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Le tsunami politique jailli des urnes dimanche dernier, gonflait depuis le soir du premier tour de l’élection présidentielle. Mais il se forme depuis des semaines, des mois et des années. On trouve ses vagues dans le rejet des contre-réformes des retraites et du Code du travail, dans les mouvements contre les fermetures d’entreprises, le ras-le-bol profond des situations faites à l’hôpital public et à l’école, dans les souffrances paysannes, dans le mouvement des gilets jaunes, trop méprisé et sous-estimé, dans les hausses des prix des carburants ou encore le saccage de tant de services publics de proximité.
Les électrices et les électeurs ont majoritairement décidé de retirer les pleins pouvoirs au Président de la République élu par défaut par une majorité d’oppositions à l’extrême-droite doublée d’une abstention toujours aussi élevée. Les électrices et les électeurs ont subverti l’esprit de la 5e République agonisante et son dernier avatar, l’inversion du calendrier électoral inventé, précisément, pour faire coïncider majorité présidentielle et majorité parlementaire godillot.
La contradiction entre l’accumulation du capital à un pôle de la société et les souffrances sociales aggravent encore la crise de la représentation politique. Le retrait de l’État social au profit d’un État quasi exclusivement mis au service de la concurrence de tous contre tous, le laminage des protections sociales, humaines, environnementales, accentue encore les crises de légitimités politiques. Tout comme les coups de canif dans les principes démocratiques.
En permettant à la gauche et aux écologistes réunis d’entrer en force à l’Assemblée nationale, les électrices et les électeurs ont signifié nettement le refus de la retraite portée à 65 ans, le déchiquetage morceaux par morceaux de l’école publique, de l’affaissement continu de nos systèmes de santé et de l’inaction climatique.
Grâce à la coalition de la Nouvelle Union Populaire, Sociale et Ecologique, la voix des progressistes et des écologistes va se faire entendre plus fortement, au service de l’intérêt général. Les quatre forces qui la composent vont disposer chacune d’un groupe parlementaire. C’était loin d’être acquis il y a moins de deux mois. La faiblesse du Président de la République, si sûr de lui et méprisant, réside dans le peu de soutien populaire qu’il a reçu au premier tour de l’élection présidentielle. Il n’a du sa réélection qu’à la responsabilité des électrices et électeurs de gauche qui se sont levés pour faire barrage à l’extrême-droite. Ces électrices et électeurs n’ont eu aucune reconnaissance durant la campagne des élections législatives. Bien au contraire. La macronie a perdu son éthique politique en refusant d’appeler de faire barrage à l’extrême-droite.
« Le ventre est toujours fécond d’où surgit la bête immonde ». L’extrême-droite a réalisé le score le plus élevé de tous les temps, portée par M. Macron lui-même, qui en a joué durant tout le quinquennat, comme d’un faire-valoir et comme repoussoir. Il a pensé, comme d’autres avant lui, que cette manipulation le sauverait et lui permettrait d’avoir le champ libre pour déployer sa politique antisociale et anti-écologique.
Pour quel résultat ! L’extrême-droite a enregistré un score record et ravi 89 circonscriptions, très souvent avec la complicité affichée de candidats de la majorité présidentielle.
Ces derniers ont mené campagne d’entre-deux-tours des législatives en mettant un signe d’égalité entre la coalition de gauche et l’extrême-droite. C’est comme si M. Macron donnait carte blanche à l’abstention ou à un vote en faveur du parti lepéniste.
Mieux, après l’inénarrable M. Darmanin jugeant Mme Le Pen « trop molle », on a vu jeudi dernier, lors d’un débat télévisé, M. Bayrou demander au représentant de l’extrême-droite d’un air interrogatif s’il était bien « d’extrême-droite ». Quand il n’y a plus de limite…
Ainsi, de coups de pouce en coups de pouce, l’extrême-droite est en France à un niveau d’influence parmi les plus élevés de l’Union européenne.
Elle se nourrit du mépris que les pouvoirs réservent aux premiers de corvées, la précarité, la pauvreté, la destruction des services publics, les hausses des prix des carburants, les relégations sociales et territoriales notamment en campagne, et aussi d’une conception de la politique qui pousse la moitié des électrices et des électeurs à s’abstenir ou voter blanc.
