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La lutte contre les bouleversements climatiques est un projet politique en soi. Il appelle de tourner le dos au capitalisme mondialisé et financiarisé. On ne peut, en effet malheureusement, que constater conférence après conférence sur le climat, que les seuils d’alerte sont sans cesse dépassés.
Les espoirs nés de la signature de l’Accord de Paris, voilà maintenant sept ans, se sont largement évanouis dans les brouillards des pollutions et des maltraitances infligées aux êtres humains et à la planète.
Contenir la hausse des températures à 1,5°C d’ici 2100 apparaît désormais illusoire. Les experts prédisent que ce seuil fatidique serait atteint dès 2035, soit dans treize années. Déjà, les impacts des bouleversements sont là et ils sont colossaux, notamment dans les pays du Sud. Canicule record en Inde, plus de mille personnes mortes au Pakistan en septembre dernier, victimes d’inondations monstrueuses, sécheresse intense en Afrique de l’Ouest, Ouragan meurtrier aux États-Unis, inondations au Nigéria ; migrations amplifiées sous l’effet du manque d’eau et de nourriture. Ce mois d’octobre on aura relevé des températures dépassant 30°C dans les départements du sud de la France, après un été ou 40 000 personnes ont dû être évacuées de leur domicile à cause de gigantesques incendies particulièrement en Gironde. L’INSEE évalue à 11 000 le nombre de décès « vraisemblablement » liés à la canicule. Il y a donc urgence. Une urgence totale.
Dans un tel contexte, la réunion d’une nouvelle Conférence sur le climat en Égypte doit être utile et peser en faveur de décisions strictes pour fermer le chemin qui mène à l’abîme. Remarquons que dans ce moment de guerres et de tensions géopolitiques et militaires, de conflictualités croissantes entre grandes nations, une telle conférence réunissant tous les pays du monde est positive. Elle permet de maintenir des dialogues, de faire connaître des propositions et des actions coopératives possibles. Cela ne suffit évidemment pas.
Pas plus que ne peuvent suffire les injonctions permanentes adressées aux citoyens sur leur comportement. Cette propagande à sens unique fait croire que tout dépend de l’automobiliste qui se rend au travail, de la famille qui a du mal à se chauffer, du petit paysan qui n’en peut déjà plus.
Toutes ces prescriptions, même si elles ne sont pas totalement inutiles, visent surtout à masquer les responsabilités des États et des grandes multinationales, particulièrement celles qui s’engraissent avec les énergies carbonées.
Leurs profits sont partout au zénith. Or, tous les scientifiques convergent désormais pour montrer qu’il est impossible de contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C sans remettre en cause les énergies fossiles à l’origine de 90% des émissions mondiales de gaz carbonique.
Continuer à discuter sans cesse des symptômes, l’augmentation des gaz à effets de serre dans l’atmosphère sans traiter les causes c’est-à-dire le gaz, le pétrole et le charbon fait perdurer les bases du capitalisme mondial destructeur.
Ce sont les rapports du GIEC et de l’agence internationale de l’énergie qui préconisent un moratoire sur ces sources d’énergie et l’interdiction de l’exploitation de nouveaux gisements. Mais, au nom du profit, les États au service des multinationales et les fonds financiers continuent de développer la production et l’utilisation de ces ressources. Il est temps, pourtant, de pousser des systèmes productifs et de consommation à partir de nouvelles sources d’énergies. La préservation du climat appelle aussi le partage, la coopération entre États, entre les pays du Nord et ceux du Sud qui ne sont en rien responsable des actuels fléaux. Or, seulement quatorze pays ont soumis à l’ONU leur plan climat décidé à la précédente conférence.
On ne peut qu’être révolté. Ni la France ni l’Union européenne n’ont transmis de projet, pourtant indispensable, pour répondre aux objectifs définis par les scientifiques. Les cent milliards d’euros qui devaient abonder le fonds climat destiné à aider les pays pauvres ne sont toujours pas au rendez-vous.
Paradoxe ! Cent milliards, c’est exactement le fonds que débloque l’Allemagne en plus de l’augmentation de son budget militaire pour se réarmer.
Les combats pour le désarmement et la paix et ceux pour le vivant, le climat ont partie liée. La conférence qui s’ouvre devrait permettre, grâce aux actions populaires, d’ouvrir un processus mêlant initiatives pour la paix, actions pour le progrès social et écologique, développement des coopérations avec les pays du sud, conditionnement des flux financiers et des aides publiques à des avancées sociales et environnementales, arrêt des subventions aux énergies fossiles.
Le gouvernement français à le devoir de relancer les transports publics, de construire un vaste plan de rénovation des logements, d’aider à une transformation agroécologique de la production agricole… Faire respecter l’accord de Paris ne peut s’accommoder de la compétition, de la concurrence, de la militarisation inhérente au capitalisme à son stade actuel de déploiement.
Cela appelle au contraire un monde commun, où le primat est l’être humain et son environnement, l’avenir de l’humanité.
On ne peut prétendre sauver la planète tout en opprimant ses habitants et en surexploitant la nature. Les défenseurs du capitalisme ont tout fait pour que les conférences climat ne prennent aucune décision contraignante contrecarrant leur système ou régulant simplement l’économie mondiale.
L’article 35 de la Convention-cadre des Nations Unies pour le changement climatique indique qu’elles ne peuvent prendre de décisions qui « soient des discriminations arbitraires ou injustifiables sur le plan du commerce international ou des entraves déguisées à ce commerce ».
Il est donc interdit de limiter les facteurs de la mondialisation capitaliste et encore moins de les transformer. Or, ce sont bien les traités de libre-échange, en faisant circuler de plus en plus de marchandises sur toute la planète, produites avec la surexploitation des travailleurs et des terres, des sous-sols, des océans, des forêts, de l’accaparement des eaux et de la pollution de l’air, qui alimentent l’infernale machine à réchauffer la planète.
Il faut sortir du schéma capitaliste qui réduit les terres, les forêts, les océans, la nourriture, le travail et de la création à des actifs économiques à rentabiliser au seul profit de la minorité dominante.
Les combats pour un nouveau sens du travail, rémunérateur et protecteur de l’environnement, ainsi que ceux pour la conquête de nouveaux pouvoirs des travailleurs créateurs de richesses, le juste partage des savoirs et des avoirs, sont les deux jambes d’un nouveau projet politique pour l’écologie et le travail. C’est un processus communiste au sens originel du terme.