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La République est au bord de l’abîme. À force d’avoir déçu, trompé, maltraité le peuple travailleur, la jeunesse et les créateurs, les mandataires du grand capital ont ouvert une voie royale à l’extrême-droite. Mieux, ils ont considéré qu’elle pouvait être leur assurance tout risque pour canaliser les colères et empêcher un changement de pouvoir, de politique et de société. Dans la France dans laquelle a été signée la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, elle est à la porte du pouvoir. De toutes nos forces, nous devons refuser que notre pays rejoigne le camp des Trump, Bolsonaro, Erdogan, Salvini, Orban, Poutine ou de la junte militaire birmane.
C’est parce que le Président de la République n’a jamais voulu tirer les leçons des conditions de son élection, imposant sans vergogne violence sociale, autoritarisme, mépris des citoyens et celui des corps intermédiaires, que nombre d’électrices et d’électeurs progressistes ne veulent pas voter dimanche. Nous comprenons d’autant mieux cette attitude qu’il s’en est fallu de peu pour que ce scénario soit évité. Il n’a en effet manqué qu’une poignée de voix à Jean-Luc Mélenchon pour qu’un autre choix s’offre à nous. Cette fois encore, M. Macron ne veut pas admettre que 73 % de celles et ceux qui se sont rendus aux urnes ont voté contre lui, et qu’il est pour une large part comptable du fort taux d’abstention.
C’est un immense cri de colère sur fond d’usure démocratique qui s’est exprimé le dimanche 10 avril 2022. Contrairement à d’autres périodes, le candidat-président ne peut compter sur un autre candidat républicain pour sceller un compromis en vue d’une majorité de second tour. Une fois encore, c’est aux électeurs de gauche et écologistes qu’il est demandé d’être responsables pour deux, au service de la République. Ils ont la responsabilité de conjurer le pire.
Contrairement aux vœux des deux candidats, il ne s’agit pas d’un référendum pour ou contre leur projet. Il est dommageable que M. Macron et une partie de la grande presse continuent de banaliser l’extrême-droite en cherchant le rassemblement autour de son programme plutôt que contre le « lepéno-zemmourisme », tout en se gargarisant de bonnes paroles et de ronds de jambe de dernière minute en direction de l’électorat de gauche, assorti de promesses auxquelles il ne croit pas un mot lui-même.
Dimanche, en saisissant le bulletin portant le nom de M. Macron, il n’est pas question d’approuver la retraite à 65 ans, la conditionnalité du RSA à un travail forcé, la mise en concurrence des écoles au sein d’une même ville, les nouveaux cadeaux envisagés pour le capital sous le doux mot « d’impôts de production », l’entaille de la sécurité sociale et une nouvelle austérité sous couvert de paiement d’une dette qui ne profite qu’aux fonds financiers. Ce ne sera pas un vote pour M. Macron. Le bulletin portant son nom est le seul outil dont nous disposons pour barrer la route à l’extrême-droite. Ne pas procéder ainsi dans le cadre de ce mode de scrutin, revient à donner malgré soi une voix au « lepéno-zemmourisme ».
Le projet idéologique et politique de ce duo est tout le contraire d’un rempart social. Non seulement ces deux extrêmes-droites ont repris depuis longtemps tout le programme de la droite la plus radicale aux services des puissances d’argent, mais la clef de voûte de leur projet est profondément xénophobe et autoritaire, identitaire, raciste et antisémite, liberticide et sécuritaire, alignée sur les politiques des extrêmes-droites européennes comme le montrent abondamment leurs votes au Parlement européen contre l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, contre une utilisation plus juste des crédits de la politique agricole commune pour la ruralité et les petits paysans, pour soutenir le pouvoir polonais contre le droit à l’avortement, contre les stages et apprentissages rémunérés pour les jeunes. Mme Le Pen, de surcroît, n’est ni pour l’augmentation du SMIC, ni pour une plus juste répartition des richesses, ni pour la retraite à 60 ans.
Mais il y a pire ! La candidate d’extrême-droite veut désormais – sous couvert de référendum – procéder à un coup de force constitutionnel. Elle refuserait, a-t-elle expliqué, que les actions de l’État ne soient plus soumises au droit et aux juridictions qui l’encadrent. Le principe de ce qui est appelé un État de droit conduit en permanence à se conformer au principe de constitutionnalité dont des instances dédiées garantissent le respect, notamment le Conseil constitutionnel. Or, en voulant appliquer le principe de « priorité nationale », la candidate d’extrême-droite bafoue tous les textes fondamentaux et notre Constitution. Ceci va de pair avec l’amoindrissement des pouvoirs de la justice, la restriction des libertés publiques, du pluralisme de la presse et de la création culturelle avec la privatisation du pôle public de l’audiovisuel, les manuels scolaires ou la recherche soumis au pouvoir politique. Un tel projet porte en germe ce qu’il convient d’appeler le fascisme. On n’expérimente jamais un tel régime. Le pire est souvent durable. Et en démocratie, il faut parfois simplement éviter le pire. C’est la première mobilisation indispensable. Les deux autres mobilisations populaires se complètent. Résistance et actions dans la rue, les entreprises, les lieux de création pour rejeter la politique que voudra imposer le pouvoir macroniste ; création d’un foyer de résistance en soutien aux mouvements populaires à l’Assemblée nationale avec l’élection d’une majorité de députés de gauche et de l’écologie sur la base d’un contrat de législature à partir des programmes des différents candidats de gauche à la présidentielle, en respectant le pluralisme politique. Autrement dit, la volonté commune devrait être de travailler à faire réélire tous les députés sortants, d’en gagner d’autres, certes en tenant compte des résultats du premier tour de l’élection présidentielle, mais aussi de la diversité des sensibilités politiques et sociales rassemblées dans le vote Mélenchon, tout en respectant les réalités de chaque circonscription. Ainsi pourra être présenté, ensemble, le maximum de candidatures uniques des forces de gauche et de progrès.
