Pour la civilisation, Gaza doit vivre

le 27 mai 2025

Que leur faut-il de plus ? Sur un plateau de télévision, le 16 mai dernier, le député israélien Zvi Sukkot déclare : « Tout le monde s’est habitué à ce que l’on puisse tuer des centaines de Gazaouis en une nuit-le monde entier s’en fiche ».Il ne s’agit ici, ni d’un constat attristé ni d’un appel à la raison. Il s’agit d’une carte blanche pour, insiste ce député, « continuer la guerre et triompher ».

Il fait ainsi le service après-vente de la stratégie du sinistre Netanyahou qui déroule le plan annoncé le 5 mai dernier visant le « contrôle total » de tout le territoire de la bande de Gaza et le déplacement, voire la déportation, des  deux millions quatre cent mille habitantes et habitants.

 « Nous sommes engagés dans des combats intenses et de grande ampleur à Gaza et nous progressons » confirme Netanyahou quelques jours plus tard, promettant « d’agir de manière à ce que personne ne puisse arrêter son armée ».

Une détermination meurtrière confirmée par son ministre des Finances, Smotrich annonçant qu’Israël « détruisait tout ce qu’il reste de la bande de Gaza »

De fait, qui regarde quelques instants une carte de l’enclave palestinienne, s’aperçoit que la couleur sombre attestant du degré d’annexion envahit la quasi-totalité de l’espace. Que faut-il alors pour arrêter le bras des bouchers ?

Que faut-il de plus aux dirigeants occidentaux, moulinant leurs éléments de langage sur la démocratie, le droit international et la litanie des mots vidés de sens et de chair, chargés de couvrir de leur fumeux discours ce que la justice internationale qualifie de « risque de génocide ».

Face à un tel « risque » Il est odieux que le président de la République française s’en remette aux historiens. Son rôle est d’agir pour l’empêcher. Laisser-faire, c’est être complice d’une sanglante guerre d’éradication.

Que faut-il de plus que ce cauchemar permanent, ses cycles infernaux de déluge de bombes occidentales sur des populations démunies, affamées, sans eau potable, sans soins et hygiènes possibles, privées de systèmes d’égouts, exilées plusieurs fois, vivant au milieu de leurs maisons réduites en collines de béton brisé, de terres, de détritus et de déchets ? Que faut-il de plus que ce blocus qui pousse inexorablement vers la mort des milliers d’enfants affaiblis par la tenaillante faim ?

Que faut-il de plus pour faire arrêter les criminels qui dorment dans des lits douillets au cœur de leurs villas à Tel-Aviv ou dans les territoires volés aux Palestiniens en Cisjordanie ?

Que faut-il de plus ? Aucun dirigeant occidental ne respecte la décision de la cour pénale internationale qui a lancé un mandat d’arrêt à l’encontre de Netanyahou déjà poursuivi dans son propre pays pour corruption. Ont-ils à l’esprit que leur propre conscience se meurt sur l’autel de ces crimes et massacres ?

Aucun autre bruit ne pourra les couvrir !

Que faut-il de plus à ces dirigeants européens bombant le torse devant leurs feuilles de papier à en-tête de « nos valeurs » ? C’est le moment de les respecter. C’est le moment de dire que « nos valeurs » sont bien la démocratie et le respect du droit international et des droits humains. Il en va de leur crédibilité.

En conséquence du respect de l’article 2 du traité d’association entre l’Union européenne et  Israël qui suppose le « respect des droits humains et des principes démocratiques », décision doit être prise de suspendre sine die toute coopération avec l’État d’Israël.

C’est possible, facilement, puisque cet accord a officiellement expiré en janvier dernier.

On peut donc immédiatement cesser de l’appliquer et de décider de ne le renouveler qu’à l’issue d’un processus de paix, de reconnaissance de l’intégrité territoriale de la Palestine, et du respect de l’engagement d’un État pour le peuple palestinien. C’était d’ailleurs la motivation première de cet accord d’association, à la suite du processus dit d’Oslo.

Dix-sept pays viennent enfin de réclamer un « réexamen » de cet accord. Un pas important vient donc d’être fait sous la pression du mouvement pour la justice et la paix dans lequel la jeunesse est à la pointe ainsi que des organisations de solidarité et des agences de l’ONU.

Seulement, on ne peut attendre d’interminables procédures qui font gagner du temps aux bourreaux israéliens qui se soucient peu des otages de leur pays détenu par les forces du Hamas.

D’autre part, cet accord de libre-échange qui permet à Israël de disposer du statut le plus favorable pour un pays non-membre de l’Union européenne a été complété par d’autres accords de coopération dans les secteurs des télécommunications, de la recherche et des technologies. Associée au programme Galileo (géolocalisation) à Erasmus (échanges d’étudiants), Israël a exporté pour une valeur d’environ 17 milliards d’euros de marchandises, de machines, de produits chimiques et pharmaceutiques, de systèmes d’exploitation informatiques vers l’Europe.

Il faut immédiatement dénoncer aussi ces traités.

Avec le programme « Horizons – Europe », qui permet le financement de la recherche-innovation, Israël semble avoir développé de nouveaux drones en violation de la réglementation européenne qui interdit de tel financement pour des technologies de guerre. Qu’attendent donc les dirigeants européens si prompts à prodiguer au monde entier des leçons sur « leurs valeurs » ?

