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Depuis que la Révolution française a rendu la patrie une et indivisible, le patriotisme consiste à subordonner l’intérêt particulier à l’intérêt général. La haute bourgeoisie et l’oligarchie l’ont toujours refusé.
Leur drapeau ne flotte qu’aux vents des spéculations et des possibles profits. Leur civisme se cache derrière les portes blindées des coffres des paradis fiscaux. Leur sens du partage se noie dans l’égoïsme de la propriété lucrative. Leur attachement à la nation se résume à leurs gémissements auprès des gouvernements : baisse d’impôts et hausses des aides publiques, destruction des droits des travailleuses et les travailleurs, qui sont les seuls véritables producteurs de richesses. Ceux-ci, dans leur diversité de métiers et d’engagements, restent eux fidèles à leur patrie. Ils l’ont démontré lors de la pandémie de Covid ou lors de catastrophes naturelles avec le dévouement des agents publics, sur les chantiers du bâtiment ou dans les usines et les champs. Ce même attachement les porte à défendre les atouts nationaux, les services, la vie de régions entières quand ils agissent courageusement contre des délocalisations, des licenciements ou la rapacité de fonds financiers faisant main basse sur des filières industrielles. Ils n’hésitent pas à devenir maîtres de leur entreprise en bâtissant des coopératives de production. En général, main dans la main, ministres et propriétaires capitalistes s’y opposent.
Le « patriotisme économique » dont ces derniers nous rebattent les oreilles n’est qu’un rideau de fumée noire pour cacher la nature apatride du capital.
Pourtant, les grandes sociétés capitalistes n’existent que grâce à l’accumulation obtenue en pressurant la force de travail de générations de travailleuses et de travailleurs. Le développement de ces groupes devenus multinationaux n’a été possible que grâce aux équipements et infrastructures réalisés par la nation, aux aménagements de zones industrielles réalisés par les collectivités territoriales, à la fourniture d’électricité à tarif préférentiel… De mille façons déguisées, ruissellent des aides publiques ponctionnées sur leurs détestés « prélèvements obligatoires ».
Ces mêmes groupes n’hésitent pas à essorer les petites et moyennes entreprises sous-traitantes dont les travailleurs font eux aussi la fortune des donneurs d’ordre et des institutions financières.
Le prétendu « patriotisme économique » récité par l’élite du capitalisme et ses suppôts n’est qu’une fable. Les quarante grandes entreprises cotées en bourse ne réalisent qu’à peine le tiers de leur activité là où elles pompent les bases de leur accumulation, c’est-à-dire sur notre sol national.
Et, voici qu’au moment où Trump accentue les guerres des capitalismes, dont tous les peuples du monde seront les victimes, nos géants nationaux choisissent le camp antinational. Les affaires lucratives les conduisent à passer de l’autre côté de l’océan. Ainsi, ils dépossèdent encore plus les travailleurs, non seulement des fruits de leur travail, mais du travail lui-même, et insèrent toujours plus les moyens de production nationale dans une production mondiale impérialiste.
Quel révoltant spectacle !
Après avoir englouti ces dix dernières années un milliard d’euros de crédit impôt-recherche, sans avoir été capable de fournir un vaccin pendant la pandémie et liquidé un million d’emplois, Sanofi va « investir au moins 20 milliards de dollars aux États-Unis d’ici 2030 » tout en cédant le Doliprane au fonds américain CD&R.
« Nous allons considérablement développer notre flotte battant pavillon américain » se vante, sans regrets ni scrupules, le grand manitou du transport maritime mondial CMA-CGM dirigé par M. Saadé, propriétaire également de La Tribune et de BFM. Ainsi, il a promis au président américain d’investir 20 milliards de dollars et de créer 10 000 emplois au pays de l’oncle Sam. Pendant que le groupe ne paie pas au fisc français d’impôt sur les bénéfices et bénéficie de l’exonération de la taxe sur les tonnages transportés. Ce qui équivaut à un cadeau de 10 milliards d’euros. Les médias qu’il détient peuvent ensuite expliquer à quel point les « prélèvements obligatoires » et les « dépenses sociales » dans notre pays sont trop élevées.
Autre fleuron français, Schneider Electric, spécialiste des solutions numériques d’énergie et des automatisations pour l’efficacité énergétique et la durabilité, annonce investir au moins 700 millions de dollars aux États-Unis jusqu’en 2027.
