Pour des solutions de gauche à la crise

le 18 avril 2013

La violence des décisions imposées au peuple chypriote, suivie des révélations de l’affaire Cahuzac, qui elle-même doit être mise en relation avec les soupçons de corruption en Espagne, en Grèce, en Italie, agissent comme le vent soufflant sur les braises de l’insupportable. En apparence, ces événements ne révèlent pas tout, pourtant, ils travaillent en profondeur les consciences. Les citoyens ordinaires ne peuvent supporter encore longtemps le pompage permanent des fruits de leur travail et de leur retraite, la destruction de leur droit à une vie décente, alors qu’il se révèle de plus en plus que d’énormes sommes d’argent sont accaparées par quelques uns, élite protégée de tout, quand eux-mêmes sont menacés de tout. Voici qu’éclate peu à peu au grand jour, cette donnée nouvelle et essentielle : la crise profite à la finance. Depuis des années et surtout depuis cinq  ans, les élites des milieux d’affaires, des institutions étatiques et des médias dominants demandent aux populations de rembourser des dettes qu’elles n’ont jamais créées. Et plus elles ont consenti de sacrifices, plus la dette s’est creusée. Maintenant, le gouvernement doit admettre qu’il n’atteindra pas les objectifs fixés par le traité européen. En conséquence de quoi, il impose de nouvelles mesures d’austérité. Or, les sommes déposées dans les paradis fiscaux par de richissimes français correspondent exactement à l’augmentation de la dette, creusée par le gouvernement Sarkozy, soit 600 milliards d’euros. Mais la totalité des sommes blanchies dans les paradis fiscaux à travers le monde équivaut aux deux tiers des dettes publiques mondiales, soit 30 000 milliards d’euros. Il existe une grande différence avec la crise de 1929. A cette époque, les très riches ont perdu beaucoup d’argent. Cette fois, le grand capital industriel et financier s’enrichit de sa propre crise.

Le système de collusion désormais établi entre l’élite étatique et les tenants du capital a fait que ce sont les Etats, c’est-à-dire les peuples contribuables qui ont couvert les pertes des banques et de certains secteurs industriels. L’institut de la statistique nous enseigne que, depuis l’année 2007, la concentration des richesses entre quelques mains s’est accélérée en France. C’est aussi le cas en Allemagne, dans toute l’Union européenne et aux Etats-Unis. De Bayrou à Cahuzac ou JF Copé, de FO Giesbert à C Barbier ou L. Joffrin et N. Beytout, ils courent les micros, serinant depuis des années qu’il faut que le monde du travail et de la culture se serre la ceinture. Leurs mensonges participent de l’immoralité de la vie publique. Forts de ce qui ressemble à de l’impunité, ils vont jusqu’à prétendre qu’en flexibilisant le travail comme le prévoit la loi dite « ANI », on le sécurise et  que les cadeaux de 20 milliards d’euros du pacte dit de « compétitivité » permettront de créer des emplois. En d’autres temps, personne n’aurait cru de telles sornettes !

Viendra l’heure où les salariés, les chômeurs, les retraités, les jeunes n’accepteront pas d’un gouvernement socialiste et écologiste l’actuelle politique qui fait  la part belle au grand patronat, aux secteurs financiers, aux fraudeurs et aux spéculateurs. Elu pour rompre avec les choix précédents, dès lors que les résultats ne sont pas au rendez-vous, nul ne s’étonnera de voir ses propres électeurs se détourner de lui comme on l’a vu dans l’élection partielle de Beauvais ou lors du référendum en Alsace. Nos concitoyens n’ont pas seulement besoin d’un choc de moralisation de la vie publique, aussi utile puisse-t-il être, mais d’un choc de rupture. A gauche, des fractions très importantes d’électrices et d’électeurs qui étaient mobilisés il y a un an pour le changement en sont partisanes. Ce débat prend une telle ampleur que des ministres socialistes et écologistes ont publiquement dit dans les formes qui sied à leur fonction, leur désaccord avec les choix de l’austérité. La question est désormais publiquement posée d’un autre gouvernement pour un nouveau contrat politique de gauche. Elle est d’autant plus saine  que les choix actuels nourrissent une droite très mobilisée se retrouvant, encore plus qu’hier, avec des fractions de l’extrême-droite, sous couvert d’actions contre le mariage pour tous, parfois avec des relents factieux.