En fait, ils respectent peu de valeur. En ont-ils, vraiment ? Ils défendent d’abord des intérêts. Ceux des multinationales. La présidente de la Commission européenne avait déjà négocié des contrats de gaz fin 2023. Or, le gisement de gaz en question se situe au large des côtes de Gaza et n’appartient jusqu’à nouvel ordre ni à l’État Israélien, ni aux majors du pétrole israéliennes ou américains. L’aristocratique présidente de la Commission n’a toujours pas eu un mot pour condamner les agissements du pouvoir d’extrême droite de Tel-Aviv. Elle n’a même pas critiqué la décision d’interdiction de distribution de nourriture et de l’aide humanitaire.

Voilà où sombrent les dites « valeurs ». Aux peuples donc de continuer à pousser, à porter haut la cause palestinienne et du droit international.

L’Irlande et l’Espagne ont annoncé suspendre toute exportation de matériel militaire et de munitions vers Israël. Qu’attend le gouvernement français pour faire de même ? Il peut et doit suspendre tous les accords bilatéraux entre notre pays et un gouvernement qui sera poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et présomption de génocide.

Gaza est devenu un multi-laboratoire. Il s’y teste non seulement l’acceptation des pouvoirs euro-atlantique d’une extrême droite poussée à ses paroxysmes, mais son alliance pour la déshumanisation, les tentatives de destruction des agences de l’ONU, le naufrage du droit international, la privatisation de forces de sécurité militaire et de l’aide internationale, la violation de la souveraineté territoriale et des frontières ainsi que l’accaparement des espaces. Bref, le laboratoire d’un monde d’atrocité, de brutalité contre la civilisation. Contre ce monde, il faut se lever de mille manières possibles !

  L’action populaire, depuis les centres de recherche, les universités, dans les ports devra désormais poser en grand ces nécessités en lien avec l’ensemble du mouvement en cours pour mettre fin à tous les accords bilatéraux sécuritaires, militaires et commerciaux. Il est urgent de faire cesser ces complicités qui servent l’éradication d’un peuple.

Que faut-il de plus aux gouvernants occidentaux tout autant dénués d’empathie, d’humanisme que d’éthique, perdant leur honneur et le peu de crédit qui leur restait dans le tombeau de Gaza ?

Jusqu’à quel point peuvent-ils, sans honte, accepter ces flots de sang qui coulent sur les terres de Gaza, ces assassinats et ces crimes, l’organisation de la famine et la destruction des systèmes de santé ? Chaque jour, ils se vantent de décider des sanctions contre la Russie, mais ils font silence sur leur impunité vis-à-vis d’un pouvoir tout aussi belliciste et criminel. Au nom de quoi et avec quelles armes Israël mène des guerres tous azimuts en Palestine, au Liban, au Yémen et en Syrie désormais ?

L’Occident capitaliste doit cesser de confier au pouvoir de Tel-Aviv ce rôle d’homme de main de leurs velléités de domination. Le grand capital occidental qui cherche à élargir son espace de conquêtes sur les énergies fossiles, l’eau, la pharmacie et l’industrie militaire pousse à la construction du « grand Moyen-Orient » au sein duquel le « Grand Israël » jouerait un rôle prépondérant. Preuve est ainsi faite que le capital international n’a aucun scrupule à faire exécuter le travail par un pouvoir d’extrême droite qui, pour parvenir à ses fins, exploitera toujours plus les travailleurs israéliens de toute catégorie. Les travailleuses et travailleurs des pays occidentaux n’ont strictement aucun intérêt à ces projets qui font d’eux les fantassins d’une guerre économique sans merci. Ils ont besoin eux aussi de la paix et de la justice. Ensemble avec les travailleurs israéliens et palestiniens, ils ont besoin de conquérir le pouvoir sur leur travail, les productions et les institutions. Leur souveraineté ne peut être complète si l’un des peuples, le peuple palestinien, ne peut pas choisir la manière dont il veut vivre aux côtés des Israéliens. S’il ne lui est pas ouvert la possibilité de construire son État à partir des frontières définies en 1967 et de mettre en place ses institutions. Cela va de pair avec les moyens pour garantir la sécurité à Israël et à la Palestine.

Il faut écouter et entendre le cri d’alerte de l’ancien ministre de la Défense Israélien Moshé Yaalon : « Le massacre des Palestiniens par Israël relève d’une idéologie messianique, nationaliste et fasciste ». Voilà qui est aussi sévère que clair. Qui traitera cet ancien général d’antisémite ?

Nous sommes à un tournant redoutable. L’action populaire doit se diriger vers le président de République et les institutions européennes afin qu’ils agissent réellement. Se joue à Gaza et dans toute La Palestine occupée une manière de voir et de construire le monde : Soit celui de la barbarie et de la négation du droit international. Soit celui de l’humanité, d’un monde commun d’égalité à bâtir ensemble dans le respect des souverainetés, des histoires, de la géographie, des valeurs universelles. Gaza nous concerne donc toutes et tous par-delà nos opinions. Faire vivre Gaza et La Palestine au côté  d’Israël engage notre humanité et son devenir !

Patrick Le Hyaric

26 mai 2025


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