Triple mobilisation donc. Mobilisation pour battre Le Pen. Mobilisation sociale. Mobilisation unitaire pour porter l’espoir d’une majorité de gauche à l’Assemblée nationale. La société, le peuple travailleur, les créateurs ont l’impérieux devoir d’inventer et de se mobiliser dans l’unité.
6 commentaires
Voter Macron serait incontournable, pour éviter le fascisme.
Elle est bien bonne.
D’une part, Macron le libéral autocrate des urgences successives n’est qu’un chemin pour un fascisme de plus en plus clair.
Censure des médias et liberté d’expression riquiqui au profit d’une propagande d’état ? Répression de l’opposition ? Police au service des puissants et contre la République ? On les a.
Concentration des pouvoirs ? On l’a, jusque dans la gestion d’une maladie !
Abandon de notre souveraineté (escamotée pour l’UE, pour l’OTAN, pour le Capital…) ? On l’a. Il a bradé nos bijoux de famille industriels, et nous impose les sanctions “anti-russes” en fait mortelles pour l’économie de nos pays européens. Il soutient le fasciste (ou otage des bandéristes ukrainiens ?) Zelenski et accepte que l’UE lui livre des armes en plein conflit !
D’autre part, une présidence MLP ne serait pas capable d’imposer au pays ses caprices par ordonnances, car le Parlement ne lui cirerait pas les bottes autant que l’Assemblée croupion en fin de mandat l’a fait. Les partenaires sociaux ne pourraient plus étouffer les besoins populaires en matière d’égalité, de services publics, de paix, de démocratie, de protection contre la spoliation mafieuse que le fondé de pouvoir des banques a encouragée. Je ne parle pas des promesses sociales de circonstance de la candidate Lepen (on sait ce qu’elles valent) mais les soutiens du RN eux-mêmes ne supporteront pas que leur élue piétine l’exigence d’une retraite décente ou le bon voisinage avec Moscou, fournisseur crucial d’énergies et autres.
Malgré ça, vous nous proposez de nous jeter encore une fois dans le piège électoral où on s’est engouffrés déjà trois ou quatre fois !
Ben non.
Si on est encore capables de mobilisation sociale contre le fascisme, contre le capital et contre la guerre en Europe sur commande de l’empire, allons-y. Mais ce n’est pas un autre renoncement dans l’urne qui nous prépare à la lutte.
Il fallait, le plus possible, délégitimer ce 2è tour, point barre.
Élire JLM comme premier ministre avec le maximum de députés de gauche, point barre.
Souvenons-nous de 9/11, et la destruction de pays et la mise en place du chaos (qui perdure et reprend en Afghanistan frontalier à la Russie (?), et justifier !
Alors la guerre en Ukraine, qu’en sera-t’il ? Comme seul exemple, pour le Vénézuéla.
Colombie et la présence militaire américaine. Ha ! oui, la guerre à la drogue.
La gauche a le défi de faire comprendre au peuple que les 4 sorites sont (le frexit) est l’occasion de changer la donne pour les pays de l’UE.
Contre le libre-Echange, la Charte de La Havane
https://www.pardem.org/contre-le-libre-echange-la-charte-de-la-havane
Il faut donner une vision d’ensemble avec ses effets collatéraux. Et ce texte me semble adéquat. Examiner le.
Il reste 5 ans ????
Crime, les alternatives existent, leur potentiel ignoré ou quoi ?
Imaginez, si le fascisme avance avec autant de facilité en France, imaginez leur présence partout en UE, et il n’y aurait pas de nazisme en Ukraine ?
Cette guerre, vous savez bien qu’elle n’est pas un incident, l’OTAN en a pavé (par la bande) le chemin pas à pas ? NON OUI
Question qui ne doit pas nous quitter. L’Irak en a été un exemple dès plus sulfureux.
Cuba est devenu banalisé, la déshumanisation dans la durée.
Le Brexit
Le camp du « Leave », favorable à la sortie du Royaume-Uni de l’UE, l’a emporté avec 51,9 %, contre 48,1 % pour le « Remain », pro-européen.
Le Grexit dont on sait le sort.
Maintenant l’Ukraine.
La monté du fascisme et du nazisme (sous couvert),
La crise de 2008.
Tout ceci renforce l’UE et l’hégémonie de l’OTAN.
La militarisation du monde est la dictature ignorée.
Le garde du corps du grand capital ?