Henri Martin avait l’internationalisme au cœur

le 17 février 2015

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C’est avec une immense tristesse que j’apprends le décès d’Henri Martin. Figure universelle de la lutte anticoloniale, personne n’aura incarné en France avec tant de panache la lutte contre la « sale guerre » d’Indochine. Henri était un homme modeste, humble parmi les humbles, généreux, bon, érudit. Il portait en lui les valeurs du communisme et de l’internationalisme.

 

Ouvrier métallurgiste, il s’engage très jeune dans la Résistance au sein du Parti communiste clandestin et des Francs Tireurs et Partisans. A la Libération, il rejoint la marine française avant d’être envoyé en Indochine où il découvre les horreurs de du colonialisme. Très vite, fidèle à ses idéaux  et aux combats menés par les mutins de la mer noire pendant la première guerre mondiale, il tente de mobiliser ses camarades contre la « sale guerre ».

Arrêté en 1950 pour « participation à une entreprise de démoralisation de l’armée ayant pour but  de nuire à la défense nationale » et pour le sabotage d’un navire de guerre, il est condamné à 5 ans de prison.

 

Son arrestation déclenche un vaste mouvement de soutien. Fleurissent alors partout en France des « comités Henri Martin » pour exiger sa libération, des pièces de théâtres se montent pour l’ériger en symbole de la lutte contre la domination coloniale. Les slogans « libérez Henri Martin » et « Paix au Vietnam » incrustent encore les murs des villes ouvrières.

 

Ce qui fut vite nommé « l’affaire Henri Martin » constitua le point d’orgue du combat contre la guerre d’Indochine. La mobilisation extraordinaire et unique sous la quatrième République de l’opinion publique et des intellectuels de tous bords, finit par provoquer, après quarante et un mois d’emprisonnement, sa libération tant attendue.

 

C’est au sein de l’Union de la jeunesse républicaine de France  et de la Fédération Mondiale de la Jeunesse Démocratique où il croisa de nombreux combattants anticoloniaux, qu’il poursuivit son combat contre toutes les dominations et les guerres impérialistes. Il y acquit très vite une grande épaisseur intellectuelle. J’ai personnellement eu la chance de passer quatre mois, passionnants et formateurs,  à l’Ecole nationale du Parti Communiste Français lorsqu’il en assurait la direction.

 

Membre du Comité central du PCF durant de longues années, il continuait partout où il le pouvait, à témoigner de l’importance du combat anticolonial et de la liberté des peuples à disposer d’eux mêmes.

 

J’avais toujours plaisir à discuter avec lui dans les multiples initiatives auxquelles il ne manquait pas de participer, avec ce regard toujours vif et critique sur l’actualité. Il me témoignait régulièrement de son attachement à l’Humanité, toujours avec un regard critique pour son amélioration.

 

Nous pleurons aujourd’hui, la disparition d’une conscience internationaliste et d’un infatigable militant communiste J’adresse à sa famille et à ses proches mes condoléances les plus attristées.


13 commentaires


Jacques VICTOR 17 février 2015 à 14 h 25 min

Que je suis triste !pour l’avoir bien connu notamment a l’ecole centrale du Parti ou j’ai passé 4mois a profiter de ses connaissances et de son extrème modestie et gentillesse .

françois plet 17 février 2015 à 14 h 34 min

Henri avait été au cœur de notre engagement, de la lutte contre la “sale guerre” d’Indochine à celle contre la non moins sale guerre d’Algérie. Je pense à lui avec émotion et reconnaissance

Cariou Jean-Claude 17 février 2015 à 15 h 16 min

Article émouvant qui rend hommage à ce militant exceptionnel quétait Henri Martin; une remarque : à son époque ,on ne dis

Cariou Jean-Claude 17 février 2015 à 15 h 18 min

suite après coupure: disait pas “paix au Vietnam” ,employé plus tard ,dans les années 60 ,et la présence américaine