Le géant des matériaux Saint-Gobain annonce injecter 40 milliards de dollars dans la construction d’une usine dans l’État de New-York.
À l’heure où l’impératif de la sortie des énergies carbonées tape du pied dans les airs et les océans, le géant du pétrole TotalEnergies signe un accord avec le groupe américain de gaz naturel liquéfié (GNL) NextDecade pour l’achat de 1,5 million de tonnes par an sur une durée de 20 ans. « Cet accord contribuera à renforcer la position de TotalEnergies en tant que principal exportateur de GNL depuis les États-Unis, lui permettant de fournir à ses clients un approvisionnement compétitif », s’est réjoui bruyamment le directeur exécutif du groupe qui contribue à engager le pronostic vital de la planète.
Et, pour renforcer ses capacités de production de voitures électriques, Stellantis investit 4,1 milliards de dollars aux États-Unis.
L’empereur des industries du luxe et des champagnes, à la fortune de 199 milliards d’euros, propriétaire des journaux « Les Échos » et « Le Parisien – Aujourd’hui en France », Bernard Arnault était là, avec sa famille, pour entourer Donald Trump le jour de son investiture. Il lui a promis « d’investir plus » sur le territoire de l’impérium. À peine son jet personnel s’était-il posé sur le sol national qu’il déclamait son mantra : « Je reviens tout juste des États-Unis où l’on peut voir le vent d’optimisme qui souffle sur le pays. Et quand on revient en France après avoir passé quelques jours aux États-Unis, c’est un peu la douche froide ». La froideur de sa douche se mesure au niveau trop élevé, selon lui, des droits sociaux des travailleuses et des travailleurs et à la toujours présence de l’État social même diminué.
Le « patriotisme économique » est donc bien antinomique avec le capitalisme qui n’aime que la libre circulation des capitaux, la spéculation qui l’enrichit, et l’exploitation du travail qui lui permet toujours plus d’accumulation. Dans la guerre multiforme de Trump – économique, commerciale, monétaire et course à la production d’armements – le capital national, fidèle à ses mauvais penchants, ne se contente pas de courber l’échine. Il participe aux visées trumpistes jusqu’à militer pour sa survenue ici, en soutenant les droites extrêmes fusionnées avec l’extrême droite.
Pendant ce temps, le président de la République, sous les ors du château de Versailles, braque la lampe du mensonge sur les investissements étrangers en France. Le cérémonial du monarque ne peut effacer le recul de l’emploi industriel, les saignées sociales d’ArcelorMittal, de Michelin, de Valéo, de Vencorex et tant d’autres. Repris en chœur par l’armada des médias de ceux qui fuient du côté de Trump, E. Macron vante l’attractivité de la France qu’il vend à l’encan en abaissant les impôts sur le capital, en promulguant des lois facilitant les licenciements économiques, en pulvérisant l’assurance-chômage, en plafonnant les indemnités de licenciement. Le coût humain est faramineux. Le cumul de la diminution de l’impôt sur les sociétés et des impôts de production atteint 21 milliards d’euros. Largement de quoi revenir à la retraite à 60 ans.
Laisser-faire reviendrait à laisser accentuer une guerre sociale contre tous les travailleurs du monde, le dépeçage de nos atouts industriels, agricoles, scientifiques.
L’intérêt des travailleurs, par-delà leur patrie, est de rechercher les voies d’un nouveau projet politique et démocratique portant en son cœur l’appropriation sociale et citoyenne des grands moyens de production et d’échanges, et de conquérir le pouvoir sur la création monétaire. Seul le travail crée de la valeur. Seuls donc, dans un processus communiste, les travailleurs doivent en décider en prenant soin de l’ensemble du vivant, allié du travail dans la création de richesses ainsi que de la vivabilité et de la durabilité de notre planète.
Notre grand Jaurès avait prévenu : « À mesure que les hommes progressent et s’éclairent, la nécessité apparaît d’arracher chaque patrie aux classes et aux castes pour en faire vraiment par la souveraineté du travail la chose de tous ».
Patrick le Hyaric
19 mai 2025
2 commentaires
La cession de notre industrie et des entreprises à Trump est inacceptable !
Non au système capitaliste qui détruit nos emplois pour n’enrichir que les plus ri hes.
Je partage ton texte.
Seul le Communisme s’oppose réellement a cette destruction.
Merci. Amicalement. PLH