Ainsi, plus de la moitié de nos concitoyens, auxquels il convient d’ajouter ceux qui ne sont pas ou mal inscrits, considèrent que voter est inutile.
Pourtant, les enjeux sont énormes et les difficultés assaillent quotidiennement chacune et chacun. Les hausses des prix qui n’en finissent pas, les risques de pénuries dans l’activité économique. Les moyens indispensables à conquérir pour l’hôpital ou l’école. L’ensemble des services publics qu’il conviendrait de développer et démocratiser. Les métamorphoses environnementales. L’accès à un emploi pour toutes et tous qu’il s’agit de redynamiser. L’indispensable combat contre les inégalités sociales et territoriales à mener. La conquête d’un monde de paix.
Faire reculer l’extrême-droite, commence par ne pas tenter de la concurrencer sur ses terrains de prédilection. Au contraire, c’est en adoptant des comportements progressistes qu’on la combat le plus solidement. C’est en présentant des propositions transformatrices, qui s’attaquent réellement aux problèmes, que la gauche sera la mieux placée pour regagner les hommes et les femmes qui se tournent vers l’extrême-droite pour exprimer la colère qui monte en eux à cause de la vie qui leur est faite et le mépris des puissants qui l’accompagne.
En cela, le combat contre l’extrême-droite exige d’être permanent et non plus de circonstance, entre deux tours d’élections.
La coalition de gauche fait entrer les classes populaires à l’Assemblée nationale. Ils sont représentés à l’Assemblée par des députés qui leur ressemblent, de tous points de vue.
Des députés porteurs de leurs exigences les plus urgentes, les plus concrètes. La Nupes traduira leurs aspirations en propositions de lois nouvelles pour que la vie quotidienne s’améliore. Elle défendra les intérêts de celles et ceux qui voient venir les fins de mois avec angoisse et risque de souffrir plus encore si les salaires et les retraites ne sont pas augmentés et si des mesures nouvelles ne sont pas prises pour contenir les prix.
Pour masquer les intérêts qu’elle défend – ceux des puissances d’argent internationalisées – la coalition macroniste a tenté l’illusion d’un dépassement de l’opposition gauche-droite. Après un quinquennat, il n’en est resté, en réalité, que de la droite ajoutée à de la droite.
C’est l’essence même de cette idéologie qui vient d’être battue en brèche. Mais la macronie, la droite et l’extrême-droite dessinent un hémicycle très à droite. Sans intervention populaire, la recherche de compromis, pour trouver des majorités parlementaires, ressemblera forcément à une marche forcée vers les solutions les plus droitières. C’est la demande express depuis dimanche, des puissances industrielles et financières. Leur hantise est l’instabilité, voire la crise institutionnelle qui pourrait advenir. Ils cherchent donc le nouveau meccano qui pourrait leur assurer leur domination. Il n’est pas sûr que cela dure cinq années !
Le tsunami n’a pas fini de produire ses ondes de choc. Aux travailleurs, aux citoyens et citoyennes, aux créateurs, aux forces de gauche et écologistes de se rassembler avec encore plus de force pour construire face aux dangers actuels, un rassemblement populaire majoritaire. La Nouvelle Union Populaire Sociale et Ecologique produit de premiers effets positifs et ramène l’espoir là où dominait la fatalité, voire la désespérance. Cependant, il reste beaucoup à faire pour une vie plus belle, plus juste, plus solidaire, plus sûre, en harmonie avec la nature et le monde animal. Un monde de paix. Tout cela réclame des actes urgents.
Patrick Le Hyaric
21 juin 2022
11 commentaires
Totalement d’accord. La dernière partie sur le rassemblement va, pour moi être difficile, concernant le vote du milieu rural, hors des villes, là où le vote RN paraît s enraciner plus en plus à chaque scrutin. Car il va falloir les associer, les impliquer dans un projet progressiste, voir communiste. Comment dialoguer, habitat morcelé, horaires de vie différents, usages des médias et de la presse écrite complètement différent. La lutte est compliquée, certes non impossible, mais le temps est compté. Encore merci pour vos apports à la réflexion et votre combat pour l Huma et la Terre.
