Jean Ferrat restera vivant, malgré cette « douleur du partir »

le 14 mars 2010

 

Notre douleur et notre chagrin sont à la mesure de l’admiration et du respect que nous portions à Jean Ferrat. Il était notre ami et nous ressentons le choc de cette « douleur du partir » tout en lui demandant « Que serais-je sans toi ?», lui qui a tant donné à la  culture et à la chanson française. Il était très préoccupé par l’avenir de cette culture que le « big-business »  défigure  trop souvent.

On connaissait son exigence dans le travail des mots, des strophes et de la musique.  De son exceptionnelle voix, Jean a chanté la France des combats et de l’émancipation humaine, celle de la liberté et de la justice, celle de la fraternité. Celle des militants dont des générations ont entonné les chansons dans les défilés et les meetings. Jean Ferrat était tout entier humanité,  porteur de bonté, de poésie, de tendresse. Son oeuvre respire la liberté. Elle se dresse contre les injustices, les guerres, toutes les humiliations et aliénations. Jean était un magnifique et efficace porteur des douleurs et des espoirs du peuple. Qu’il s’agisse de « Ma môme »,  un appel à l’émancipation des travailleuses, ou « J’entends, j’entends », un hymne au combat contre la pauvreté, ou encore « La montagne », véritable appel à préserver la planète et à vivre autrement. Et il faudra sans cesse et toujours, en ces temps si troublés,  écouter et faire écouter « Nuit et brouillard », qui porte avec force le rejet des haines et du nazisme, pour appeler à une véritable fraternité  ceux qui « s’appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel. Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vishnou, d’autres ne priaient pas, mais qu’importe le ciel ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux ». Ces paroles ne devraient jamais quitter ni nos mémoires ni nos cœurs. « La jungle ou le zoo » est un véritable manifeste contre le capitalisme. Il refusait les prêts-à-penser et tous les endoctrinements, allant jusqu’à interpeller  ses amis politiques avec son « Camarade » ou « Le Bilan ».

Jean a toujours été un authentique ami de L’Humanité et de sa fête qu’il fréquentait assidûment, sa belle voix y a retenti, réchauffant tous les cœurs. Il y a quelques jours encore, à l’occasion de l’assemblée générale des amis de L’Humanité il avait tenu à nous encourager. Il avait demandé à Francesca Solleville de lire son message lors de la soirée de soutien à notre journal au Bataclan le premier février dernier.  Il avait magnifiquement intégré L’Humanité-Dimanche dans le paysage national au cœur de sa bouleversante chanson « Ma France », en citant « ce journal que l’on vend le matin d’un dimanche ». En 2004 il était heureux au cœur du  public de la fête avec une belle exposition qui lui était consacrée. Nous le ferons vivre à la prochaine fête de L’Humanité en septembre prochain.

Nous perdons un ami très cher ; le mouvement progressiste un porte-voix, un créateur de grande qualité, un immense artiste populaire. La France perd l’un de ses grands  poètes et chanteurs, interprète incomparable de  Jacques  Prévert ou de Louis Aragon.  L’oeuvre de  Jean Ferrat va continuer de vivre en nous avec sa voix si chaude. Notre tristesse est immense mais nous savons que Jean restera vivant.  

 

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[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=2ieuU1ypjCg]

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Thérèse HUART 14 mars 2010 à 13 h 36 min

“Lorsque la musique est belle, tous les hommes sont égaux”, chante-t-il dans la complainte de Pablo NERUDA.
Les hommes sont encore loin d’être égaux en dehors de la musique, vous l’avez assez dénoncé, Monsieur Ferrat ; mais que votre musique est belle !
Puissions-nous continuer et gagner votre combat, notre combat, avec cette colère, cette foi en l’Homme et cette sincérité qui vous caractérisaient .
Merci, Monsieur Ferrat.
http://cucq-2008.over-blog.com/article-jean-ferrat-46629554.html

Blase Montbroussous 16 mars 2010 à 13 h 08 min

Je suis si triste. Je perd l’ami et le dernier ami de ma jeunesse, Ferré, Brassens, Brel, et aujourd’hui Ferrat. J’avais assisté , en Ardèche, récemment, à une rétrospective de sa vie et des chansons. Nous étions tous au bord des larmes car nous savions que nous allions le perdre bientôt. Jean, tes chansons continueront longtemps à nous émouvoir.

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