- Views 1501
- Likes 0
Voici deux mots à consonance positive, abondamment cités par le président de la République lors de son allocution du 9 novembre dernier.
S’agit-il pour lui de considérer le travail à sa juste valeur et de le rémunérer en conséquence ? S’agit-il de redonner sens au travail de dizaines de professions aujourd’hui en souffrance ; du soignant à l’agriculteur, de l’enseignant à l’ouvrier précarisé, du cadre à l’ouvrière sous-payée ? S’agit-il d’améliorer les conditions de travail, alors que durant l’année 2020, dans un lourd silence médiatique, les caisses de protection sociale ont dénombré 539 833 accidents du travail, 79 428 accidents de trajets et la prise en charge de 40 219 maladies professionnelles hors Covid ?
Rien de tout cela !
Ces mots n’ont été utilisés que pour culpabiliser les chômeurs qui refuseraient d’aller travailler. Jamais n’est évoqué nulle part l’avenir de toutes celles et tous ceux qui vont dans les mois à venir pointer à « pôle emploi », car ils sont inscrits sur les listes des 1 000 plans de licenciements en cours.
Cette précarité des emplois, le chômage, les plans de réductions d’effectifs, les délocalisations, mais aussi l’exploitation de travailleurs sans papiers, sont inhérents à un système visant à peser sur toutes les rémunérations. La baisse des allocations chômage vise également cet objectif : obliger un « demandeur d’emploi » à accepter une embauche aux seules conditions de l’employeur.
La doxa libérale réduit le travail à une simple marchandise sur un marché, et ne le reconnait pas comme seul créateur de richesse. L’admettre reviendrait à justifier les raisons pour lesquelles les profits issus de ce travail sont pour l’essentiel accaparés par les détenteurs du capital. Autrement dit à se placer du côté des travailleurs pour augmenter substantiellement les rémunérations.
La valeur du travail n’est donc pas une donnée naturelle, mais le fruit d’un rapport de domination qui impose sa loi au nom de « nécessités économiques » qui ont souvent peu à voir avec l’intérêt général.
C’est dans cette optique ; celui de renforcer les pouvoirs des dominants qu’ont été votée les deux lois réformant négativement le droit du travail, la loi pacte, et une batterie législative facilitant la rente contre le travail avec l’abaissement permanent de la fiscalité sur le capital et des produits financiers sur les marchés mondiaux.
Une partie du soutien public des banques centrales durant cette pandémie a encore renforcé cette stratégie : 12 300 entreprises dans le monde sont passées ces derniers mois sous la coupe de fonds financiers pour une valeur avoisinant 1 000 milliards de dollars.
Or le chômage et la précarité du travail sont au plus haut. La rente détruit du travail pour faire monter les cours des actions et ne produit aucune richesse. En vérité ces deux mots « valeur travail » ne sont utilisés que pour renforcer l’exploitation du travail et créer l’illusion que les marchés financiers et les propriétaires du capital seraient des défenseurs du travail. Il n’en est rien ! Leur obsession reste la rentabilité maximum. Ce débat public est nécessaire, avec l’objectif d’engager un nouveau processus de transformation faisant de la sécurité à toutes les étapes de la vie, tout en redonnant sens au travail -pour chacune et chacun le nouveau projet d’avenir.
Patrick Le Hyaric
Pour accéder à la plateforme Travailler au Futur
1 commentaire
C’est la vérité ; une telle réalité pose des problèmes très difficiles, les Travailleuses, les Travailleurs, les Familles populaires, sont nombre à avoir une existence mise en danger par des abus politiques et par des abus de pouvoir. La valeur travail au sens littéral exige la liberté, l’application des Droits humains universels, l’humanisme demande de faire les marchandises sociales pour toutes et pour tous, de conception sobre et fiable : automobiles, ordinateurs, appareils numériques…