L’exemple de la Creuse pour défendre les hôpitaux

le 28 juillet 2010

Les maires du département de la Creuse viennent de produire un acte de résistance salutaire. Ils ont décidé de rompre leurs relations avec L’Etat tant que le ministère de la santé ne sera pas revenu sur sa décision de fermer le service de radiothérapie de l’hôpital de Guéret. Cette inadmissible décision s’incrit dans le plan gouvernemental de suppression de plusieurs centaines de services de santé publique, survenant après la fermeture de centaines de maternités et de services d’urgence.

Ces décisions antisociales sont prises sans la moindre concertation avec les élus locaux et les personnels de santé. Elles n’ont strictement rien à voir avec les besoins humains de santé, mais tout avec les critères de l’argent-roi. Selon des normes uniquement comptables, ce pouvoir de droite décide autoritairement de fermer des hôpitaux de proximité sans tenir compte ni de la géographie, ni des besoins d’équilibre des territoires, ni des temps réels d’accès des populations aux services de santé.  Ajoutons que, même en prenant en compte le critère de l’économie, il n’est pas prouvé que la concentration hospitalière en cours soit efficace. Elle ne l’est pas non plus du point de vue de la qualité sanitaire. Ce qui est sûr c’est que dans  nos campagnes, qui ont souvent une population vieillissante, les risques d’aggravation de l’état de santé de nombreux habitants, voire de mortalité s’accentuent. La concentration éloigne les patients des centres médicaux. Cela les conduit à consulter moins. L’inégalité devant la santé s’aggrave donc. La fermeture de services hospitaliers accompagne ou accélère les difficultés de la médecine générale parce qu’il y a de plus en plus de difficultés à trouver des médecins pour s’installer dans de telles conditions. Au bout du compte, les déserts médicaux risquent de s’amplifier avec les conséquences humaines que cela engendrera inévitablement. Composante essentielle de l’accès de toutes et tous aux soins, les petits hôpitaux de proximité permettent en effet de dispenser les premiers soins, les premiers secours qui souvent sauvent des vies. Ceux-ci travaillent déjà en réseau avec des structures plus importantes dans les plus grandes villes. C’est cette voie qui devrait être privilégiée au lieu de la casse du service public en cours.

A force de déstructurations, de réductions de personnels, le pouvoir cherche à décrédibiliser le service public hospitalier comme d’autres services publics pour accréditer l’idée de la supériorité du privé. C’est un terrible piège. Dans le cas de la santé l’objectif est de porter des coups à l’hôpital public et à la sécurité sociale pour aller vers un autre système combinant clinique et assurances privées. Ce serait l’accès à  la médecine selon ses moyens financiers, au détriment de la solidarité et de la santé de l’immense majorité. Mais le pouvoir applique par anticipation les normes établies par l’Organisation Mondiale du Commerce, notamment ce qui a été baptisé accord général sur le commerce des services (AGCS).

L’acte de résistance des élus de la Creuse doit  être  soutenu. Leur mouvement devrait s’élargir. Les conseils régionaux, dont la grande majorité est animée par les forces de gauche, devraient utiliser leur droit à définir des politiques de santé que leur confère le code des collectivités locales pour soutenir et appuyer les élus locaux contre les décrets préfectoraux.

Seul le rapport de force peut faire reculer le pouvoir Sarkozyste. Les  tribunaux administratifs de Nimes et de Nantes ont récemment suspendu les décisions de fermer la maternité de Valréas et la chirurgie ambulatoire de Saint-Calais dans la Sarthe. Toutes les actions sont utiles.

Quant à l’argument de l’argent ! On aurait pu en sauver des hôpitaux  avec les cent millions qu’a reçus Mme Bettencourt au titre du bouclier fiscal et le milliard gaspillé prétendument pour lutter contre la grippe porcine. Enfin la mise à contribution des revenus financiers – qui s’élèvent à 270 milliards d’Euros -permettrait de dégager plusieurs milliards d’Euros pour la santé et les retraites. Les manifestations du sept septembre dans tout le pays qui s’annoncent déjà importantes seront un moyen de le réclamer avec force.

La santé n’est pas un coût. Elle n’a pas de prix. Avec les élus de la Creuse et d’ailleurs défendons-la.


0 commentaires


Claes 28 juillet 2010 à 12 h 24 min

Merci ! Moi aussi, je me “bats” contre la fermeture de…
grâce à l’ADMD, le Comité de défense des hôpitaux de proximité, le CISS, la Coordination Nationale , etc…
j’ai passé à mes “contacts” !
Bisous…

fanjaux 28 juillet 2010 à 13 h 30 min

d’accord avec l’article sur la défense des hopitaux pour la creuse et également pour tot les territoire de la france mais je regrette de ne pouvoir lire facilement le texte à cause de la dimension trop petite des caractères typographiques merci de remédier a ce problème si possible et de permettre d’imprimer l’édito séparement.

Annie 28 juillet 2010 à 15 h 31 min

merci pour cette info.
En fait j’étais presque sûre que la creuse trouverait un moyen de resistance propre et efficace.
Pas déçue.

La Creuse est quand même étonnante dans sa résistance, à ma connaissance la seule en France à voter pour le FG à ce niveau et d’autres choses encore.

Qu’elle continue à montrer l’exemple

goupil 28 juillet 2010 à 20 h 04 min

je veux transmettre votre E-mail à mon médecin ( entre-autre)
espérons que notre Jeunesse va prendre le relais !

HERODE Joël 28 juillet 2010 à 21 h 11 min

Cher Patrick,
Je ne vous comprends pas. Vous habituellement si lucide. Il n’y a rien de scandaleux dans la politique du gouvernement en ce qui concerne l’hôpital public. En effet, notre bon maitre, Nicolas Sarkozy, Liliane Bettencourt, Eric Woerth, François Fillon, Roselyne Bachelot, Laurence Parisot, Johnny Halliday et tous ceux qu’il serait trop long de citer peuvent encore se rendre à l’hôpital américain de Neuilly pour la moindre blennorragie ou autre indigestion de caviar…! N’est-ce pas l’essentiel?

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