Alors que des paroles et des écrits de certains montrent que la démocratie a été truquée ( truquée, c’est le mot d’usage courant du pays profond), pendant ce semestre électoral de 2022), en pesant tout, monsieur Bayrou ne s’est-il pas servi de monsieur Mélenchon en pourvoyant à ses parrainages mais en pourvoyant en même temps aux parrainages de madame Le Pen et de monsieur Zemmour alors que le nationalisme n’a rien de commun avec le centrisme républicain universaliste et qu’il est incompatible avec les institutions françaises et européennes étant incompatible tout en étant le contraire de la synthèse des Droits Humains Universels ?
ils auraient pu être 164 sur cette photo la gauche ! hélas !…
Ce qui est bien une certitude, c’est que les députés de gauche auraient pu être plus nombreux s’il n’y avait pas les extrémismes et surtout les extrémismes du manège moulin des droites extrêmes tout en réitérant qu’une république authentique universaliste doit compter zéro extrémisme.
Les droites extrêmes ont joué afin que l’extrême droite en tire profit électoral à faire cliver la majorité présidentielle réélue et la nouvelle union populaire de gauche universaliste, dans un contexte d’opposition insuffisante à l’extrême droite : banalisation et résignation… Conquête néfaste de pouvoirs politiques dangereuse et grave.
À sortez-en des extrémistes confondus et qui est accolé à la Fi et JLM, et mis dans le même sac que l’extrême-droite, la propagande néolibéral en continue.
L’extrême est le néo-libéralisme qui a, avant pendant et après les deux Grandes guerres, le néolibéralisme US a envahi la Terre (les colonisateurs leur ayant préparé le terrain en quelque sorte): la multitude de bases militaires, le système institutionnel extra territoriale et les 300 labo génétiques à travers le Monde. Et tien le covid a des mutations à partir de différents endroits dans le monde. Des mutations qui s’affaiblissent aléatoirement ou “systématiquement” ?
Le NAPUS va t’il rester uni autour du programme comme base des interventions sur les politiques macronienne. ? Et selon, certaine question du programme, les faire évolué consensuellement ?
Et prendre garde des illusions que certains entretiennent (si les idées sont bonnes , on appuit), le piège classique du néo-libéralisme.
Reste à espérer que leNA:JUS ne tombe pas dedans, mais certain comme Roussel, il adhère à cette idée que si la macronie tend le piège, il l’acceote. D’ailleurs les verts ont cette tendance , ils l’ont démontré. Le PS sera sans doute pareil à lui-même.
Justification, le souhait de JLM ne s’est pas réalisé.
Mais , laissons la chance au coureur. Avant de critiquer. Ci-haut, je n’ai pas fait une critique, mais ce qui, à mon avis, ce passera.
Il y a un ic dans le programme de le NAPUS, partie 8 sur l’UE.
«« La France insoumise et le Parti communiste français sont héritiers du non de gauche au Traité constitutionnel européen en 2005, le Parti socialiste est attaché à la construction européenne et ses acquis, dont il est un acteur clé, et Europe Écologie-Les Verts est historiquement favorable à la construction d’une Europe fédérale.
Quelle est la différence entre une fédération et une confédération ?
Dans une confédération, la souveraineté appartient exclusivement (ou principalement) aux entités qui composent l’ensemble. Dans une fédération, le « pouvoir national » est partagé entre l’État fédéral et les États fédérés ; la souveraineté est alors uniquement détenue par le gouvernement fédéral.
Voilà le CLOAQUE.
Je ne vois pas comment, le NAPUS va tenir vent debout (çà déjà été dit sans grand effet)
Beaucoup de dit, mais sans une garantie ferme d’une stratégie sans ambiguïté.
Autrement dit, beaucoup de veux pieux mais pas de stratégie radicale si l’UE fait tourner en rond.
Une partie de la jeunesse pense que l’abstention électorale est une bonne forme de vote, mais trop répétée elle revient à l’illisibilité, la République, ce n’est pas l’illisibilité.
