbre pour avoir enseigné aux militaires latino-américains les doctrines de contre-insurrection et inculqué une idéologie anti-communiste. Nombre de militaires ayant par la suite organisé des coups d’État et instauré des juntes y ont été formés.
Et bien d’autres choses….
La gauche a perdu pied, mais un mouvement se lève. La gauche va-t-elle apprendre ? Les communistes vont-ils apprendre ?
Ou bien, vont-ils rester sur leur position figée ?!?!
Il y a des choses à faire qui demandent de la détermination et de l’intégrité. Mais sans remise en question, vraie remise en question à la lumière de la vision d’ensemble de leur histoire contemporaine (XXe et début XXIe siècle).
Apprendre des erreurs et de l’opportunisme rampant.
Le PS n’est plus crédible pour représenter la Gauche, il est même en train de dégénérer et de défendre des idées qui en réalité sont des idées de droite, voir d’extrême droite avec son obstination de l’état d’urgence, en tout cas il n’est plus crédible pour représenter le peuple.
La loi travail est une loi qui nous ramène des décennies en arrière, c’est une loi digne des négriers, une loi dictée par la troïka de Bruxelles pour satisfaire les multinationales, elle n’a vraiment rien d’une loi de Gauche, elle est la pour servir le capital.