Sans solutions de gauche, il n’y aura pas de sortie de la crise. Cette conviction peut rapidement gagner du terrain et mettre à l’ordre du jour la nécessité d’actes face à la toute puissance de la finance qui impose l’austérité. D’actes qui renouent avec le discours qu’a prononcé F. Hollande au Bourget en janvier 2012. Les mobilisations syndicales du 1er mai peuvent contribuer à l’élargissement, à l’unité et à la détermination d’un mouvement populaire appelé à grandir. Il y en a besoin pour que la gauche s’unisse au Sénat afin de refuser la loi sur la flexibilité du travail conçue par le Medef, dans le droit fil des 75 députés qui l’ont fait à l’Assemblée nationale. Ils ont montré qu’il n’y a pas de majorité de gauche pour voter au Sénat un texte qui ne figurait pas  dans le programme de F Hollande. De même, après le référendum en Alsace, l’acte trois de la décentralisation doit être ajourné. Mettre en chantier le grand projet de refondation sociale et démocratique de la République, dans la lignée de Jean Jaurès, signifierait qu’a été  prise la mesure de l’ampleur du fossé qui désormais sépare nos concitoyens de l’activité politique et des institutions, avec l’ambition de le combler au plus vite. Telle est l’ambition de la marche citoyenne du 5 mai contre l’austérité et pour une nouvelle République. Elle se veut résolument ouverte et unitaire, destinée à accueillir toutes celles et ceux, partis, organisations, associations, individus qui, il y a un an, ont voulu le changement et qui ne se résolvent ni aux évolutions actuelles, ni aux diktats européens, ni au retour de la droite extrême et de l’extrême-droite. Bref, toutes celles et ceux qui cherchent à peser utilement sur le cours des choses jusqu’à créer les conditions d’un nouveau pacte politique pour le pays, mis en œuvre par un nouveau gouvernement issu des majorités parlementaires de gauche et écologiste. Ce choc là nous semble de nature à créer l’espoir et la confiance dont notre pays a besoin pour se redresser.

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1 commentaire


CARPENTIER MONIQUE 19 avril 2013 à 10 h 02 min

Oui nous devons venir en masse le 5 mai pour cette marche citoyenne.
Oui une VI ème république est plus que nécessaire et de ce fait il est important que des moyens pédagogiques et d’informations auprès de la population soient mis en oeuvre car je crains qu’une grande partie de la population se méfie d’un changement celle-là même qui n’a pas oublié cette phrase historique “le changement c’est maintenant” Notre devoir est donc d’informer, de tracter, de faire du porte à porte, de s’investir auprès de la population qui baisse les bras et ne croit plus en rien. N’oublions pas cette phrase que l’on entend à tout bout de champ “tous pourris”. Il y a du “boulot” car beaucoup sont ancrés dans ces convictions.
Le PS est divisé, le PS orienté à gauche et le PS orienté à droite, il est sûr que le gouvernement applique pratiquement la même politique que la droite, essayons de toucher ces personnes plus centrées à gauche et qui ne sont pas d’accord avec les décisions prises par le gouvernement en place. Comme dit plus haut : beaucoup de travail pour convaincre que le PS n’est pas un parti de gauche comme on l’entend dire dans les infos, les médias etc… et démontrer que la vraie gauche lutte contre tous ces financiers, spéculateurs pourris qui empoisonnent la vie des salariés et les enfoncent un peu plus chaque jour dans les difficultés financières !

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