Mireille Urbain 17 février 2015 à 15 h 43 min

Très triste d’apprendre la mort d’Henri Martin. Je me souviens des grandes manifs contre la guerre d’Indochine et du slogan scandé dans les rues de Marseille “Libérez Henri Martin” resté des décennies peint sur les murs de mon quartier. Les dockers étaient en grève pour ne pas acheminer le matériel et les soldats vers l’une des dernières guerres coloniales revendiquée comme telle et notre “maîtresse”, une communiste convaincue, nous expliquait les raisons de la grève des dockers. Une situation impensable, irréalisable aujourd’hui sous peine de lourdes sanctions pour l’enseignant. étions encore dans l’enfance mais ayant déjà une conscience “politique”. Certes nous n’étions que des enfants d’environ 8 à 9 ana, mais nous avions espoir et confiance dans le monde nouveau et meilleur qui devait émerger après la 2e guerre mondiale. Avec la mort d’Henri,fidèle d’entre les fidèles, une page de notre propre vie se tourne. Il nous reste les souvenirs…et l’espoir.

Mendelson Hélène 17 février 2015 à 16 h 55 min

Moi aussi je me souviens et n’oublierai jamais le slogan “Libérez Henri Martin !” que je voyais bombé et affiché sur les murs et entendais scandé dans de nombreuses manifs dans le Paris de mon enfance. Ce fut mon premier questionnement politique : “Qui c’est, Henri Martin ?”.

Jean Paul MAÏS 17 février 2015 à 17 h 19 min

Moi, c’ est dans le quartier ouvrier de Bacalan à Bordeaux, que j’ ai découvert ” Libérez Henri MARTIN, Paix en Indochine “. J’ étais trop jeune pour barbouiller moi-même. Mais quelques années plus tard, aux mêmes endroits, j’ ai barbouillé ” Paix en ALGERIE”, puis ” Paix au VIETNAM “. Une guerre chassait l’ autre, et rien n’ a changé …

Guy PELACHAUD 17 février 2015 à 17 h 29 min

Henri a été un modèle pour ma génération. Nous avons été des milliers a nous engagé dans la lutte anti-coloniale pour suivre son exemple.
Sa modestie était à la hauteur de son courage et de sa culture.
Je viens de perdre un ami.
Mais il restera dans nos cœurs comme un exemple à suivre.

GUILLOT Alain André 17 février 2015 à 18 h 16 min

J’en ai marre…en ce moment c’est toujours “les belles personnes” qui s’en vont…A quand le tour des cons? ça équilibrerait!

Jean Portejoie 17 février 2015 à 18 h 45 min

Nous le savions malade depuis longtemps. Je l’avais appelé fin août et il luttait avec courage contre la maladie, comme il l’a fait tout au long de sa vie.
Henri, c’est le compagnon de toute une vie militante. Durant ces deux dernières décennies,je garderais d’Henri, lors de nos réunions du bureau national de l’amicale des vétérans, le souvenir de sa vivacité à exprimer son point de vue, mais toujours avec avec tolérance et une amitié fraternelle jamais démentie.
Henri, un exemple et aussi un copain que nous n’oublierons pas

Lacourière Anne-Marie 18 février 2015 à 10 h 30 min

Merci pour cet hommage rendu à ce grand militant, dont évidemment il n’est pas fait mention dans les médias (sauf l’Humanité, aujourd’hui).
Je suis un peu plus jeune que les auteurs des autres commentateurs, aussi je ne me “souviens” pas des épisodes de cette lutte, que je n’ai connue qu’après coup. J’habitais toutefois à Nanterre une rue “Henri Martin…” puisse-t-elle longtemps encore entretenir son souvenir…

BASSOT 18 février 2015 à 17 h 03 min

Président de l’ACVGI dont Henri était adhérent nous formions lui combattant de la Paix en Indochine et moi ancien du corps expéditionnaire ce que nous expirions l’image de ce que peut-être l’image de l’amitié entre les peuples

juliette 18 février 2015 à 22 h 32 min

Désolé du commentaire mais je te dit pas merci henri
Juliette. B

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