Ils veulent détruire la retraite par répartition !

le 14 septembre 2019

N. Cleuet/ Hanslucas

Au moment où le pouvoir parfait son dispositif pour engager la contre-réforme des retraites est mis en place un « nouveau produit », selon la terminologie du milieu, « d’épargne retraite ». Tout est dit ! Le macronisme fait monter le dernier barreau de l’échelle de la destruction du système de retraite solidaire par répartition. Il incite sans attendre chacune et chacun à « capitaliser », c’est-à-dire à se créer, s’il le peut, les conditions d’une future retraite financée par les assurances privées. Ceci ne répond pas de l’intérêt des futurs pensionnés ni de l’intérêt général du pays, mais obéit à une injonction comptable aussi glaciale qu’une nuit d’hiver, formulée par les institutions européennes qui enjoignent les États à ne pas consacrer plus de 14 % des richesses produites aux retraites !

Peu importe si vous avez trimé toute votre vie, commencer à travailler jeune, dans une activité pénible ou pas, peu importe le nombre de retraités futurs, peu importe si vous devenez un retraité pauvre… le pouvoir fera obligatoirement baisser la valeur des pensions par individu. Pourtant le Conseil d’orientation des retraites, qui ne peut être suspecté de sympathie communiste, montre qu’il faudrait consacrer au moins 16 % de la richesse nationale pour financer les retraites. En faisant diminuer le niveau des pensions, celles et ceux qui en auront les moyens seront contraints de se tourner vers « l’épargne retraite » pour compenser ce qui leur manquera.

Voilà qui déchire le rideau de fumée dressé par la machine gouvernementale autour de la présentation d’une prétendue alternative entre « âge pivot » et « durée de cotisation ». De quoi focaliser l’attention sur la couleur du papier enrobant le cadeau empoisonné qui n’a d’autre objectif que d’opérer un nouveau transfert de la richesse produite vers le capital, les banques et assurances et les fonds vautours de la finance.

Ce nouvel acte de dé-civilisation comporte une cohérence négative au-delà même de l’insécurité dans laquelle seront placés les retraités. Toute l’économie passerait sous les fourches Caudines de l’argent roi puisque ce sont ces mêmes fonds d’investissements qui s’acharnent à réduire l’emploi pour faire monter leurs cours en Bourse et à dépecer des entreprises au gré des exigences du marché capitaliste et des appétits des marchés financiers, tout en grossissant de dangereuses bulles spéculatives.

Cette stratégie ne fait que saper le financement de la Sécurité sociale dont on nous dira demain qu’elle ne peut plus remplir sa mission. La sécurité pour les individus et l’efficacité économique appellent à mener un débat argumenté et des combats non pas pour rétrécir la Sécurité sociale mais pour l’élargir.

Parachever la grande œuvre d’Ambroise Croizat implique deux réformes positives d’ampleur : assurer la sécurisation des parcours de vie et professionnels de chacune et chacun, avec d’indispensables périodes de formation pour affronter les défis présents et à venir ; et créer un nouveau service public pour assurer l’autonomie des personnes âgées.

La pérennisation du financement des régimes de retraites solidaires – qui n’est pas menacé aujourd’hui – passe par cette sécurisation du travail et de la formation à l’opposé du travail précaire et du chômage servant d’armée de réserve pour pressurer les salaires. Elle implique également la fin des traités de libre-échange destructeurs des droits sociaux, l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes, l’augmentation des rémunérations du travail au lieu de la mise en concurrence intra-européenne. Elle nécessite enfin que les revenus financiers des entreprises et des banques contribuent à l’indispensable solidarité en versant une cotisation équivalente à celle des salariés. Une telle disposition rapporterait 30 milliards d’euros aux caisses communes. Deux logiques s’affrontent : celle de l’humanité et celle de l’inhumaine rapacité des milieux d’affaires internationaux. Cet enjeu civilisationnel sera au cœur des débats de la Fête de l’Humanité.


1 commentaire


Moreau 14 septembre 2019 à 23 h 33 min

La vie au vingt et unième siècle n’est pas du tout la même que la vie au vingtième siècle notamment en France. Ce qui était bien au vingtième siècle n’est plus bien. Au vingtième siècle des retraites étaient aussi des compensations ou des indemnisations à bien y repenser.

Les retraites sont et c’est flagrant les revenus les plus injustes, la justice n’est pas toutes ces inégalités. Les Retraités sont tous des personnes qui ne travaillent plus du tout en principe, l’égalité républicaine voudrait qu’elles aient toutes le même pouvoir d’achat. Pourquoi ne pas remplacer tout simplement les retraites par le RUIC (Revenu Universel Intercatégories de Croissance) pour la loi générale que viendraient confirmer des exceptions à faire. Ainsi les Hommes voudront que le RUIC soit le meilleur possible, ce qui poussera toute la société dans la meilleure destinée.

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