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Le nouveau dispositif politique qui s’est consolidé à la suite des élections européennes permet au gouvernement d’instaurer un climat de sidération. Les annonces pré-électorales sont une à une durcies à la faveur d’une recomposition politique qui laisse aux forces du capital toute latitude pour imposer leurs régressions dans tous les domaines. La première position conquise par l’extrême droite aura eu pour seule fonction de stériliser l’opposition démocratique et sociale et de plonger un peu plus le pays dans le ressentiment nationaliste et la xénophobie. Preuve si il en fallait que l’extrême droite est bien l’assurance vie du système capitaliste et l’un des acteurs de sa dynamique actuelle, agressive, belliciste et profondément inégalitaire.
Nous vivons ce moment paradoxal et malheureux où la nécessité d’un changement radical de trajectoire de la civilisation humaine, social, écologique et coopératif, s’affirme aussi fort que s’affaissent les forces sociales et politiques qui peuvent le faire advenir. Chacune d’entre elle est écrasée par la double offensive du libéralisme autoritaire et du national capitalisme à coloration néofasciste qui vont jusqu’à s’associer dans de nombreux pays et continents pour bloquer toute perspective de changement progressiste.
C’est à la faveur de ce dispositif redoutable que la contre-réforme de l’assurance chômage, loin de combattre le terrible fléau et d’accompagner les chômeurs par un système de formation et de protection sociale avancé, va au contraire les soumettre d’avantage aux logiques les plus débridées du marché capitaliste de l’emploi au détriment d’un projet de travail et de formation garanti. Les gérants d’estrade du petit monde des éditorialistes inféodés ne mâchent pas leurs mots, allant même jusqu’à reprocher au pouvoir de ne pas être assez « violent » contre celles et ceux qui sont privés d’emploi.
S’appuyant sur la base électorale droitière conquise lors du dernier scrutin, MM. Macron et Philippe usent des mêmes arguments fallacieux dont se repaît le MEDEF, cachant aux citoyens que seul un chômeur sur deux est aujourd’hui indemnisé. Les 3,4 milliards d’euros d’économies escomptées dans les caisses de l’assurance chômage vont, de toute évidence, avoir pour contrepartie un coût social monstrueux que nos belles âmes se refusent à chiffrer. Notons que la manœuvre gouvernementale contre les droits sociaux des plus précaires n’a pu s’effectuer qu’après la mise sous tutelle étatique de l’assurance chômage, conséquence logique de sa fiscalisation grâce à la suppression des cotisations chômage remplacées par la CSG. L’Etat est ainsi placé au service des exigences du grand patronat.
Le nouveau système va précariser plus encore les précaires et paupériser de larges pans d’une jeunesse qui entre essentiellement au travail via des contrats de très courte durée qui rendront hypothétique l’ouverture des droits alors que l’âge réel de départ en retraite sera reculé. Installer massivement l’insécurité sociale pour faire marcher la société à coup de trique est non seulement inhumain mais aussi inefficace. Toutes les études publiées jusqu’ici démontrent ce que la logique pressent : c’est bien par la sécurisation de leurs conditions d’existence et l’accès aux formations tout au long de la vie que les travailleurs privés d’emploi se révèlent en capacité d’en trouver un nouveau.
Par touches successives, M. Macron et son gouvernement parachèvent un modèle de société calqué sur les exigences de la finance, à rebours des revendications formulées dans la société pour la justice sociale et fiscale et l’environnement. Son injustice foncière et révoltante a pour corollaire le bâillon contre tous ceux qui osent riposter ou tout simplement critiquer la marche funeste imposée au pays. Formuler collectivement une réponse alternative au désastre social, politique et écologique qui s’annonce doit être compris comme une nécessité fondamentale et historique. Chacune, chacun doit impérativement en prendre la mesure. Les débats en cours, les différents appels à gauche, la fête de l’Humanité à venir sont des moments à saisir pour y parvenir.