Pour donner, faire exister l’envie de lisibilité, il faut le progrès culturel réel, pas la sous-culture qui accompagne l’abstention qui peut et doit être conscience qu’elle ne compense pas le manque de progrès culturel réel et de lisibilité politique pour le présent et les lendemains.
Pas mal, C’dans l’aire: Macron parle, le blocage continue…., Macron a encore une pirouette, serez-vous rouler dans la farine, de nouveau.
La destitution ou la farine,
C’est ce que je pense.
Le Frexit est le seul moyen d’amener certains à faire de même, et l’effet dominos pour remanier l’UE capitaliste vers l’UE des Peuples.
Mais pour cela, le NAPUS doit intégrer le Frexit dans son programme comme réponse aux roueries de l’institution UE.
Mais encore faut-il que le NAPUS gagne le pouvoir avec la majorité absolue.
En attendant faire de la pédagogie auprès des abstentionnistes sur de réelles propositions pour changer réellement la vie des gens.
Parler de coopératives autogérées (à temps partagées – technologie).et rentables (oui faire du profit pour réinvestire….) Pourquoi pas.
Tout le PIB à la cotisation et contrôlé les moyens financiers, tout est là, il z’agit de réorienter.
Le capitalisme a abusé de l’imagination,alors pourquoi s’en priver ?
Voyez-vous ?
L’universalisme est la seule richesse pour avoir une assemblée nationale républicaine authentique.
L’Union Européenne universaliste authentique, toute l’Union Européenne universaliste authentique, rien que l’Union Européenne universaliste…
Vive la Jeunesse, vive la République !
à propos de l’abstention, rappelez-vous que moi en tant qu’électeur, je ne peux que mettre un seul bulletin dans l’urne. Alors tous les partis de gauche qui vont en rangs dispersés à l’élection dispersent automatiquement les voix et la confiance dans l ‘un ou l’autre.
Pour ma part, cela fait plus de dix ans que je suis J-L Mélenchon, c’est le seul qui recherche avec persévérance l’union au lieu de tous les autres qui cultivent plus leurs différences que leurs convergences. Comme le préconisait si bien K.Marx, “prolétaires unissez-vous!”
Il y aurait peut-être plus de votants!
Je crois que ce serait bien que Fabien Roussel écrive sa pensée, il a du talent manifeste pour la politique communiste, et qu’il parle de sa pensée dans un bon livre allant au-delà de la pensée de Karl Marx et de Jean Jaurès. Je pense que le communisme républicain universaliste du vingt et unième siècle est victime surtout au vingt et unième siècle, surtout depuis 2002 et 2007, d’un manque de lisibilité voire de s’exprimer bien sûr mais dans l’ère de l’image. Quand Jean Luc Mélenchon a fait un livre sur L’ère du Peuple, je ne l’ai pas lu, mais je me doute qu’il doit y avoir même dans ses lignes une insuffisance de telle lisibilité.
Il faut que la rencontre puisse se faire avec la Jeunesse, et le livre politique est le meilleur moyen pour peu qu’il soit de l’ère de l’écrit et qu’il aille au-delà de la pensée de Karl Marx et de Jean Jaurès, pour le communisme républicain universaliste par Fabien Roussel, et par le socialisme républicain universaliste par Jean Luc Mélenchon. Et qui dit universalisme dit absence de renoncement à la France fondatrice de l’Union Européenne grande puissance phare politique du monde entier. La confiance en l’Homme de l’Union Européenne et donc en la personne politique française ne pourra exister, vivre, au sens littéral qu’ainsi. Et il faut oeuvrer sans perdre de temps car les fléaux peuvent détruire la vie de la Terre des Hommes. L’ÈRE DE L’IMAGE N’A JAMAIS ÉTÉ L’HUMAIN D’ABORD, je ne pense pas que monsieur Jean Luc Mélenchon l’ait écrit dans son livre que je n’ai pas feuilleté : L’ÈRE DU PEUPLE. L’ère de l’écrit est la seule base vraie pour l’ère du Peuple.